Société

Des métiers et des gens : Amina Khalil : que cent fleurs s’épanouissent

© D.R

Vendre des fleurs se mérite, Amina Khalil en est la preuve. À 34 ans, après dix années d’un parcours professionnel intense, Amina vient de s’installer comme fleuriste à Casablanca, au cœur du quartier Gauthier. Parmi ses clients, rares sont ceux qui savent qu’elle a beaucoup étudié pour en arriver là. Elle est phytiatre, médecin des plantes. Elle sait les faire pousser et les soigner contre tout ce qui pourrait les faire souffrir. Ses ennemis mortels s’appellent les nématodes, les acariens, les pucerons, les champignons… Elle explique, avec simplicité : «Dès qu’on voit la plante, on sait…»
Son Bac en poche, la grande question se pose pour elle: quelles études poursuivre mais surtout où ? «J’avais le choix, se souvient Amina : j’avais une inscription en Faculté de chimie en France, une autre en Faculté de médecine en Tunisie, mais je ne me sentais pas prête à quitter mes parents et mon pays. Un soir, un collègue de mon père était venu dîner à la maison et à la question de mon orientation, avait proposé l’école nationale d’agriculture de Meknès. Ce à quoi mes parents avaient répondu que j’en serais incapable, que les métiers de la terre n’étaient pas faits pour les femmes et encore moins pour moi,  irrémédiablement habituée à un confort douillet. C’est alors que j’avais décidé de relever le défi. J’ai accompli ma formation et j’ai quitté l’école quasiment en tête de ma promotion. Ce qui m’a valu, de la part du directeur, une solide recommandation».
Son premier job : une exploitation horticole, la production de fleurs coupées, 24 hectares dans la région d’Azemmour. De 1994 à 1998, elle va mener son monde de main de maître : mettre en pratique ses connaissances théoriques et relever le défi de la performance à l’export. Elle réussit à faire passer le pourcentage de fleurs admises à l’export de 75 à 98%.
Mais au bout de quatre ans, elle a le sentiment d’avoir fait le tour de la question : «Quand la routine s’installe, moi je m’en vais !»
Toujours précédée de recommandations élogieuses, elle entre en contact avec une célèbre enseigne de fleurs et de semences sélectionnées qui dispose, au Maroc, d’un réseau d’agences régionales. Elle est pressentie pour diriger l’agence de Fès, mais lorsqu’ils la rencontrent, ses futurs patrons estiment qu’elle ferait bien mieux l’affaire dans l’usine de Casablanca, en charge de l’activité de sélection et de conditionnement de semences. Dans la foulée, on lui confie également la supervision du réseau commercial régional. Très vite, elle s’impose à ce poste. Elle est étroitement associée à la gestion de l’usine. Elle finit de perfectionner son savoir-faire commercial. Cela durera trois ans. Encore une fois, elle commence à s’ennuyer : la routine a fini par s’installer, elle décide à nouveau de s’en aller.
En fait, elle poursuit méthodiquement sa formation de terrain. Son troisième job la transportera dans l’univers des pépinières. Elle est engagée par l’une des plus grandes du pays. Ce qui lui permet de travailler à un niveau très élevé d’exigence, de proposer des produits de très haute qualité et surtout de “se roder“ à une nouvelle dimension de son métier. Elle fait l’expérience des chantiers paysagistes, pour le compte de collectivités locales, d’entreprises ou de particuliers. Elle apprend à travailler en complémentarité avec  les dessinateurs : elle est l’œil et eux la main. Elle s’exerce à la conception d’espaces verts, qu’ils soient fleuris ou boisés.
Bref, elle ne cesse de se perfectionner. C’est ainsi qu’Amina s’est sentie un jour prête à voler de ses propres ailes. Et qu’en attendant de créer la pépinière de ses rêves, il lui restait à se confronter à la dernière étape de son parcours d’apprentissage : une boutique de fleuriste. Plus précisément un atelier de compositions florales et d’aménagement d’espaces verts. Aux côtés de son assistant, fleuriste chevronné auquel elle tient à rendre hommage, elle s’est donc lancée, il y a deux mois à la conquête de Casablanca. Pour l’amour des fleurs et du bonheur des gens.

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