Société

Guisser sous les feux de la rampe

Guisser était dimanche dernier en fête. Une ambiance festive, pour le moins inhabituelle, régnait sur ce petit village situé à 28 km à l’est de Settat. Enfants, femmes et hommes affluaient sur la place centrale du village, où des tentes caïdales étaient dressées. Un moussem ? Non. Ces villageois célébraient les «premières journées» de leur petit patelin. Une manifestation organisée par l’Association Amal Guisser, récemment créée et présidée par le joueur wydadi Rédouane Allali. Remarquable métamorphose que celle de cet attaquant, originaire de la région, jadis montré du doigt pour son indiscipline et son tempérament coléreux.
A l’intérieur comme à l’extérieur des stades. Mis à l’écart depuis plusieurs mois, c’est vers l’associatif qu’il s’est tourné, vers la Chaouia profonde qu’il s’est dirigé. Il n’était pas le seul à organiser ces premières journées. Un autre nom du sport national non moins connu était au rendez-vous. La championne du demi-fond national, Fatima Aouam, elle aussi originaire de la région. Le sourire aux lèvres, elle n’a pas oublié ses origines. Naïma Lamcherki, également de la fête, nous a livré que son ailleul était également un «Guissserois».
A quelque 500 m du centre du village se trouve le terrain de football. Une parcelle de terre entourée de grillage où ont lieu les deux rencontres de football programmées. La première a mis aux prises les juniors de l’Association Amal El Guisser et leurs homologues de l’Association Walaa El Khir de Casablanca. Les seniors des deux équipes se sont affrontés juste après. Non loin de là, d’autres couraient un marathon, pieds nus pour certains, mais tellement contents de marquer leur présence. Pour tous ces jeunes, jouer au foot ou courir est la seule occupation. Avec l’espoir de voir leur destin prendre le même envol que celui de Redouane, un jeune du pays qui a réussi malgré l’inexistence de conditions d’épanouissement. Pas de centres culturels ni de bibliothèques. A Guisser,  le lycée secondaire n’existe même pas.
Arrivés en neuvième année de l’enseignement fondamental, les élèves sont obligés de terminer leurs études à Settat. Un déplacement qu’un grand nombre d’entre eux, essentiellement des filles, hésitent à entreprendre. Ils se trouvent alors comme hantés par une seule pensée. Fuir. Beaucoup d’entre eux l’ont fait. Ils ont choisi pour destination l’Europe, notamment l’Italie. En short et T-shirt malgré le temps pluvieux de dimanche matin, Redouane Allali se mêlait à ces jeunes, souriant, heureux. Son objectif est de leur redonner confiance. «Je vais faire tout mon possible pour désenclaver cette région qui m’est très chère» n’a-t-il cessé de dire. La volonté est là, mais les moyens manquent. Cette région délaissée par les politiques, vit à la merci de la pluie. Essentiellement agricole, l’économie locale se trouve donc dangereusement affectée en cas de sécheresse. Cette année, les agriculteurs ne cessent de remercier Dieu. «La saison est bonne. Une dernière pluie serait la bienvenue», clament-il ensemble.

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