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Driss Guerraoui: «Le Maroc a besoin des compétences des jeunes MRE pour gagner la bataille de l’émergence»

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Entretien avec Driss Guerraoui, professeur à l’Université  Mohammed V de Rabat et secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental

ALM : Pourquoi la majorité des jeunes marocains préfère-t-elle rester à l’étranger ?

Driss Guerraoui : Il n’y a pas à ma connaissance d’études représentatives scientifiquement valides sur les jeunes marocains résidant à l’étranger permettant d’être affirmatif sur le comportement de ces jeunes vis-à-vis de leur retour au pays. Cependant, même à supposer que cela soit vrai, il est tout à fait naturel qu’un jeune issu de famille de 3ème ou 4ème génération de migrants marocains à l’étranger puisse s’inscrire dans une démarche de retour. Plusieurs raisons objectives l’en dissuadent. A commencer par les difficultés qui conditionnent son quotidien et à leur tête la langue, l’insertion socioprofessionnelle et l’intégration socioculturelle.

Comment le Maroc peut-il tirer profit des compétences des jeunes MRE ?

Les compétences marocaines à l’étranger constituent un réel et grand espoir de notre pays face à la crise structurelle de l’école, qu’elle soit publique ou privée. En effet, celle-ci est aujourd’hui devant une incapacité effective à produire et reproduire une masse critique de savants dans toutes les disciplines, de hauts commis de l’Etat et d’élites culturelles, artistiques et économiques d’un niveau d’excellence, d’intégrité et d’engagement à la mesure des ambitions du Maroc et des défis qui lui sont lancés. Aussi, pour réaliser des raccourcis technologiques et gestionnaires, gagner la bataille de l’émergence et devenir une réelle puissance régionale le Maroc a besoin des compétences des jeunes MRE.

Comment le Maroc peut-il préparer un terrain propice pour les jeunes marocains de retour ?

La problématique des jeunes marocains à l’étranger ne doit pas se poser en termes de retour. Car dans un système mondial global, ouvert et interdépendant ce n’est pas la sédentarité qu’il faut encourager, mais bel et bien une politique visant à apprendre aux jeunes marocains, d’ici et d’ailleurs, l’importance de la mobilité géographique et professionnelle. De plus, soyons rassurés, la communauté marocaine résidant à l’étranger, contrairement à d’autres nationalités, se caractérise par un attachement incroyable au pays. Aussi, les stratégies futures de valorisation de l’apport des jeunes MRE au développement de leur pays devraient s’appuyer sur trois piliers. Il s’agit d’améliorer davantage, dans le sens de la modernisation et de la sophistication, l’accueil en tenant compte des spécificités des attentes des nouvelles générations de migrants. Il est également question de promouvoir au niveau des pays de résidence des structures appropriées d’organisation et de mobilisation des compétences marocaines à partir d’une répartition géographique et par champ d’intérêt correspondant aux besoins du Maroc. Enfin, et c’est notre point le plus faible, il faudrait assurer un pilotage institutionnel unifié de cette stratégie afin de mettre un terme à la situation actuelle marquée par des actions éclatées, non coordonnées et non convergentes portées par une multitude d’intervenants.

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