Après la viande de cheval, la France fait face à un nouveau scandale dans le secteur agroalimentaire. Une enquête réalisée par le magazine 60 millions de consommateurs et la fondation France Libertés a révélé la présence de molécules chimiques dans plusieurs eaux minérales. L’étude est formelle: sur cinquante eaux en bouteille testées – minérales ou de source – dix contiennent des traces de médicaments ou de pesticides. Ces dix marques de grande consommation ne sont autres que Vittel, Volvic, Hepar, Mont Roucous, Saint-Amand, Carrefour Discount, Cora, Cristaline, Salvetat et Saint-Yorre. Les auteurs de l’étude ont été surpris sur un des résultats. Leur étude a, en effet, montré que 10% des eaux en bouteille analysées «présentent des résidus de tamoxifène», une hormone de synthèse utilisée dans le traitement du cancer du sein. «Les teneurs sont certes extrêmement faibles: au maximum, de 0,001% de la dose habituelle pour un traitement en buvant 1,5 litre», précisent les auteurs.
L’enquête a ainsi décelé des résidus de tamoxifène dans des bouteilles de Mont Roucous, Saint Yorre, Salvetat, Saint Armand et dans une bouteille produite pour la marque discount de Carrefour (Céline Cristaline). Par ailleurs, des traces d’Atrazine et d’Hydroxyatrazine, des désherbants pourtant interdits en 2001, ont été trouvées dans les eaux minérales Vittel, Volvic, Cora et Cristaline. Notons que sur ces quatre marques, trois sont commercialisés au Maroc à savoir Vittel, Volvic et Cristaline. Nos consommateurs n’ont rien à craindre et peuvent continuer à boire ces eaux minérales dans la mesure où les doses détectées sont très faibles mais leur simple présence doit nous faire prendre conscience que bien que très protégées, certaines eaux en bouteille n’échappent pas au polluant. A ce sujet, l’étude en question précise que l’eau reste à ce stade parfaitement potable, mais les auteurs estiment que la situation ne durera pas si rien n’est fait pour mieux préserver les ressources naturelles en eau.
Même si les niveaux de ces polluants sont très faibles, plusieurs questions se posent. «Comment les eaux ont pu entrer en contact avec certaines molécules», s’interroge Thomas Laurenceau, le rédacteur en chef de la revue. Ce dernier interpelle les pouvoirs publics et les industriels pour qu’ils mènent les recherches nécessaires. Le magazine 60 millions de consommateurs et la fondation France Libertés appellent ainsi à l’organisation, dès 2013, d’Assises nationales de l’eau qui réuniraient l’ensemble des acteurs concernés.
Suite à cette étude, l’Agence nationale de sécurité sanitaire a engagé une grande campagne d’analyse sur les eaux embouteillées. Les résultats seront dévoilés l’année prochaine.