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Exercice illégal de la médecine dentaire : L’Ordre appelle les autorités à prendre des mesures d’urgence

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Le Maroc compte plus de 3.000 faux dentistes

Le décès d’un enfant après une extraction de dent chez un prothésiste dentaire de la commune de Oued Laou soulève la problématique de l’exercice de la profession par des faux dentistes. Le jeune enfant est mort suite à une intoxication aiguë d’origine bactérienne du sang suivie d’une hémorragie, avait indiqué l’Ordre national des médecins dentistes dans un communiqué publié il y a quelques jours.

Il faut dire que les décès suite à ces pratiques illégales sont loin d’être des cas isolés au Maroc. Depuis 2012, l’Ordre national des médecins dentistes a notifié plusieurs cas de décès dans différentes villes du Royaume, notamment à Agadir, Salé, Nador ou encore à Sidi Bennour. Il ne s’agit là que des cas connus par l’Ordre, ce qui sous-entend que le nombre réel des décès peut être plus important. «Les causes des décès étaient liées dans les différents cas à l’extraction dentaire et l’anesthésie», indique Dr Mohamed Jerrar, président de l’Ordre national des médecins dentistes.

Ce dernier déplore également le fait que ces faux dentistes aient recours à des médicaments et des produits anesthésiants qui sont exclusivement destinés aux médecins dentistes. Les conditions d’hygiène et de stérilisation du matériel sont également pointées du doigt par l’Ordre. Ces mauvaises conditions d’hygiène font courir aux patients le risque d’être contaminés par des maladies graves telles que le sida, la tuberculose et l’hépatite. Faute de moyens ou d’informations, de nombreux citoyens inconscients du risque qu’ils encourent continuent de faire appel aux services de ces faux dentistes.

Les professionnels demandent aux autorités de prendre des mesures d’urgence pour faire face à une situation qui, selon eux, met en péril l’image de la médecine dentaire marocaine. «Les autorités locales doivent faire le travail au lieu de fermer les yeux. Des missions d’inspection doivent être menées de manière régulière. Pour ceux qui ne disposent d’aucune autorisation, les autorités doivent procéder à la confiscation du matériel et leur fermer boutique», souligne le président de l’Ordre. Ainsi , les autorités concernées se doivent de faire le suivi et contrôler les locaux des prothésistes dentaires après leur avoir octroyé l’autorisation d’exercer la profession de prothésiste dans des laboratoires, et non pas des cabinets dentaires. Quant à ces personnes qui travaillent en toute illégalité, le Dr Jerrar signale qu’elles risquent 3 mois à 2 ans de prison et ce conformément à l’article 381 du code pénal. Celui-ci stipule: «Quiconque, sans remplir les conditions exigées pour le porter, fait usage ou se réclame d’un titre attaché à une profession légalement réglementée, d’un diplôme officiel ou d’une qualité dont les conditions d’attribution sont fixées par l’autorité publique est puni, à moins que des peines plus sévères ne soient prévues par un texte spécial, de l’emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 200 à 5.000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement».

L’Ordre revendique l’application de la loi 07-05 pour lutter contre la pratique illégale de la médecine dentaire par des praticiens qui ne disposent ni des connaissances scientifiques requises ni des techniques professionnelles réglementées. L’article 3 de la loi 07-05 est très clair à ce sujet : «Nul ne peut accomplir aucun acte de la profession de médecin dentiste, à titre privé, s’il n’est pas inscrit au tableau de l’Ordre national des médecins dentistes». En outre, les médecins dentistes appellent à l’approbation le plus tôt possible du projet de loi n°25-14 relatif à l’exercice des professions de préparateurs et manipulateurs des produits de santé qui est toujours à la Chambre des conseillers. Le texte prévoit plusieurs sanctions et amendes qui pourront être infligées à l’encontre des praticiens en situation illégale qui ne remplissent pas les conditions prévues par la législation en vigueur.

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3.300 faux dentistes au Maroc

Au Maroc, 3.300 prothésistes-dentaires exercent illégalement la médecine dentaire au Maroc. La moitié d’entre eux, soit 1.790, ne dispose d’aucune autorisation. Signalons que les Facultés de médecine dentaire de Casablanca et de Rabat ont réalisé plusieurs études sur l’exercice illégal de la médecine dentaire. L’une d’entre elles, réalisée en 2012-2013, a concerné plus de 1.400 personnes dans 17 villes. Il en ressort que 56% sont des mécaniciens-dentistes, 27% des prothésistes, 10% des arracheurs de dents ambulant et 7% des barbiers. L’étude note également que le praticien illégal ne réalise aucun interrogatoire avant l’intervention dans 87% des cas. La moitié des personnes sondées n’est pas consciente du risque de transmission de maladies infectieuses. Dans 80% des cas, les personnes qui ont eu des complications des soins dentaires n’ont pas dénoncé.

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