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Dossier : Cheikh Zayed : le départ d’un juste

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Le président de l’Etat des Emirats Arabes Unis, Cheikh Zayed Ibn Soltane Al Nahyane, décédé mardi 2 novembre, à l’âge de 86 ans, fut, assurément, le leader arabe qui avait su concilier tradition et modernité, islam et ouverture sur l’occident. Grâce à sa politique visionnaire et généreuse, Cheikh Zayed a laissé derrière lui une nation incontestablement cohérente. Il fut en effet très largement à l’origine des deux forces principales des Emirats : une réelle volonté politique d’union et une prospérité économique incontestable.
Depuis l’indépendance de 1971, la politique voulue par Cheikh Zayed de redistribution de la rente pétrolière, issue d’Abou Dhabi pour l’essentiel (80 % des revenus), a puissamment contribué à préserver la cohésion de la Fédération en enrichissant la société émirienne tout entière. De surcroît, les Emirats ne se sont pas contentés de vivre de cette rente, mais se sont engagés dans une politique de diversification ambitieuse. Le développement des Emirats a été à la fois cause et conséquence de la stratégie permanente de sédentarisation et d’aménagement du territoire, suivie par Cheikh Zayed : l’occupation et le développement des régions frontalières ont en effet pour but de fixer l’ensemble du territoire de la Fédération.
La générosité a été élevée au rang de leitmotiv par le défunt . En témoigne l’importance des communautés étrangères dans la Fédération. Pays peu peuplé (2,4 millions d’habitants), les Emirats accueillent un très grand nombre d’étrangers, environ 80 % de la population et 95 % des actifs . Ils sont principalement originaires du sous-continent indien, des Philippines et aussi d’Iran. Ce sont eux qui construisent les infrastructures, assurent l’administration et la gestion de la Fédération et animent l’activité économique.
Sage et modéré, Cheikh Zayed possédait un sens aigu de l’équité et de la justice. Ce prince du golfe a jeté les bases d’un développement économique et technique exceptionnel dans l’Emirat d’Abou Dhabi, dès la découverte du pétrole en 1959. Dispensant sa diplomatie habile dans tous les Emirats voisins, le défunt devint vite l’arbitre de tous les conflits, avec succès, grâce à sa grande tolérance reconnue par tous. Quant au Royaume marocain, il occupait, de l’aveux général, une place de choix dans le coeur de feu Cheikh Zayed Ibn Soltane Al Nahyane.Les relations maroco-émiraties ont connu, depuis la fondation de l’Etat des Emirats en 1971, une stabilité et un développement soutenus. Elles dépassaient, le plus souvent les dimensions politique et culturelle. Le Maroc était le premier Etat que le président Zayed avait visité juste après la création de la fédération sur invitation de feu Hassan II. Le renforcement des liens entre les deux pays s’est poursuivi sur le même rythme sous le règne de SM le Roi Mohammed VI. Pour mieux concrétiser leurs relations, les deux parties ont opté pour une coopération économique qualifiée d’exemplaire au niveau arabe. En plus, il y a quelques semaines, une convention de coopération et de partenariat a été signée entre les responsables du projet du port Tanger-méditerranée et la zone de libre-échange internationale, Jabal Ali, à Dubaï. Au terme de cette convention qui s’étend sur 10 ans, la gestion de ce complexe commercial sera confiée à la zone de libre échange internationale Jabal Ali à Dubaï, au capital émirati. Globalement, l’attachement à la solidarité arabe n’est plus à démontrer. Cet attachement apparaît dans de nombreux domaines. Celui du processus de paix au Proche-Orient est le plus patent. Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a ainsi rappelé que les Emirats arabes unis soutenaient ce processus depuis la conférence de Madrid. La Fédération consent, par ailleurs, un important effort d’aide au développement en direction des communautés arabes ou musulmanes. Depuis 1984, elle a consacré 3,5% de son PNB à cette aide. Le fonds d’Abou Dhabi finance des projets dans plus de 44 pays. Enfin, la Fédération s’est rapprochée de la Jordanie avec laquelle elle s’était brouillée lors de la crise du Golfe. C’est ainsi que Cheikh Zayed a reçu le roi Hussein, les 7 et 8 décembre 1996, à Abou Dhabi. Autre exemple de solidarité arabe, l’attitude manifestée à l’égard du Yémen. Au lendemain de la guerre civile qui a déchiré ce pays, les Emirats ont pris acte de sa réunification. Ils ont rapidement manifesté leur soutien à Sanâa dans le contentieux qui l’oppose à l’Erythrée à propos des îles Hanish. Par ailleurs, ils encouragent Sanaa et Riyad à régler de façon pacifique leur contentieux frontalier. Tout ce travail sera assurément entretenu grâce à la stabilité des institutions Emiraties que le défunt Cheikh Zayed a léguées à ses successeurs.

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