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Entretien avec Ahmed Zaïdi : «La déclaration du Premier ministre a ignoré le programme de l’USFP»

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ALM : Réagissant à l’intervention du Premier ministre Abbas El Fassi, vous dites que vous ne vous reconnaissez pas dans la déclaration gouvernementale. Qu’est-ce qui vous préoccupe, ou vous inquiète, dans cette déclaration ?
Ahmed Zaïdi :
Nous avons relevé plusieurs failles dans la déclaration du Premier ministre. Cette déclaration a fait le black-out sur les acquis du gouvernement d’alternance, notamment ce qui a été réalisé sur le dossier des droits de l’Homme. On est en droit de se demander si l’actuel exécutif veut rompre avec l’expérience précédente ou la poursuivre sous une autre forme. Et puis, nous avons constaté que rien ou presque dans le programme électoral de l’USFP n’a été retenu par le nouvel exécutif. J’en veux pour exemple les 1000 mesures proposées par notre parti pour la réforme de l’administration, la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption. Généralement, je ne me suis pas reconnu dans la déclaration faite par le Premier ministre au nom du gouvernement. C’est pour cela que je suis intervenu pour rectifier le tir. 

L’ambiguïté persiste sur la position à adopter par le groupe parlementaire de l’USFP vis-à-vis du gouvernement El Fassi. Pourriez-vous définir clairement votre position ?
Nous ne sommes pas dans l’opposition, pas plus que nous ne sommes dans le soutien absolu. Notre position de principe est de soutenir le gouvernement, l’USFP étant représenté au sein de la majorité gouvernementale. Mais ce principe n’implique pas un alignement absolu sur la politique de ce gouvernement. Il ne faut pas oublier nos engagements vis-à-vis de nos électeurs, que nous tenons à respecter. Le soutien, qui est un principe politique, n’est pas à opposer à celui de la critique, avec ce que cela implique en termes de questionnement. Nous n’allons donc pas rester les bras croisés face à des dysfonctionnements qui pourront surgir ici ou là. Précisément, nous n’allons pas adopter une position soutenant à 100% le gouvernement. D’autant plus que l’USFP a payé très cher ce soutien par le passé. Nous allons signaler les points positifs dans l’action du gouvernement, sans exclure l’option de la critique à l’égard des irrégularités qui pourront entacher cette action.

Que répondez-vous aux accusations qui reprochent à votre groupe d’avoir formulé sa réponse à la déclaration gouvernementale sous les orientations du bureau politique de l’USFP ?
Le bureau politique de l’USFP n’est intervenu à aucun moment dans la formulation de cette réponse. Je peux même vous dire qu’il n’était même pas informé de la teneur de cette réponse. Cette réponse a été élaborée et discutée uniquement par les membres du groupe parlementaire de l’USFP, en association avec les conseillers USFP. Je peux vous assurer qu’aucune orientation n’a été donnée, aucune personne n’est intervenue pour nous dicter quoi que ce soit. Je précise que notre position n’est pas un fait conjoncturel, elle n’est pas liée non plus aux problèmes internes que connaît l’USFP.

Discutant la déclaration gouvernementale, vous avez centré votre intervention sur les secteurs de la Justice et de l’Habitat. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?
S’agissant de l’habitat, il y a lieu de relever une contradiction. Secteur déclaré hautement prioritaire, il a bénéficié d’un soutien consistant de la part de l’Etat (mobilisation du foncier, facilités de crédits, etc). Mais ce soutien n’a pas profité au citoyen, puisque les prix pratiqués restent très élevés par rapport au revenu des couches défavorisées. Je dois dire que les facilités accordées par l’Etat n’ont profité qu’aux lobbies du foncier. En ce qui concerne la Justice, nous avons tiré la sonnette d’alarme sur le retard accusé pour la réforme de ce secteur. Nous avons revendiqué l’accélération de la mise en œuvre d’une Charte nationale pour la réforme de ce secteur, parce que seule cette réforme permettra de rendre le pays crédible aux yeux des investisseurs. Cela étant dit, nous nous sommes fixé la priorité de défendre le volet social. Il reste tant à faire sur ce dossier, d’où la nécessité, voire l’urgence, de prendre des mesures concrètes pour lutter contre le désœuvrement, la pauvreté et la précarité. Sur ce point, nous revendiquons une reconsidération de la stratégie nationale appliquée pour l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Il faut dire que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des objectifs tracés au départ.

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