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Etude sur le Ramed: 94% pointent l’inexistence de prestations dans les hôpitaux

© D.R

En plus des chiffres alarmants, les personnes interrogées parlent de l’obligation de recourir aux pots-de-vin pour s’approvisionner en médicaments ou aux urgences pour être hospitalisées.

Encore du chemin à parcourir pour le Ramed. Ce sont seulement 7,45% sur 5.078 personnes enquêtées à Tadla-Azilal, Salé et Errachidia, qui sont satisfaites du Ramed. Aussi, 9,8% des personnes enquêtées sont insatisfaites et 2% sont très insatisfaites. Seule la ville de Rabat enregistre un taux de satisfaction de 62,66% chez les bénéficiaires de ce régime. Ces chiffres parmi tant d’autres ressortent de l’enquête relative au fonctionnement des ESSB et à la qualité des services d’hospitalisation et de consultation externe concernant les ramédistes, à Tadla-Azilal, Salé et Errachidia, dont les résultats ont été présentés samedi soir à Rabat. Une étude réalisée par l’ONG Cefa (Comité européen pour la formation et l’agriculture) dans le cadre du projet «Réseau 31 : droit à la santé au profit des populations démunies». En plus des chiffres alarmants, les personnes interrogées parlent de l’obligation de recourir aux pots-de-vin pour s’approvisionner en médicaments ou aux urgences pour être hospitalisées. Détails.

Détours en médicaments et hospitalisation

S’agissant des médicaments, l’enquête révèle que certains médecins demandent une contrepartie pour les médicaments bien que ceux-ci ne soient pas censés être vendus. Quant à l’hospitalisation, elle est assurée pour 92,84% de ramédistes ayant pris rendez-vous. Par contre, 51% déclarent avoir été hospitalisés d’urgence bien que cela soit fait par détours ou corruption dans certains cas. Par l’occasion, les frais de transport sont remboursés ou encore une ambulance est mise à la disposition des patients à Beni Mellal.

Le reçu pose toujours problème

A Rabat, le reçu octroyé après soumission de la carte Ramed n’est plus admis. En ce qui concerne le renouvellement de la carte en 2016, certains patients n’ont pas encore reçu de réponse par rapport à leur dossier. Aussi, la carte RAMED procure, selon l’enquête, une fierté à son titulaire puisqu’elle lui épargne de demander un certificat d’indigence.

Les forces et faiblesses du Ramed

21,41% des personnes interrogées autour du Ramed déclarent que l’établissement de soins de santé de base (ESSB) est toujours capable de satisfaire les besoins en médicaments. Ce sont 85,48% des ramédistes qui déclarent trouver les médecins et médicaments d’hypertension et de diabète. De plus, 93,80% trouvent qu’il n’y a pas de prestations dans les hôpitaux. En détail, 73,76% des ramédistes fréquentent plus de trois fois les hôpitaux de quartier souffrant d’encombrement et où un seul médecin est consulté par 100 à 120 patients par jour que ceux-ci soient ramédistes ou non. En termes d’équipements, la ville de Rabat demeure bien équipée. Par contre, 4,17% estiment que les hôpitaux ne sont pas bien équipés à Goulmima. En ce qui concerne l’assistance, 59,96% indiquent trouver un bon accueil dans l’ensemble. A Tadla, l’accueil est bon aux yeux de 84,62% comme il l’est pour 65,33% à Rabat.

L’ANAM et les autres

«C’est un projet royal que nous devons réussir. La société civile est un acteur principal à cet effet», estime Abdellatif Moustatraf, chef du département des opérations et de gestion du Ramed auprès de l’ANAM en formulant deux constats. Le premier ayant trait au besoin énorme en information. Quant au deuxième, il concerne l’engagement de la société civile pour œuvrer à la réussite de ce projet. «Le gouvernement n’a pas suffisamment d’argent pour la sensibilisation. C’est pour cela que nous avons pensé à nous appuyer sur la société civile pour faire des actions dans ce sens», enchaîne M. Moustatraf en appelant à une réflexion à la manière de continuer ce projet. «Nous avons atteint des résultats satisfaisants», commente-t-il en estimant que les problèmes sont les mêmes dans toutes les régions avec quelques particularités et en caressant l’espoir de voir ce projet continuer avec une large couverture.
Ceci étant, le projet «Réseau 31 : droit à la santé au profit des populations démunies» a, selon Sofia Di Cocco du Cefa, commencé en avril 2014. Il a consisté en la création de 3 réseaux de veille à Salé-Errachidia et Azilal ayant dispensé une formation en Ramed au profit d’associations. Pour rappel, le projet «Réseau 31 : Droit à la santé au profit des populations démunies», tirant son nom de l’article 31 de la Constitution marocaine qui donne le droit à la santé, a été cofinancé par l’Union européenne pour une durée de 27 mois à hauteur de 80%.

Sensibilisation

Ramed-Reseau-31-2Ce sont 3 réseaux de veille composés par 80 associations de Salé, Errachidia et Tadla-Azilal qui ont été créés et formés tant sur la gestion de leurs ressources que sur la législation et les procédures concernant le Ramed et sont actifs dans la veille sur le Régime d’assistance médicale et dans l’accompagnement des ramédistes.

Plus de 156.000 Ramedistes et ayants droit ont été informés sur les procédures d’obtention de la carte Ramed et sur les modalités d’utilisation, dont 54.944 bénéficiaires directs et 12275 femmes chefs de foyer. Le projet a sensibilisé plus de 46.000 bénéficiaires dans le Tadla-Azilal, 18.000 dans la province de Salé et 93.727 à Errachidia.

Les trois réseaux de veille accompagnés par les associations partenaires ont mené un plaidoyer auprès des institutions concernées, à travers la mise en place de 3 plates-formes de concertation. Ces plates-formes ont permis de créer un terrain d’échange sur le Ramed, de porter l’attention sur les dysfonctionnements et les possibilités d’amélioration du système et d’élaborer des recommandations pour en renforcer la mise en œuvre dans les trois pôles et pour plaider auprès des décideurs au niveau national.

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Recommandations
Ramed-Reseau-31-1Le projet «Réseau 31 : droit à la santé au profit des populations démunies»  recommande de consacrer un budget annuel spécifiquement dédié au Ramed, pour ressourcer les structures de santé engagées dans la mise en œuvre de la gratuité et veiller à adapter ce budget au fil des ans en fonction de l’évolution des besoins.

Les initiateurs recommandent également d’augmenter de manière significative la part des dépenses publiques allouée à la santé, pour pallier la pénurie des médicaments et matériels, aux infrastructures inadaptées et vétustes et aux services de basse qualité.

Comme ils appellent à rendre effectives les sources de financement du régime. Pour lever les barrières financières qui rendent de fait l’accès aux soins payant, le réseau propose de baser le parcours obligatoire des filières de soins sur la proximité géographique en lieu que sur le découpage administratif. La même structure incite à consolider la disponibilité de médicaments au niveau des ESSB et des hôpitaux et éviter les ruptures de stock pour rendre effective la gratuité en cas d’hospitalisation et l’élargir dans d’autres cas spécifiques (comme les soins post-opératoires).

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