Société

Financement des partis, motus et bouche cousue

L’argent des partis politiques au Maroc reste toujours un sujet tabou. Dès qu’il s’agit de cet aspect, c’est la discrétion qui est de mise. Aucun leader politique n’ose aborder la question devant les journalistes. Même lors des réunions des instances du parti, on parle de tout sauf du nerf de la guerre. Seules quelques figures importantes sont au fait de la “chose“.
Ceux qui croyaient que le nouveau code portant organisation des partis politiques allait finalement introduire une bonne dose de transparence en la matière en ont été pour leurs frais. Dans ce code, le législateur se limite à évoquer la subvention accordée par l’État, à l’occasion des élections, aux différentes forces en présence en fonction d’un certain nombre de critères au prorata des sièges et des suffrages de chaque parti à l’échelle national. Pour le contrôle de l’usage fait de cette manne, chaque parti bénéficiaire remet un rapport à la cour des comptes. Mais connaissant la lenteur de cette machine… Rien de nouveau donc.
La plupart des candidats, c’est connu, ne se contentent guère des subsides étatiques pour battre campagne quand ceux-ci sont vraiment distribués. On l’a vu lors des élections que le Maroc a connues jusqu’ici. Les candidats prennent eux-mêmes tout en charge et ne lésinent pas sur les moyens pour décrocher un siège soit au Parlement soit à la commune. Des sommes d’argent phénoménales, qui échappent au contrôle aussi bien des pouvoirs publics que des partis politiques, circulent ainsi dans une espèce de marché électoral à ciel ouvert. La course à l’achat des voix s’engage à un rythme effréné. C’est au mieux offrant , à celui qui débourse le plus : agapes, cadeaux et tout le tremblement. Bien malin celui qui pourrait évaluer le montant de l’argent informel des campagnes électorales. Une chose est néanmoins sûre : une certaine hypocrisie a longtemps entouré la bourse parallèle des élections. Les chefs de partis savent. Les autorités aussi. Mais une espèce de loi tacite veut que seuls les candidats qui ont “les moyens de leurs ambitions“ se jettent dans l’arène électorale. Au point que certains bons éléments qui n’ont comme arme que leur bonne volonté n’osaient pas se présenter sachant qu’ils ne feront pas le poids devant des arguments sonnants et trébuchants. D’autres qui ont sauté le pas, on l’a remarqué, ont été battus par des candidats repus mais irrésistibles. Comme quoi, les élections au Maroc n’avaient attiré jusqu’ici qu’une population spéciale dont la majorité voulait moins servir que se servir. Ce qui a faussé le jeu et perpétué un système qui n’écrème pas forcément les meilleurs. Cela dit, quelles sont les sources de financement des différents partis politiques ? Motus et bouche cousue. Sur ce chapitre, on sait très peu de choses.
Officiellement, un parti vit des contributions de ses membres et des cotisations de ses élus. En fait, une véritable loi de silence enveloppe ce sujet. Un jour un chef de parti, en rogne contre un des membres qui était ex-ministre, a déclaré à un journal que ce dernier n’a pas profité de son passage au gouvernement pour aider financièrement le parti. Ce leader pensait, certainement de bonne foi, qu’un élément d’un parti qui devient ministre a le devoir d’arroser les siens. C’est dire qu’un travail de pédagogie est également nécessaire pour ne plus confondre la caisse du parti avec l’argent du contribuable. Une législation, claire et rigoureuse, sur le financement des partis se fait toujours attendre. Rien de nouveau de ce point de vue, sauf les professions de foi des uns et des autres sur l’adoption de mécanismes de transparence applicables à tous. La transparence. Il faut y aller de front et non à reculons. Toute une culture.

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