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Dossier : Le Maroc mauvais élève

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Transparency International a encore une fois donné une mauvaise note au Maroc. Les résultats de l’indice de la perception de la corruption pour l’année 2004, publiés mercredi dernier à Londres, ont placé notre pays à la 77ème position avec une note de l’ordre de 3,2 sur 10, soit la même que le Bénin, l’Egypte et le Mali. L’année dernière, le Royaume se plaçait à la 70ème place alors qu’en 1999, il pointait au 45ème rang. En 2000, le Maroc a réussi son plus beau score avec une 37ème position et une encourageante note de 4,7. « Sur les cinq dernières années, la régression est plus qu’alarmante », estime Azeddine Akesbi, secrétaire général adjoint de Transparency Maroc. Plus préoccupante encore est la note que le Maroc a obtenue par l’organisation internationale qui s’occupe de la lutte contre la corruption. Et ce n’est pas tout.
Le Royaume se trouve pratiquement à la traîne des pays arabes et de l’Afrique du Nord. La palme d’or de cette catégorie revient au Bahrein, premier du monde Arabe sur le classement de Transparency International, avec une 34ème position et une note de 5,8. Il est de près suivi par la Jordanie, 37ème avec 5,3. Le Qatar est 38ème (5,2) alors que la Tunisie est 39ème (5). A la 71ème position, figurent l’Arabie Saoudite et la Syrie, toutes les deux notées à 3,4.
«Il ne faut cependant pas omettre de signaler que tous les pays arabes ont obtenu une note de moins de 5 sur 10, ce qui veut dire que globalement, la situation est problématique pour tous ces pays-là », précise M. Akesbi. Pour ce qui est des élèves les plus brillants, la Finlande trôle à la tête du classement avec un notre presque parfaite de 9,7, talonnée par la Nouvelle-Zélande et le Danemark. La mesure de l’indice de la perception de la corruption, rappelons-le, se base sur des sondages qui reflètent la perception des milieux d’affaires, des universitaires et des analystes de risques-pays. Parmi les 146 pays sondés en 2004, 106 atteignent un score de moins de 5. 60 pays obtiennent moins de 3, ce qui indique que la corruption y est endémique. La corruption est perçue comme étant la plus aiguë au Bangladesh, en Haïti, au Nigeria, au Tchad, au Myanmar, en Azerbaïdjan et au Paraguay, tous des pays dont le score est inférieur à 2». Le classement de Transparency International tire donc la sonnette d’alarme quant à la propagation de ce fléau au Maroc. «Une enquête menée en 2001 a montré que tous les secteurs sont touchés et ce à un niveau de fréquence très important. La situation est ainsi plus que grave. Il faudrait agir au plus vite pour limiter les dégâts», estime M. Akesbi qui ajoute que plusieurs années, la question de l’éradication du fléau est devenue publique au Maroc. En 2000, une commission nationale de lutte contre la corruption a même été créée et avait pour objectif de définir de mettre en place une stratégie globale.
Un recul a été enregistré par la suite puisque cette commission n’a pu aller jusqu’au bout et s’est plutôt tournée vers la modernisation de la vie publique. «Ce que nous avons toujours demandé est que la situation d’impunité n’existe plus. Il faut donner l’exemple concernant les grands dossiers et permettre leur règlement conformément à la loi. Tout ceci ne peut être réalisé sans une prise de conscience collective de la gravité de la situation. Il faudrait également que l’Etat agisse en faveur de l’éradication de la corruption».
Plusieurs questions demeurent cependant en suspens. Faudrait-il sanctionner plutôt les corrompus, les corrupteurs, ou les deux à la fois ? Quelles procédures mettre en place pour pouvoir déclencher des procédures dissuasives ou punitives ? Y a-t-il une différence entre cette grande corruption qui touche les marchés publics entre autres et qui influent négativement sur l’économie nationale et cette corruption quotidienne à lauqelle les citoyens sont confrontés ?

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