Société

Haro sur les charlatans

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Aucun effort ne sera épargné pour contrer l’extrémisme religieux. Le discours, vendredi, de SM le Roi Mohammed dévoile une réorganisation du ministère des Habous et des Affaires islamiques. La fin assignée à cette restructuration est claire: «Prémunir le Maroc contre les velléités d’extrémisme et de terrorisme, et préserver son identité qui porte le sceau de la pondération, la modération et la tolérance», a déclaré le Souverain. Pour atteindre cet objectif, deux dahirs, relatifs à la création de directions au sein du ministère des Habous et des Affaires islamiques, ont été promulgués.
Le premier concerne la création d’une direction responsable des mosquées. Le second se rattache à l’enseignement islamique traditionnel. Les lieux de culte sont ainsi au coeur de la réorganisation du champ religieux. A cet égard, il est prévu «de procéder à une révision de la législation régissant les lieux de culte, en vue de leur adaptation aux exigences architecturales, de sorte que l’exercice du culte puisse s’y faire dans une atmosphère de sérénité, que l’on en maîtrise les sources de financement et que l’on s’assure de leur transparence, leur légalité et leur pérennité», précise SM le Roi. On peut supposer que la référence à l’architecture des mosquées constitue un préalable pour stopper l’émergence de ces bâtiments, qui se transforment en lieux de culte sans porter une référence identitaire claire. Certains d’entre eux deviennent des espaces informels propices aux prêches extrémistes et à l’embrigadement.
La deuxième direction aura la charge de l’enseignement et de la formation. A ce sujet, le Roi a expliqué que des mesures seront prises, en vue d’«assurer la rationalisation, la modernisation et l’unification de l’éducation islamique, et pour dispenser une formation solide dans les sciences islamiques, toutes disciplines confondues, et ce dans le cadre d’une Ecole nationale unifiée». Dans ces écoles, un système d’apprentissage coranique favorisant «l’ouverture sur les autres cultures» sera en vigueur.
Au demeurant, la mise en place de l’une et l’autre de ces directions nécessite un «encadrement». Cette mission sera confiée aux oulémas. Longtemps confinés à un rôle honorifique, les oulémas sont appelés à occuper les premières loges dans la restructuration du champ religieux. Le Conseil supérieur des oulémas aura de nouvelles prérogatives. Cette instance présidée par SM le Roi, est composée de quinze théologiens, connus par leur érudition. La grande nouveauté de ce conseil, c’est qu’il va barrer la route aux faiseurs de fatwas. Il aura désormais la charge de proposer, «à l’occasion d’occurrences à implications religieuses», des demandes de fatwas au Souverain, afin qu’il puisse les émettre. Le but: «faire barrage aux expédients et autres prétextes fallacieux et couper court aux fauteurs de discorde et de zizanie» Le conseil supérieur des oulémas aura également la charge de superviser l’action des conseils locaux des oulémas.
Ces instances vont se substituer aux conseils provinciaux des oulémas qui existent depuis 1981. Installés dans 30 villes du Royaume, ces conseils locaux sont le fer de lance de la réorganisation du champ religieux. Chaque conseil est composé d’un président et de huit membres, à l’exception de ceux de Casablanca, de Fès et de Marrakech qui comptent respectivement 16 et 12 membres. Les présidents et membres des conseils locaux sont nommés par Dahir. Ils seront responsables de la supervision des chaires de prédication et des orientations religieuses. Ils sont aussi appelés à devenir des organes de proximité entre les citoyens et tout ce qui est religieux. «Nous tenons, en outre, à voir des femmes versées en sciences religieuses siéger dans ces Conseils, et ce par souci d’équité à leur égard et d’égalité entre l’homme et la femme», a déclaré SM le Roi. Le nombre des femmes (les alémates) nommées dans ces instances s’élève à 36.
Les différents conseils des oulémas vont donner un cadre légal à la pratique cultuelle au Maroc. Ils enracinent de surcroît la religion dans le rite malékite et les valeurs participant de la culture marocaine. Ils vont «contrecarrer les courants destructeurs exogènes ayant fait irruption dans notre société».

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