Société

Droit d’accès à l’information : 8 Marocains sur 10 ne connaissent pas

© D.R

Plus de 80% des Marocains ne connaissent pas leurs droits en matière d’accès à l’information. Ces données viennent d’être révélées par le World Justice Project dans un rapport sur l’ouverture des gouvernements à travers le monde rendu public cette semaine.

«Dans le monde, moins de 40% des répondants ont dit connaître les lois garantissant leur accès aux informations détenues par le gouvernement. Au Maroc, seulement 19% ont dit les connaître», indique le rapport.
Le rapport met en relief la complexité et la lourdeur de l’administration marocaine.

Il explique qu’au Maroc, parmi les 6% de répondants ayant demandé des informations gouvernementales, seulement 75% ont pu les recevoir et seulement 40% de ces derniers étaient satisfaits par la procédure. Globalement, le Maroc se place au milieu du classement mondial en matière d’ouverture des gouvernements, occupant le 60ème rang sur 102 pays.

Sur le plan régional, le Royaume est deuxième dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord (MENA), derrière la Tunisie (59ème mondiale) et devant les Emirats Arabes Unis (60ème).

Il faut néanmoins noter que plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient ne sont pas pris en compte dans ce classement pour manque de données. Ainsi, sur ce classement, la région MENA ne comprend que sept des 21 pays dénombrés par les Nations Unies. Sur ces sept pays, les positions les moins flatteuses sont occupées par l’Egypte et l’Iran, queue de peloton, qui sont respectivement 91ème et 99ème du classement.

A l’échelle continentale, le Maroc occupe la 6ème place derrière, dans cet ordre, l’Afrique du Sud, le Botswana, le Ghana, le Sénégal et la Tunisie. Le Royaume accuse un retard significatif par rapport au leader continental puisque le pays de Nelson Mandela s’est adjugé le 27ème rang mondial.

Parmi les pays à revenu moyen inférieur (catégorie où la Banque mondiale place le Maroc), le Royaume figure à la 11ème position sur 25 pays.  

Ce classement se base sur la perception du public de quatre indicateurs. D’abord la communication autour des lois et des informations gouvernementales, ensuite le droit à l’information, la participation civile, et enfin les mécanismes de plainte. Le score du Maroc dans ces quatre catégories varie entre moyen et faible. Ainsi, le Royaume est le leader de la région MENA en ce qui concerne les mécanismes de plainte. Dans cette catégorie, il se place dans le deuxième tiers du classement, à la 51ème position. Concernant la communication autour des lois et informations gouvernementales, le Royaume fait preuve d’une performance moyenne qui le place au 43ème rang. Les performances du pays sont moins reluisantes du côté des deux autres indicateurs, il se place au 70ème rang en matière de droit à l’information et au 78ème rang en matière de participation civile. Ce dernier indicateur place le Maroc 4ème sur les sept pays de la région, derrière l’Egypte, la Tunisie et l’Afrique du Sud.    

A l’échelle mondiale, le classement est dominé par les pays scandinaves. La Suède se place au premier rang, suivie de la Nouvelle-Zélande, la Norvège et le Danemark. 

La pire performance est revenue au Zimbabwe, qui se place juste derrière l’Ouzbékistan, le Myanmar et l’Iran.
A ce titre, de larges disparités peuvent être relevées entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu. Les pays les plus riches du monde se partagent presque exclusivement les 30 premières places du classement.   
 

Un nombre record de plaintes concernant le service public

Afin de mettre en place ce classement, les équipes du World Justice Project se sont adressées à 100.000 ménages à travers le monde, qui ont évalué 78 indices et variables relatives à leurs pays respectifs. Les scores récoltés par les pays varient entre 0 et 1. Ainsi, la Suède, première du classement, affiche un score imprenable de 0,81, tandis que le Maroc a un total de 0,51. A travers le questionnaire, le rapport explore également la nature du rapport liant les citoyens à leurs gouvernements.

On apprend, ainsi, que sur le plan mondial 38% des hommes et 36% des femmes ont déjà adressé une plainte concernant la qualité du service public. Le Maroc dépasse de loin cette moyenne, avec un score de 74% pour les hommes et 50% pour les femmes.
Le Maroc se distingue, par ailleurs, selon le rapport, par la disparité entre les genres en ce qui concerne la participation aux activités de la communauté. Ainsi, 13% des hommes et 9% des femmes disent avoir déjà participé à des réunions de la communauté.

Zoom sur les quatre indicateurs pris en compte

Dans ce classement, le World Justice Project prend en compte quatre indicateurs, comme expliqué dans l’article page 4, mais que mesure réellement chacun d’entre eux ? «La communication autour des lois et données gouvernementales» s’intéresse à l’accessibilité des informations publiées par le gouvernement sur le plan de la langue et des canaux de communication. «Le droit à l’information» évalue si le gouvernement répond favorablement aux demandes d’information et si l’information fournie est complète et pertinente. «La participation civile» s’intéresse à la question du respect des libertés, notamment la liberté d’expression et la liberté de réunion. Enfin, «les mécanismes de plainte» explore si, dans la pratique, les citoyens peuvent porter plainte et si les services publics répondent à ces plaintes.

Transparence et liberté d’expression

Le Marocain peut-il exprimer librement son désaccord avec les politiques gouvernementales de son pays ? C’est la question qui a été posée au panel interrogé par le World Justice Project. De manière générale, les réponses tendent légèrement vers l’affirmatif malgré des divergences selon les catégories. Ainsi, 63% pensent que les citoyens marocains sont libres d’exprimer des avis contraires au gouvernement sans être dérangés.

69% pensent que la société civile jouit de ce droit, et 67% que les partis politiques en disposent. Les réponses semblent moins évidentes lorsqu’il s’agit des médias. Seulement 50% des répondants pensent que les médias disposent de cette liberté. Selon le rapport, le respect des libertés civiles, notamment de la liberté d’opinion et d’expression, est l’un des éléments essentiels garant de l’ouverture et de la transparence des gouvernements.

«Le respect de ces libertés permet aux citoyens d’exprimer leurs opinions, de participer aux débats publics, de collaborer aux processus de prise de décisions et d’assurer l’efficacité des gouvernements», précise le rapport.

 

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