Société

Droits de l’enfant: Ce que le Maroc doit changer

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Des conclusions à demi-teintes ressortent de l’étude menée par l’Unicef sur la condition des enfants au Maroc. Les résultats de l’«analyse de la situation des enfants et des femmes au Maroc» (Sitan) menée par l’organisation internationale en 2014 ont été rendus publics hier, lundi, à Rabat, lors d’une conférence de presse.

Globalement, l’idée qui en ressort est que malgré les nombreux efforts déployés par le pays, un long chemin reste à faire en matière de droits des enfants.

«Les résultats et avancées constatées, notamment en matière de survie et d’éducation, sont fragilisés par la persistance de défis liés à la faible approche équité dans les politiques et stratégies mises en œuvre», peut-on lire sur le rapport publié par l’Unicef.

L’entité des Nations Unies chargée de l’enfance énumère, ainsi, 13 défis auxquels le Maroc doit faire face afin de garantir leurs droits aux enfants. La première catégorie regroupe les défis relatifs au droit à la survie et au développement. Ils sont au nombre de deux et concernent la lutte contre la mortalité maternelle et la mortalité néonatale. Selon l’Unicef, les progrès enregistrés par le Maroc dans ce sens sont indéniables: En 2010, on estimait le taux de mortalité à 112 pour 100.000, soit 60% de moins qu’en 1990. Cependant, la question est celle de l’accessibilité de ces droits à tous les enfants, y compris ceux vivant dans le milieu rural et ceux en situation de pauvreté.

La deuxième catégorie de défis est relative à la protection. Ces défis-là concernent essentiellement le renforcement du système de protection de l’enfance et l’appui au changement social. L’Unicef reproche à l’Etat marocain, sur ce point, d’avoir adopté des actions sectorielles et fragmentées. «Cette approche a abouti à des réponses isolées et limitées au niveau national, en l’absence d’un ancrage territorial», précise le rapport.

Pour équilibrer la balance, le rapport cite, en outre, les «nombreux acquis» du Maroc en matière de protection des droits de l’enfant, notamment la ratification de plusieurs conventions internationales sur le sujet, l’adaptation du cadre législatif national aux normes mondiales ou encore l’organisation de campagne de sensibilisation sur une large échelle pour la protection des enfants.

La troisième et dernière catégorie de défis est liée au droit à la participation. De la même manière, l’Unicef relève l’absence d’une approche «transversale et intégrée» dans les politiques et programmes initiés au niveau national.

Si les treize défis énumérés par l’Unicef font le tour des obstacles qui entravent un accès équitable aux droits de l’enfant, ils sont eux-mêmes les conséquences de ce que l’Unicef appelle des «goulots d’étranglement». Parmi ceux identifiés par l’organisation internationale, les normes sociales négatives, devenues coutumes, qui encouragent dans certains cas la discrimination et l’injustice. Autre goulot identifié, celui de la faiblesse de l’offre en soins et services, notamment en matière de santé, d’éducation, de protection et de participation.

«Cette faible offre est également liée aux grandes disparités dans les milieux et les régions du Maroc», note le rapport. Certains de ces goulots seraient, eux, liés aux politiques adoptées par l’Etat. L’Unicef évoque, par exemple, la faiblesse des politiques sociales et la rigidité de l’indice GINI (qui mesure les inégalités) depuis 20 ans.

Droits de l’enfant: Droits de l’enfant Les conventions internationales ratifiées par le Maroc

Le Maroc peut aujourd’hui se targuer d’avoir signé et ratifié l’essentiel des principales et nombreuses conventions internationales, autant celles d’ordre général que celles touchant à des domaines particuliers. La convention des droits de l’enfant (CDE), adoptée en 1988, fait partie de celles auxquelles adhère le Royaume. Cette convention a été la première à introduire le concept de l’intérêt supérieur de l’enfant, qui consacre ce dernier comme sujet de droit, et renferme les directives principales liées à la protection des droits de l’enfant.

Un bon nombre d’accords et de protocoles vient la compléter, ils renforcent et diversifient les moyens de protection de l’enfant, grâce à leur caractère spécifique. Il serait bon de citer, à titre d’exemple, le protocole facultatif à la convention relative aux droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Ce protocole définit un ensemble de mesures que doivent adopter les Etats, notamment le Maroc, afin de protéger les enfants de ces actes de manière spécifique.

Le Maroc a également adopté la convention du 25 octobre 2007 du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre les abus sexuels dite convention de Lanzarote. Le Royaume avait alors été le premier pays hors Union européenne à avoir signé cette convention. D’autres conventions ont par ailleurs été ratifiées par le Maroc telles que la convention n°182 sur les pires formes de travail des enfants ou encore le protocole facultatif à la convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication des enfants dans les conflits armés.

Enfance au Maroc : Les urgences à traiter

Des recommandations de taille ont été formulées en vue d’assurer la réalisation des droits des enfants et des femmes. Ces pistes concernent les quatre droits mis en relief par le rapport de l’Unicef et de l’Observatoire national des droits de l’enfant. En ce qui concerne le droit à la survie, la principale urgence étant de garantir une offre de soins, de services, d’équipement et infrastructure, des sanitaires suffisantes accessibles et équitables, également dans le milieu rural. L’amélioration de ciblage des politiques sociales est également de mise. Le but étant de favoriser l’accès aux soins des familles pauvres ou financièrement vulnérables.

S’agissant du droit au développement, les efforts devront être consentis en vue de mettre en place une stratégie éducative axée sur le renforcement du préscolaire et du collégial en milieu rural et sur la synergie entre le secteur public et privé. Une politique équitable et inclusive en matière d’éducation est également recommandée. Le but étant d’améliorer l’offre éducative et la rendre accessible aux populations défavorisées et celles des zones enclavées et aux enfants à besoins spécifiques. De même, les pistes d’action en matière de protection devront être axées sur le renforcement des systèmes de protection nationaux et l’appui au changement social.

Quant à la participation, le rapport indique qu’elle devrait être envisagée de manière transversale afin de l’instituer comme mécanisme national, transversal et intégré. A cet égard, la mise en œuvre de la Stratégie nationale intégrée de jeunesse devrait être activée. La participation des enfants et adolescents aux différents mécanismes devrait être renforcée à tous les niveaux.
 

 

Violence : Pour plus de statistiques

La violence à l’encontre des enfants est l’un des phénomènes qui prennent de l’ampleur au Maroc. L’abus sexuel et les exploitations émergent de plus en plus. Selon des statistiques formulées dans le rapport, le viol reste le premier type de violences exercées.

Les grandes villes sont le foyer de ce fléau, citons dans ce sens Agadir, Rabat, Salé, Beni Mellal, Al-Hoceima, Casablanca, Meknès, Lagouira, Taza, Temara et Sraghna. Les violences dans le milieu scolaire persistent également. Toutefois, les préjudices révélés n’affectent pas la réalité.

Le rapport dénonce dans ce sens l’inexactitude des données produites par le ministère de la justice, le ministère de la santé et la Direction générale de la sûreté nationale. «L’analyse combinée des données produites par ces trois entités exige au préalable que les précisions soient apportées quant à l’ampleur des données et des formes de violences exercées», relève-t-on du rapport.

Et de poursuivre que «ces chiffres ne concernent que les cas signalés et rapportés aussi bien devant les tribunaux, les services de la DGSN, que ceux du ministère de la santé. Ce qui laisse envisager qu’en réalité, ces violences pourraient être plus importantes et que, malgré ces dénonciations, une partie demeurerait invisible en raison notamment de l’absence de mécanismes de signalement accessibles et connus pour dénoncer ces violences».

 

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