Société

Deux femmes dénoncent le polisario

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A la propagande mensongère, elles opposent le témoignage autobiographique. Deux femmes, nourries par le vent des illusions, vomissent sur la place publique l’imposture du polisario. Mlle Saâdani Maâlainine et Mme Kaltoum Khayati sont invitées par l’Union féminine de la CDU (Union chrétienne-démocrate) à une manifestation des femmes européennes qui aura lieu, les 5 et 6 novembre, à Cologne en Allemagne. L’événement, dédié à l’élargissement de l’UE, est intitulé «Grandir et grandir ensemble». Et les deux Marocaines ont grandi très mal. Elles sont déterminées à tout mettre en oeuvre pour que leur calvaire ne se reproduise plus. Elles alertent l’opinion publique sur une pratique très courante dans les camps de Tindouf en Algérie : la déportation des enfants à Cuba. Elles savent de quoi elles parlent. L’une a passé 17 ans à Cuba. L’autre pleure les enfants qui lui ont été arrachés pour être embrigadés au pays de Fidel Castro. La première, Saâdani Maâlainine, a du mal à contenir son émotion, lorsqu’elle évoque le jour où deux hommes sont venus pour annoncer à une mère que sa fille a été choisie pour «aller en vacances». Saâdani avait alors 9 ans et «l’élue », c’était elle. Le lieu de ses «vacances» se situait loin, très loin, du logis familial. A Cuba où les vacances semblaient interminables.
Un mot en arabe, deux autres en espagnol, Saâdani Maâlainine raconte. Elle garde toujours à la bouche l’amertume du goût du leurre. Celui d’un enfant à qui des adultes ont fait une mauvaise farce. «On pleurait nos parents. On réclamait nos mères, et on nous consolait en nous promettant, à chaque fois, qu’on allait les revoir bientôt». Internés dans une école à la Isla de la Guventut, région urbaine les enfants ont vu défiler les semaines, les mois, les années sans revoir leurs parents.
Ils apprenaient le jour à l’école et travaillaient en fin d’après-midi dans les champs. C’était soi-disant pour leur apprendre les «vertus du travail». Saâdani Maâlainine se souvient des «dures conditions de scolarité». Elle cite avec dégoût le repas de tous les jours. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il fasse beau, à l’école, les enfants avaient un menu invariable: une soupe de riz et une banane. Après le baccalauréat, Saâdani Maâlainine a quitté l’internat pour entrer à l’Université de Pina de Rio. En «la lâchant dans la nature», ses enrôleurs pensaient que l’entreprise d’embrigadement avait réussi. «On nous décrivait si bien le Maroc comme un pays monstrueux où on jetait les enfants dans des trous noirs et où les policiers passaient leur temps à vider leurs chargeurs sur les passants qu’on a fini par trembler de peur à la seule prononciation du mot Maroc», dit-elle. Ceux qui l’ont embrigadée ne faisaient cependant qu’à moitié confiance à leur lugubre enseignement. Tous les passeports des Marocains enrôlés à Cuba étaient réquisitionnés à la soi-disant représentation diplomatique de la Rasd à La Havane. Saâdani Maâlainine obtient la magistrature et rentre, après 17 ans, aux camps de Tindouf. Elle ne retrouve pas les siens. Son père était mort et sa mère est rentrée au pays qu’on lui décrivait comme une hydre impitoyable. Elle ose l’appeler et retrouve «l’affection perdue depuis 17 ans ». Avant de quitter Cuba en 2002, Saâdani Maâlainine a assisté à l’arrivée de 720 enfants des camps de Tindouf. «La déportation continue. Je ne ménagerai aucun effort pour que le monde arrête cette pratique abjecte et inhumaine».
Cette volonté est partagée par Kaltoum Khayati, ancienne responsable, auprès du polisario, des relations internationales pour la promotion de la femme. Mme Khayati ne veut pas s’attarder sur le récit de sa douleur depuis que son garçon et sa fille ont été envoyés à Cuba. Elle veut «montrer au monde le vrai visage du polisario». Mme Khayati explique que la propagande du polisario est soutenue «par un très petit groupe de chefs qui terrorisent la majorité écrasante de la population qui vit dans les camps» de Tindouf. Cette population subit une politique de séparation, savamment ordonnancée par le commandement du polisario «à la solde de l’Algérie». «Il est impossible de trouver une famille entière dans les camps. La mère y vit très souvent seule : les enfants sont envoyés soit au nord de l’Algérie, soit en Libye, soit à Cuba et sous prétexte de l’état de guerre, les hommes sont maintenus loin de leurs foyers».
Cette stratégie de la séparation vise à tenir comme otages les Marocains de Tindouf. Où sont les beaux principes de l’autodétermination que souffle Alger à Abdelaziz et ses affidés ? Les supposées victimes de cette autodétermination n’ont même pas le droit de disposer d’elles-mêmes pour se déplacer là où elles le souhaitent.
Leur séquestration à Tindouf constitue un fonds de commerce. Alger et ses acolytes polisariens veillent à ce qu’il ne soit pas entamé. Mais d’autres personnes ont réussi à rejoindre leur patrie et révèlent la face cachée du polisario. Les voix de Saâdani Maâlainine et Kaltoum Khayati sont celles de femmes meurtries dans leur chair. Les femmes d’Europe ne sauraient demeurer insensibles aux déportations des enfants à Cuba et aux manoeuvres cruelles pour contraindre les familles à rester dans les camps.

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