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Dossier : Mobilisation contre le tourisme sexuel

© D.R

Un rapport remis jeudi dernier au gouvernement français fait beaucoup parler de lui. Il pointe du doigt le Maroc, entre autres pays, comme destination favorite des adeptes du tourisme sexuel, dont sont victimes essentiellement les mineurs essentiellement. Selon ce rapport, préparé par un groupe de travail présidé par l’actrice Carole Bouquet et présenté aux ministres français de la Famille et de l’Enfance et du Tourisme, deux pays arrivent en tête des destinations préférées des touristes français cherchant de l’exotisme sexuel, le Maroc et le Brésil. D’autres pays ont également été cités, Egypte, Madagascar, Sénégal, Mexique, Saint-Domingue, Cambodge, Inde, Népal, Roumanie et Albanie entre autres. Le rapport suggère de passer des conventions bilatérales avec ces pays-là pour lutter contre le tourisme sexuel et l’exploitation sexuelle: des enfants. « Ces conventions prévoiraient le développement d’un volet de coopération judiciaire, juridique et policière pour la répression des infractions à caractère sexuel impliquant des mineurs, commises par des ressortissants français », détaille ce rapport, qui contient douze propositions au total. Toutes mettent l’accent sur la nécessaire collaboration entre autorités locales et françaises, notamment sur le plan judiciaire, ainsi que sur l’implication des ONG et différentes associations pour lutter contre ce fléau. Les lois françaises prévoient, certes, des poursuites à l’encontre des ressortissants français ayant commis à l’étranger des crimes sexuels sur des mineurs, mais le nombre de procès demeure très faible (cinq en dix ans).
C’est dire que la conjoncture actuelle se prête toujours à de tels crimes. Une petite virée sur Internet permet de constater l’ampleur du phénomène. Nombreux sont les sites Web où la destination Maroc est vantée pour les charmes de ses femmes, la virilité de ses hommes ou la «disponibilité » de ses enfants. Plusieurs professionnelles du sexe ont même élu domicile dans notre pays, choisissant essentiellement des villes balnéaires qui ont la cote auprès des touristes étrangers. Agadir est de plus en plus assimilée à Pattaya, célèbre station balnéaire thaïlandaise.
Nombreux sont en effet les touristes, européens, américains et arabes également qui s’y rendent à cet effet. Au Maroc, le tourisme sexuel est donc bien une réalité, mais des chiffres et des données exacts montrant l’ampleur de la situation n’existent pas, puisque toutes ces pratiques relèvent toujours du tabou. Au début de l’été 2004, une étude a été diligentée par l’Amadec (Association marocaine pour le développement communautaire), avec le soutien de l’UNICEF au sujet de l’exploitation sexuelle des enfants dans la ville de Marrakech. D’emblée, les enquêteurs ont insisté sur le caractère précurseur de cette enquête qui ne se veut pas quantitative mais ils ont surtout disséqué les causes de ce fléau. La pauvreté arrive en tête. Le rapport français de La Voix de l’Enfant, présenté jeudi 9 septembre au gouvernement français, s’est également intéressé à ce point estimant que la solution se trouve entre les mains « d’entreprises françaises volontaires sur place, voire de leurs sous-traitants, pour accueillir en apprentissage les enfants âgés d’au moins 14 ans avec une perspective d’emploi ».
Impossible donc de définir le nombre d’enfants qui sont concernés même si l’enquête met l’accent sur la non-existence de réseau organisé, les « sexe-touristes » ne formant pas une population homogène puisqu’il y a ceux qui voyagent exprès pour assouvir ses besoins charnels alors que d’autres se laissent «séduire » sur place. C’est pour dire que le tourisme sexuel est présent partout où il y a une activité touristique. C’est donc le revers de la médaille. Pour chaque pays ayant misé sur le tourisme, c’est le prix à payer. C’est pour cela que dès le début des années 90, l’Organisation mondiale du tourisme a attiré l’attention sur ce phénomène. Elle a créé un plan d’action pour la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle dans le tourisme. Le Maroc est partie-prenante de ce plan d’action, sur le papier en tout cas.

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