Société

Emploi : Place aux jeunes !

© D.R

S’il est une conclusion à tirer de l’affaire du “CPE“ en France, c’est bien que nulle réforme ne peut réussir si elle n’est ni comprise ni voulue par le plus grand nombre de gens. Les jeunes de France qui n’ont pas accepté ce qui était censé «être fait pour eux», ont fait capoter cette loi. Ce qui -a posteriori – revient à donner raison à la maxime : «faire pour les jeunes, sans les jeunes, c’est faire contre les jeunes». Sans vouloir comparer ce qui ne peut l’être, l’on peut dire que l’INDH est l’exact contre-pied du “CPE“, puisqu’il s’agit ici de faire remonter les projets de la base, pour ensuite mettre les moyens nécessaires à leur réalisation. Il faut rendre ici hommage à la clairvoyance de SM le Roi qui a été le mieux à même de prendre le pouls de cette nécessité : pour qu’un projet réussisse, il faut que la population se l’approprie, s’y reconnaisse : souhaitons que le sens de cette démarche soit compris par l’ensemble des intervenants dans l’INDH. Et puisque c’est de la jeunesse que je souhaite parler, il est indispensable que sur le terrain, l’on veille à ce que la jeunesse ne passe pas à côté de l’INDH, dont elle doit être l’un des acteurs et des bénéficiaires prioritaires !
Je voudrais illustrer mon propos par deux expériences que j’ai vécues ces jours-ci, et qui en disent long sur les capacités de notre jeunesse.
Le premier exemple vient d’une association que je connais bien puisqu’il s’agit du Réseau Maillage; après 3 années de travail sur le terrain dans les quartiers populaires et les bidonvilles, les jeunes ont choisi de renouveler leurs instances, en donnant la priorité à deux “caractères“ : l’implantation locale et le travail fourni.
C’est ainsi qu’un Bureau a vu le jour, composé de jeunes présidents d’associations œuvrant dans les quartiers du Royaume. Treize jeunes dont la moyenne d’âges ne dépasse pas 25-26 ans et qui de Salé à Béni-Mellal, en passant par Meknès, Casablanca, Demnate ou Rabat ont fait “leurs preuves“ sur le terrain.
Le Réseau Maillage est ainsi -très vraisemblablement le mouvement associatif marocain composé du conseil le plus jeune ; car nous ne mentons pas, nos ONG, y compris celles qui agissent en direction de l’enfance ou de la jeunesse, ont encore fait très peu -trop peu- de place à cette jeunesse dans leurs instances dirigeantes… Et que dire de nos fédérations sportives ? Que dire de nos conseils d’élus ou de nos partis politiques où portes et fenêtres restent désespérément closes à la jeunesse…
Paradoxalement, ce sont les structures représentant l’autorité qui ont su le mieux faire appel aux jeunes : observons la moyenne d’âges des nouveaux gouverneurs, des nouvelles promotions de caïds ; le rajeunissement y est perceptible !
Le «clin d’œil» fait par les jeunes militants associatifs de Maillage à l’ensemble de la société, constituera-t-il un déclic ?
L’approche d’échéances électorales importantes déverrouillera-t-elle les mentalités, car il est clair que notre jeunesse s’affirme de plus en plus sur la scène sociale et qu’elle ne peut plus être «marginalisée» sans dommages.
J’en ai eu un exemple supplémentaire samedi dernier lorsque lorsque j’ai été invité à participer à un débat «Jeunes à vous la parole» à Mohammédia, j’ai pu mesurer la pertinence des interventions des jeunes à la tribune. Tous à tour ont été abordés les thèmes de l’engagement associatif, des défis à relever, du quotidien dans les quartiers avec son lot de fléaux (drogue, désœuvrement, chômage…) et les animateurs des associations de jeunes telles «Amal Chabab», «Challenge», «Chabab Tanmia», «Positive Attitude»… ont montré leur maîtrises des sujets ainsi traités, tout en émettant des propositions concrètes, simples mais ô combien pertinentes. Le public était en partie composé de militants associatifs de longue date et ces adultes se sont montrés particulièrement attentifs voire «épatés» par la verve et la fougue de ces jeunes. Alors ? D’où vient ce sentiment de «blocage» ressenti par les jeunes ? D’où vient l’impression que dès qu’il s’agit de la jeunesse, nombre d’interlocuteurs semblent prendre le sujet avec beaucoup de légèreté pour ne pas dire de désintérêt? Pourquoi -hormis certaines créneaux tels le sport ou la musique- semble-t-on vouloir cantonner notre jeunesse à la marge ?
N’aimerions-nous pas nos jeunes ? Aurions-nous peur de notre jeunesse? Serions-nous aveuglés par l’égoïsme, l’inévitable conflit des générations? Notre prise de conscience serait-elle encore défaillante? les «poches de résistance», notamment vis-à-vis de l’émergence des nouvelles générations- seraient-elles plus présentes qu’on ne le croit?… Sûrement un peu de tout ça ; pourtant rien, en tout cas, que l’on ne  puisse dépasser. C’est pour cela qu’il est intéressant de suivre avec intérêt ce qui est en train de se passer au sein du mouvement associatif, les évolutions qui se font au cœur des quartiers populaires, «l’éveil» qui naît chez nombre de jeunes que l’on pensait blasés ou résignés…
 Cette émergence me rappelle avec insistance celle que j’ai vécue en France dans les années 80, lorsque les «jeunes issus de l’immigration» sont devenus visibles en se positionnement sur la scène sociale.
Aujourd’hui, notre jeunesse s’émancipe et se «frotte» à la prise en main de son destin : elle se retrouve au «milieu du bain» et apprend à nager en même temps. Elle effectue son «apprentissage» en même temps qu’elle se façonne une expérience. Elle va vite !
Un participant -engagé associativement depuis les années 70- remarquait samedi à Mohammédia à quel point les jeunes présents à la tribune et dans la salle faisaient preuve de maturité, et il était heureux –mais surpris- de découvrir chez eux une telle fibre patriotique. En effet, ce sentiment existe chez nos jeunes, au même titre que l’envie de s’en sortir, la rage de vaincre, l’ingéniosité, la persévérance, l’endurance face aux conditions de vie… Il nous faut les aider à faire preuve d’esprit d’initiative, à oser ! Mais surtout, surtout leur (re) donner confiance en eux-mêmes !
Des racines et des ailes… voilà ce qu’il faut à nos jeunes : savoir d’où ils viennent pour mieux savoir où ils vont. Après la génération de la lutte, après celle de l’édification, la génération du développement émerge.

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