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Dossier : Taymi : « Le métro est impossible à Casablanca « 

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ALM : La problématique du transport en commun paraît décidément insoluble. A chaque tournant, il y a un blocage. Comment expliquez-vous cet état de choses ?
Abdessalam Taymi : C’est effectivement un problème crucial. D’abord toutes les régies du transport urbain au niveau national sont dans une situation catastrophique. Elles sont déficitaires sur tous les plans. Ni équipements, ni salaires pour les employés; elles n’arrivent même plus à faire face à leurs fournisseurs comme elles sont dans l’incapacité de répondre à leurs obligations d’assurance de gasoil, de pneus, etc. C’est le résultat d’un héritage qui date de plusieurs décennies de mauvaise gestion.
Remarquez, par exemple, que le nombre d’employés par bus est d’environ 15 à 16 personnes !! Or les normes internationalement requises déterminent ce nombre entre quatre et cinq personnes. Chez nous, les sociétés les mieux organisées arrivent à employer entre six et sept personnes, ce qui est, en soi, une performance. C’est à partir de cette situation que l’on peut constater le manque de liquidités, le manque d’équipements sans parler du matériel dont la vétusté est flagrante, puisqu’il est vieux d’au moins une vingtaine d’années. Cette situation a engendré un manque de confiance chez les usagers qui n’utilisent plus les bus de la régie à moins qu’ils n’aient vraiment aucun choix.
Mais au niveau de la ville de Casablanca, on constate une grande activité pour régler ce problème, notamment en faisant appel à la RATP. Vous ne pensez pas à un éventuel changement dans le secteur ?
La ville de Casablanca avec, à sa tête, le nouveau maire, a certes pensé à une solution radicale qui pourrait, dans un premier temps, trouver une solution globale du problème. Malheureusement je crois que Monsieur le maire s’est lourdement trompé ou alors il a été soumis à de très lourdes pressions. Dans l’annonce faite pour la présélection des opérateurs aptes à soumissionner dans le cadre de la gestion déléguée, figuraient des conditions primordiales et essentielles. Parmi ces conditions, le soumissionnaire devait disposer de 100 millions de dirhams. Il devait avoir une expérience d’au moins cinq ans dans une ville peuplée de 1 million et demi d’habitants. Après le dépouillement des offres des soumissions, l’adjudication a été attribuée à Madina Bus, composée, entre autres, de Bahja Bus et de Haddou Bus, en plus de Finance Com et de la RATP de Paris que, d’ailleurs, je ne considère pas comme un intervenant qui sera impliqué à cent pour cent mais juste comme un figurant.
Où est l’anomalie, si toutefois il y en a une, dans ce que vous venez d’insinuer ?
Il s’est avéré par la suite que cette société compte importer quelque 170 bus d’occasion, soi-disant retapés. Ces engins appartiendraient apparemment au troisième actionnaire, la RATP, qui profiterait certainement de cette aubaine pour livrer tout le stock de ferraille dont il disposait. C’est le premier grief à reprocher à monsieur le maire. De plus, le nouvel acteur annonce déjà la couleur en ce qui concerne le prix du ticket qui connaîtra indéniablement une augmentation dans moins d’un an. Ce qui porterait certainement un coup au pouvoir d’achat de l’usager. Il faut signaler, dans ce sens, qu’un opérateur national avait proposé aux services concernés une solution pour aligner 400 bus flambant neufs avec le maintien des prix pendant cinq ans sans demander de subvention à aucune administration.
On ne peut pas parler d’un autre moyen de transport, le tram ou le métro par exemple ?
Le Tram serait une solution exemplaire, mais l’architecture de la ville ne permet pas sa réalisation effective.
Quant au métro, il ne peut être utilisé que suspendu et ça je peux le prouver scientifiquement parlant.

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