Société

Débats : En route vers l’accord de libre-échange

Dans un article du «The Washington Times» du 22 janvier 2003, intitulé «Le Maroc en discussion avec les Etats-Unis sur un accord de libre-échange» (par Jeffrey Sparshott), le secrétaire du Commerce des Etats-Unis a expliqué que : «l’Administration Bush essaie de souligner son soutien aux pays musulmans tolérants, en négociant un accord de libre-échange avec le Maroc.». Cet accord, a ajouté Robert Zoellick, lors de la conférence de presse, entre les Etats-Unis et le Maroc «enverra un puissant signal au reste du monde musulman que le président Bush s’est engagé à soutenir le développement des sociétés ouvertes et prospères dans toutes les régions du monde.»
Les deux parties espèrent conclure des négociations cette année, annonce Jeffrey Sparshott.
L’accord serait, pour les Etats-Unis, le second avec un pays arabo-musulman, après la Jordanie, signé en 2001. Le journaliste ajoute : «Robert Zoellick a souligné l’accord avec le Maroc représente les efforts des pays à mettre en place une réforme économique, comme son appui aux Etats-Unis (…) après le 11 septembre. Pour M. Fassi Fihri, l’accord indiquerait que la coopération entre un pays arabo- musulman et les Etats –Unis est possible.
The Washington Times rappelle : « le Maroc est légèrement plus grand que la Californie. Sa population est d’environ 31 millions d’habitants. Actuellement, le Royaume vit au rythme de réformes politiques progressives dans le cadre de sa monarchie constitutionnelle dans les années 90. Une assemblée démocratiquement élue a été mise en place dès 1997, bien que le Roi soit l’autorité politique suprême. En conclusion, selon le journal américain, R.Zoellick a expliqué que : «l’accord commercial avec le Maroc soutiendra et accélérera son intégration à l’économie mondiale moderne.»
D’autre part, le bureau du représentant du commerce a publié, le 21 janvier dernier, un communiqué, qu’il est intéressant de citer largement : «Le secrétaire du Commerce Robert B.Zoellick pour les Etats-Unis et le ministre délégué des Affaires étrangères et de la Coopération Fassi Fihri pour le Maroc, ont officiellement annoncé le lancement des négociations sur un accord de libre-échange entre les deux pays. L’accord a pour objectif d’éliminer les contingences tarifaires et autres entraves aux échanges de marchandises, de biens agricoles, de services, et celles pesant sur l’investissement entre les Etats-Unis et le Maroc.
«Un accord de libre-échange avec le Maroc augmentera nos relations économiques déjà intenses et nous associera dans la politique menée au Moyen-Orient», a déclaré Zoellick.
«Le premier round des négociations a commencé mardi 21 janvier, à Washington D.C. D’autres suivront en alternance entre le Maroc et les Etats-Unis. Les dernières négociations seront conclues vers la fin de 2003. S’inscrivant dans le cadre de la diplomatie régionale américaine, Robert Zoellick n’a pas manqué de rappeler que cet accord est un «engagement du président Bush au libre-échange, lequel soutient le développement des sociétés tolérantes, ouvertes et prospères.»
Le Maroc est considéré comme un marché naissant au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient qui importe 11 milliards de dollars de valeur par an, dont 475 millions de dollars – en moyenne – pour les seuls Etats-Unis. Ces importations se composent principalement de matériel aéronautique, de machines, et pour l’agriculture du maïs. D’un autre côté, on assiste depuis peu à une augmentation sensible des exportations de tissus et de produits pharmaceutiques.
Pour mémoire, les produits «made in USA» entrant au Maroc sont chargés d’une taxe dont le montant, en moyenne, est d’un peu plus de 20% alors que les produits marocains entrant aux Etats-Unis sont sujets à un tarif moyen de 4%.
Le négociateur Robert Zoellick a également rappelé que «le gouvernement démocratiquement élu s’est lancé dans un programme économique complet de réforme visant la réduction de l’inflation, le développement du secteur du tourisme. Ce programme comporte, en outre, un ambitieux plan libéralisant et privatisant des secteurs ainsi sensibles que celui des télécommunications.» il va sans dire que pour les Etats-Unis, l’ALE en cours de négociation assurerait au Maroc,une concurrence améliorée et une libéralisation du commerce propre à garantir le succès de ces réformes.
D’autant que «le gouvernement du Maroc a également lancé une initiative pour améliorer des procédures d’investissement et pour éliminer des barrières à l’investissement étranger. »
L’objectif des Etats-Unis est d’éliminer des tarifs sur le commerce entre le Maroc et les Etats-Unis sur la base la plus large possible,d’améliorer la protection des droits de propriété intellectuelle, et de lever des barrières sur les marchés des services du Maroc. Les Etats-Unis vont à court terme réévaluer leur programme d’aide au développement au Maroc pour le lier plus étroitement avec l’ALE à venir. Derrière cette proposition, c’est tout un système d’assistances techniques notamment dirigées vers le secteur agricole, secteur considéré comme critique, qui sera mis en place.»
Outre ce communiqué officiel américain, il est également important de souligner la position du Maroc à partir des déclarations de M.Fassi Fihri et des réflexions de certains délégués marocains : Selon M.Fassi Fihri, le deuxième round des négociations est prévu le 24 mars prochain à Rabat. Y sera examinée l’ossature de l’accord pour la mise en place de l’ALE. Entre temps «avant d’entamer les négociations sur certains points», 13 commissions sectorielles se réuniront tout au long du mois de février. M.Fihri a souligné lors d’un entretien avec un quotidien arabe londonien la volonté américaine «de prendre en considération les données économiques et sociales du Maroc concernant certains secteurs, notamment agricoles », mettant l’accent sur les difficultés de ce secteur du fait de sa dépendance des précipitations pluviales. Le ministre délégué a, cependant, reconnu que le Maroc est conscient de la nécessité d’élaborer une stratégie pour le secteur agricole répondant aux impératifs de la mondialisation : «le premier round des négociations, a-t-il dit, a permis à chaque partie de présenter son point de vue sur le projet de l’accord de libre-échange, le cadre juridique et les données relatives aux secteurs concernés par cet accord, qu’il s’agisse du secteur agricole, industriel ou des services». Sur les points de différences entre l’accord d’association Maroc-Union Européenne et l’accord de libre-échange qu’il compte signer avec les Etats-Unis, le ministre délégué a qualifié le premier accord de «global et diversifié». Il a rappelé qu’il concernait plusieurs volets : «le dialogue politique, la coopération économique et financière et le social dont les questions de l’immigration, ainsi que le volet commercial consistant dans l’instauration d’une zone de libre-échange. L’accord avec les Etats-Unis, a-t-il précisé, revêt, quant à lui un caractère commercial et économique ». D’autant, faut-il le rappeler, qu’économiquement, le Maroc est étroitement attaché à l’Union Européenne, le principal débouché pour ses exportations. La France en absorbe à elle seule un quart tandis que moins de 5% convergent vers les Etats-Unis.
Un fonctionnaire américain du commerce, de son côté, a souligné que l’économie marocaine est encore fortement centrée sur la production agricole-environ 20% de l’économie et 40%de l’emploi du pays. Ce secteur est susceptible d’être un des plus sensibles au cours des négociations USA-Maroc. Le fonctionnaire américain prévoit, donc, que les produits américains, comme les céréales fourragères, le blé, les produits et les services pour l’énérgie, le tourisme et les industries de l’environnement seraient les premiers bénéficiaires de l’ALE.

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