La désertification en Afrique du Nord, ses causes et ses conséquences immédiates sur l’environnement ont été les principaux thèmes débattus, mardi à Tanger, lors d’une conférence-débat animée par une pléiade de chercheurs, d’universitaires et de représentants d’associations locales de développement. Intervenant à l’ouverture de cette rencontre, M. Rachid Mrabet, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique de Settat, a donné un aperçu sur l’ampleur de ce phénomène dans le monde et les proportions de son évolution sous l’effet conjugué de l’intervention de l’Homme et des changements climatiques. Ainsi, le conférencier a indiqué que 40 % de la superficie du globe est affectée par la désertification, soit 13 milliards d’hectares, avec une moyenne de six millions d’hectares désertifiés chaque année. 22 % seulement de la superficie du globe est cultivable, a-t-il indiqué, ajoutant qu’en Afrique, le phénomène revêt une acuité singulière puisqu’il affecte les 2/3 des terres.
Dans la région de l’Afrique du Nord, qui regroupe le Soudan, l’Egypte, la Libye, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, plus de 83 % des terres sont déjà désertifiées sous l’effet d’une sécheresse devenue désormais structurelle. Le conférencier a attribué la progression du phénomène de la désertification en Afrique du Nord, entre autres, au surpâturage, à l’exploitation irrationnelle des forêts, à l’érosion éolienne qui intervient à hauteur de 50 % dans l’aggravation du phénomène, et à l’érosion hydrique puisque cette région représente 6 % des terres irriguées dans le monde et 40 % des zones irriguées en Afrique.
Devant l’ampleur alarmante de ce problème, les pouvoirs publics en Afrique du Nord ont entamé, depuis les années 50, des politiques de lutte contre la désertification avec l’appui de plusieurs organismes internationaux, parvenant ainsi à restaurer quelques parcelles de terres avec des moyens trop coûteux : 375 mille ha en Algérie, 100 mille en Tunisie et 300 mille au Maroc.
Cette rencontre est une initiative du centre de développement pour l’Afrique du Nord de la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et du Rotary Club Tanger-Doyen, en collaboration avec la faculté des sciences et techniques de Tanger et l’Association des enseignants des sciences de la vie et de la terre.