Société

Démission collective au CHU de Marrakech

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Ce n’était pas une décision, mais une fatalité. Le son de cloche est le même pour l’ensemble des professeurs et médecins du Centre hospitalier universitaire Mohammed VI de Marrakech. Ils ont tous démissionné, il y a plus d’une semaine déjà, de leur fonction de chefs de service. Pour eux, il n’y avait pas d’autre alternative pour protester contre des conditions de travail en chute libre. «Notre démission émane d’une décision sage. Nous ne pouvions plus assurer notre fonction au niveau de l’administration. C’est un cumul de problèmes qui s’est transformé, au fil du temps, en une maladie chronique !», déclare le secrétaire général du bureau local du syndicat national de l’enseignement supérieur (SNEsup), le Pr. Abdelmounaïm Aboussad. Depuis mardi dernier, les 23 professeurs exerçant au sein de ce CHU n’assument plus leur travail de «chefferie» et se retirent de toutes les instances de l’hôpital, en application à la décision de l’assemblée générale du SNEsup datant du 13 février. Ceci dit, ces démissionnaires restent fonctionnaires de cet établissement où ils continuent à remplir leur tâche en matière de consultation et d’enseignement. «Plus de papier à signer ni de coordination à assurer dans les services. Nous avons coupé le pont avec l’administration et tant que cette dernière ne donne pas suite à nos revendications, rien ne changera notre position», explique le vice-président du SNEsup, le Pr. Benasser Finech.
A bout de nerfs, ces enseignants et médecins reprochent à l’administration un laisser-aller qui a fini par créer une tension au sein du CHU. La goutte qui a fait déborder le vase date d’il y a un peu plus d’un mois : «A la mi-janvier dernier, à la réanimation, une femme, qui était agent de service dans ce CHU, venait de décéder. Le chef de service devait, comme le stipule le règlement, transférer le cadavre à la morgue. Or, une foule d’infirmiers a bloqué le service voulant interdire à ce médecin responsable de suivre la procédure. Les infirmiers insistaient à ce que le cadavre soit transporté immédiatement chez sa famille. Ils ont même insulté le chef de service et cela a déclenché un sérieux conflit», raconte le vice-président du SNESup. La crise qui couvait en silence, il y a quelque temps, a fait subitement surface. Et elle n’a pas cessé de prendre des dimensions de plus en plus importantes. Car, selon ce syndicat, l’affrontement entre les personnels médical et paramédical est devenu un enfer quotidien.
Une guerre de communiqués s’en est suivie comme s’il s’agissait pour les deux parties de règlements de comptes. «On portait des accusations très graves contre les médecins et enseignants et cela ne pouvait plus durer», souligne encore ce responsable. Le SNESup a saisi l’administration pour trancher dans cette affaire. Mais, sa doléance est restée sans écho : «Nous voulons que l’administration mène une enquête interne, dont les résultats doivent être rendus publics, et à ce qu’on présente des excuses écrites aux enseignants et médecins qui ont été victimes de fausses accusations», précise le Pr. Finech. Dans son communiqué, le SNESup précise que l’administration doit remettre les pendules à l’heure : faire appliquer le règlement interne tel qu’il a été établi pour les CHU en 2004. «Nous n’avons jamais rompu le dialogue avec la direction du CHU, mais celle-ci se dit être dans l’incapacité de changer quoi que ce soit de peur de bloquer le système», assure le Pr. Aboussad. Face à l’accusation de passivité, le directeur du CHU, Pr. Omar Essadki, déclare à ALM que «toute procédure au sein de l’administration exige la présence d’une argumentation suffisante». Et de préciser que «pour ce qui est des moyens, le budget du CHU ne peut pas répondre à l’ensemble des besoins».
Chaque partie campe donc sur ses positions et cela risque de faire perdurer la crise.

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