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«Des scenarii seront soumis prochainement au CA»

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Entretien avec Said Ahmidouch, DG de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)

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Si tous les salariés qui cotisent tous les mois à un régime n’ont pas leur mot à dire au sein des instances de délibération, c’est qu’il y a quelque chose qui n’est pas orthodoxe. Bien évidemment lorsqu’une seule partie se substitue aux autres, c’est plus facile mais je ne sais pas si c’est plus orthodoxe.

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ALM : A combien s’élèvent les réserves de la CNSS ?

Said Ahmidouch  : Pour la partie retraite – puisque la CNSS a d’autres métiers, ce qui en fait peut-être sa particularité – nos réserves sont de l’ordre de 50 MMDH aujourd’hui.

Comment se porte le régime de retraite au sein de la CNSS qui est réservé aux salariés du secteur privé?

Il faut rappeler d’abord l’effort consenti aujourd’hui par les Marocains concernant leur retraite. A l’étranger, les cotisations représentent grosso modo 10% du PIB (produit intérieur brut) pour servir les régime de retraite. Au Maroc, avec  la totalité des cotisations aujourd’hui reçues par les caisses, nous serons aux alentours de 45 MMDH, soit moins de 4% du PIB. Mais il existe un autre constat dans notre pays puisqu’une seule moitié est concernée par les régimes de retraite. L’autre moitié n’adhère aujourd’hui à aucun régime de retraite. Nous sommes ainsi face à un problème à deux facettes. La première concerne ceux qui cotisent et l’autre est relative à ceux qui n’adhèrent à aucun régime.

Quelle est la situation actuelle du régime?

Concernant la situation actuelle de la CNSS, je rappelle qu’il s’agit d’un régime obligatoire de par la loi, créé au lendemain de l’indépendance avec une gouvernance assez particulière. Certes, la CNSS est un établissement public, mais son conseil d’administration qui est l’instance de délibération n’est pas dominé par le gouvernement qui n’a droit qu’à un tiers des sièges. Les deux autres tiers sont répartis à égalité entre les employeurs (CGEM et Chambres professionnelles) et les centrales syndicales. Il n’y a donc pas d’actionnaire majoritaire qui dicte sa vision. La CNSS capte dans ses radars 3,3 millions d’assurés actifs. En termes de prestations payées, nous avons 540.000 pensions servies. Nous en sommes donc à plus de 6 actifs cotisants pour un retraité. C’est un rapport qui était plus élevé dans le passé mais il aura tendance à baisser de façon mécanique pour des raisons démographiques qu’on peut parfaitement prévoir, à savoir l’allongement de l’espérance de vie qui augmente et qui influe sur le «stock» des retraités mais également la natalité qui a baissé de façon drastique durant les deux dernières décennies.

Est-ce que le processus de prise de décision est si difficile pour les caisses contrôlées par l’Etat ?

Ce n’est pas tout à fait correct que de laisser penser qu’il y a une incapacité à prendre des décisions dans le secteur public. Car le fait d’exclure des composantes importantes de la gouvernance n’est pas un signe de bonne gouvernance. Si tous les salariés qui cotisent tous les mois à un régime n’ont pas leur mot à dire au sein des instances de délibération, c’est qu’il y a quelque chose qui n’est pas orthodoxe. Bien évidemment lorsqu’une seule partie se substitue aux autres, c’est plus facile mais je ne sais pas si c’est plus orthodoxe. Il est important de mon point de vue que les tiers concernés soient associés aux processus et pas que symboliquement. Bien évidemment, le débat deviendra plus difficile mais il sera plus sain. Prenons l’exemple de la CNSS. Certes, le débat est compliqué, mais cela ne veut pas dire pour autant que la Caisse n’a pas avancé.

Quelles sont les décisions qui ont été déjà prises et celles programmées?

Il ne faut pas oublier non plus qu’après la mise en place de la commission nationale de réforme des retraites en 2003, certaines décisions qui auraient pu être prises ont été ajournées. Je tiens à préciser en outre que les modifications qui ont été apportées par la CMR concernant le salaire de référence pour le calcul des pensions (ndlr : en 2016) ont été introduites par la CNSS déjà en 2004 pour passer d’une base de calcul des pensions de 36 mois à une autre de 96 mois, c’est-à-dire les huit dernières années d’activités. C’est l’exemple de décisions prises par le conseil d’administration avec tous les composantes avant d’être mises en œuvre sans contestation aucune.

La CNSS aurait pu également avancer sur un certain nombre de points mais du fait du travail piloté dans le cadre de la commission nationale de réforme, certaines choses ont été ajournées pour les inclure dans le cadre d’un package global. Cela dit, nous avons continué à travailler avec les actuaires de la CNSS ainsi qu’un cabinet international sur des mesures qui seront prochainement soumises au conseil d’administration. Nous espérons donc que dès 2019, l’un des scenarii soumis à l’étude sera retenu avec l’accord de tous les membres du conseil d’administration qui sont les représentants du patronat et des syndicats ainsi que ceux du gouvernement.

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