Société

Droits de l’Homme : El Ouali, le Sahara et la revue Anfass

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Lors de l’émission «Mais encore» diffusée par 2M le 18 janvier, l’invité de son animateur, Hamid Berrada, était Mohamed Cheikh Biadillah, secrétaire général du PAM et président de la Chambre des conseillers. Il y était question, entre autres, des activités des jeunes militants marocains sahraouis au tout début des années 1970. A l’occasion, Hamid Berrada a évoqué un article consacré, à l’époque, par la revue Anfass à la question du Sahara et en a attribué la paternité à Monsieur Abdellatif Laâbi. Or, ce dernier était certes directeur de cette publication, mais il s’occupait, en matière éditoriale et rédactionnelle, de la revue Souffles en langue française. En rapport régulier avec lui, les animateurs et rédacteurs principaux de Anfass étaient Mohamed Berdouzi, alias Ali El Hamraoui, et Mohamed Habib Ettalibi, par ailleurs membres de la direction du mouvement politique qui allait prendre, plus tard, le nom du «23 mars». Ce furent ces derniers qui, à leur initiative et sous leur responsabilité exclusive, tinrent une longue réunion de prise de contact, d’audition et de consultation avec feu El Ouali Mostapha Essaid, alors en quête d’appuis politiques à un mouvement anticolonial en gestation pour la libération du Sahara. La rencontre eut lieu en été 1971 dans un minuscule appartement loué et habité par Mohamed Berdouzi, en face du vieux bureau de placement, non loin de la gare de Rabat-ville. Elle dura presque une nuit entière et porta sur deux axes principaux : – d’abord un état des lieux de la situation économique, tribale, coloniale et, plus généralement, politique, au Sahara et dans la région – ensuite, l’évocation des alternatives stratégiques possibles de libération de ce territoire.
Sur ce dernier point, il fut entendu que l’objectif principal et immédiat était de contrecarrer les tentations de l’occupant colonial espagnol visant à « légitimer » son annexion définitive du territoire, par exemple en suscitant une déclaration unilatérale d’indépendance sous sa houlette directe ou par le truchement d’une colonie de peuplement. Les appétits interventionnistes algériens et libyens n’étaient pas encore clairement visibles à ce moment là. Il s’agit, soulignons-le encore, de l’été 1971, bien avant la création du Polisario dont feu El Ouali allait devenir le fondateur et, plus tard, la victime.
Cette rencontre à trois donna lieu à un article largement descriptif de la situation sociale et politique d’alors au Sahara, rédigé par Mohamed Berdouzi, complété par Habib Ettalibi et publié dans Anfass. Pour une raison échappant à la volonté de l’auteur principal dudit article, celui-ci fut intitulé «Une nouvelle Palestine sur la terre du Sahara», soit une expression sujette à bien des réserves, ne serait-ce qu’au regard des différences de contexte entre les deux situations coloniales ainsi assimilées l’une à l’autre. Il ne fut pas possible de continuer un débat public conséquent sur la question du Sahara à travers la revue Anfass qui cessa de paraître légalement au Maroc, comme conséquence des arrestations de l’automne 1971 et de l’hiver 1972, sans d’ailleurs avoir été ni censurée ni poursuivie.
Par la suite, on assista à la dispersion et au tiraillement des positions tant des jeunes militants sahraouis que des mouvements dits de «nouvelle gauche» sur le devenir du territoire. C’est là une affaire d’histoire précise et objective qui reste à écrire en redressant tant de fausses évidences sur les positions de fond et sur le rôle des personnes.

 Par Mohamed Berdouzi, politologue

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