Société

Hay El Farah, un mois après

Un mois après les explosions du 10 avril à Hay El Farah à Casablanca, les habitants de ce quartier populaire sont toujours sous le choc. Ces explosions suscitent toujours une inquiétude profonde parmi la population. Ils arrivent encore mal à se remettre de l’horreur d’une journée ponctuée par les déflagrations et la chasse aux terroristes. Les images horribles des corps déchiquetés des kamikazes qui se sont fait exploser hantent encore les esprits.
Envahis par un sentiment de peur intense et d’inquiétude, à la pensée d’une éventuelle menace, ils se souviennent et racontent, dans le détail, les moments terribles qu’ils ont vécus pendant la journée du mardi 10 avril. Le traumatisme est loin d’être estompé.
L’air bouleversé, Latifa Bassi, l’une des occupantes de la maison où s’est produite la première explosion, témoigne : «il est difficile d’oublier ce qui s’est passé ce jour-là. J’ai assisté aux explosions suicidaires. Au début, je croyais qu’une équipe de cinéastes était en train de préparer un film. Ce n’est qu’après que nous avons compris qu’il s’agissait de terroristes pourchassés par la police et réalisé la gravité de la situation.  Ce soir-là, j’ai eu une crise hystérique. J’ai vu des morceaux de chair humaine éparpillés. J’éprouve toujours ce sentiment de peur et d’angoisse. Le moindre bruit m’effrayé depuis ce jour-là», ajoute-t-elle. Cette jeune femme fait partie des victimes devant bénéficier d’un suivi psychologique à l’hôpital Bouafi de la préfecture de Derb Soltane-El Fida pour s’en remettre.
Insatisfaite du traitement, elle a décidé d’abandonner. «Je suis partie voir un psychologue de l’hôpital Bouafi. Le médecin m’a fait entrer dans une salle et m’ a laissée pendant de longues minutes. J’ai eu peur. Je suis sortie et je ne suis plus retournée», raconte-t-elle avec colère.
Ce sentiment d’angoisse extrême est partagé par sa voisine, une mère de famille assez âgée. «C’est la souffrance au quotidien. Il suffit qu’on entende un bruit ou des pas de personnes dans les escaliers pour que nous courrions vérifier si ce n’est pas un autre kamikaze. La peur fait partie désormais de notre vécu, de notre quotidien. Après tout, nous remercions Dieu que le pire ait été évité». Les murs des maisons gardent encore les traces de sang et de petits bouts de chair. Des impacts, dus à la déflagration, sont visibles sur les portes, les murs et les terrasses des maisons de la rue 48. A quelques pas de la maison où Mohamed Rachidi a actionné sa charge explosive, vit une femme âgée. Encore sous le choc, elle n’arrive pas à trouver le sommeil le soir, racontent ses voisines. L’obsession est à son comble. Obsédée par l’idée qu’un kamikaze pourrait emprunter sa terrasse comme ce fut le cas le jour du drame, la pauvre femme a fait installer une clôture métallique, histoire de plus de précautions. Par ailleurs, ces femmes déplorent le fait qu’elles aient été livrées à elles-mêmes. «Personne ne s’est soucié de nous. Ni les autorités locales, ni les associations ne sont venues nous voir pour nous aider. Même les murs, qui gardent encore les traces de sang, n’ont pas été nettoyés correctement», s’indignent-elles. Mardi 10 avril 2007, les habitants de la rue 48 à Hay El Farah ont été secoués par une série d’explosions qui se sont succédées tout au long de la journée. A l’aube, un premier kamikaze, Mohamed Rachidi a actionné sa charge explosive sur la terrasse d’une maison de ce quartier alors que la police le traquait. Le deuxième, Mohamed Mantala, a été abattu par balles. Lors de cette opération des services de sécurité, l’inspecteur de police feu Mohamed Zendiba est mort suite à l’explosion de la bombe de Ayoub Raydi, frère de Abdelfettah, kamikaze tué par sa bombe dans un cybercafé de Sidi Moumen, le 11 mars dernier. Le regretté, 47 ans, avait succombé à ses blessures au moment de son transfert à l’hôpital. En début de soirée du mardi, un quatrième terroriste, Saïd Belouad, s’était fait exploser comme pour apporter la touche finale à une folle journée.

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