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Gestion des déchets à Casablanca pendant le Ramadan : Les responsables manquent à l’appel

© D.R

La société civile ne cesse de multiplier ses actions afin de sensibiliser à la transformation du modèle de gestion intégrée des déchets au niveau national.

Il suffit d’arpenter les ruelles de Casablanca pour se rendre à l’évidence : la métropole croule sous les ordures. Lors du premier jour de Ramadan, les déchets de toute sorte s’entassent dans les coins de rue. Cette situation prend plus d’ampleur durant le mois sacré qui connaît une intense activité commerciale pour les produits et biens de consommation. A l’image par exemple du quartier de Derb Omar à Casablanca où les déchets constituent depuis déjà un moment une partie du paysage. A ce stade, la question qui taraude les badauds est celle de savoir pourquoi cette ville est condamnée à être une décharge à ciel ouvert. Contactés par ALM, les responsables au niveau du Conseil de la ville rechignent à répondre. La crise de la gestion des déchets dans la ville de Casablanca n’est pas près d’être résolue.

Le tri sélectif à la source comme partie de la solution

Pour Abderrahim Ksiri, président de l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), «la gestion des déchets doit être traitée dans sa globalité. Ce qui est valable pour Ramadan est valable pour toute l’année. Les recommandations de l’alliance à ce sujet sont claires». La société civile, très active sur le sujet, ne cesse en effet de multiplier ses actions afin de sensibiliser à la transformation du modèle de gestion intégrée des déchets au niveau national. En témoigne par exemple le projet «coproduction de la propreté» mené durant 48 mois ciblant 90 quartiers dans plusieurs villes dont Casablanca (Casablanca Ain Sebaa, Casablanca Ben Msick et Casablanca Anfa). Le projet a permis d’instaurer le tri sélectif à la source dans 76 quartiers dans 22 villes avec des taux de réalisation inégaux portant parfois à 100% le taux de participation des familles à ce mode tri.  Annuellement, la ville de Casablanca produit environ 1,4 million de tonnes de déchets ménagers et assimilés, pour une population de près de 3,4 millions d’habitants. Pour résoudre cette problématique, l’AMCDD a toujours plaidé pour doter le Maroc d’une nouvelle stratégie nationale de gestion des déchets en rupture avec la logique du programme national des déchets ménagers (PNDM) basée sur une approche participative entre les collectivités territoriales, les opérateurs économiques, les associations et experts, le respect de la hiérarchie du processus tri-collecte recyclage et valorisation et qui instaure le principe de la responsabilité élargie du producteur. «Ceci permettra de donner de la visibilité et garantira la sécurité des investissements à réaliser et des financements des bailleurs de fonds internationaux des projets de recyclage et des installations de valorisation énergétique», explique l’AMCDD.

Reconnaître le potentiel de l’économie-déchets

L’alliance qui réunit plus de 800 associations recommande de commencer par inscrire les nouveaux grands projets comme celui de la décharge de Médiouna dans une stratégie partagée et une planification intégrée en développant par exemple une économie-déchets et une économie circulaire basée sur le recyclage, le tri à la source et la valorisation. Elle suggère aussi de reconnaître le potentiel de cette économie-déchets, maîtriser des coûts et améliorer le système de gouvernance de la gestion actuelle et future des déchets. L’AMCDD plaide aussi pour la valorisation énergétique industrielle des déchets inévitables en développant des combustibles alternatifs (RDF : Residual Derived Fuel) via le traitement mécano-biologique des déchets et adapter la gestion des déchets à l’échelle locale.

L’alliance insiste sur plusieurs facteurs clés de succès pour la gestion des déchets dans la ville de Casablanca, à savoir que le traitement des déchets doit être inclu dans une stratégie complète, elle-même fondée sur la pyramide bien connue de réduction des déchets, tri, recyclage, compostage puis traitement (valorisation énergétique qui ne bloque pas les choix précédents en termes règlementaire ou financier). Deuxièmement, elle insiste sur le rôle crucial que jouent les collectivités territoriales et les établissements de coopération intercommunale dans la professionnalisation et l’efficacité de gestion des services de proximité offerts aux citoyens et particulièrement dans la gestion et la valorisation des déchets solides.

Troisièmement, elle met en avant le rôle déterminant du changement des comportements des citoyens et citoyennes pour réussir le tri à la source qui constitue la garantie de faisabilité et de viabilité technico-économique des filières industrielles de valorisation énergétique des déchets solides et espère également que les moyens humains et des capacités des administrations des collectivités territoriales pour la professionnalisation des métiers de gestion et valorisation des déchets soient renforcés. Notons que deux entreprises avaient remporté en février dernier l’appel d’offres pour la collecte et le nettoiement de la ville de Casablanca. Il s’agit d’Averda et Derichebourg. Celles-ci se chargeront de gérer les déchets dans un certain nombre d’arrondissements durant une période de 7 ans. Averda s’occupera de Hay Hassani, Ain Chok, Roches Noires, Hay Mohammadi, Sidi Bernoussi, et Ain Sebaâ. Alors que Derichebourg prendra en charge les arrondissements d’Anfa, Sidi Belyout, Maarif, Mers Sultan, Al Fida, Moulay Rchid et Ben Msik.

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