Société

Hazeb : «Il faut craindre les faux consensus»

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ALM : Pourquoi est-ce que votre parti n’a présenté que moins d’une dizaine de candidats alors que 90 sièges sont en jeu à la deuxième Chambre ?
Milouda Hazeb : Notre stratégie électorale, décidée lors des travaux de la dernière réunion de la commission administrative du parti, est fondée sur l’élément qualitatif au détriment du nombre. C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour la formule qui consiste à ne présenter que des candidats sûrs et ayant des chances réelles de l’emporter.
De plus, sur 16 régions, nous en avons couvert 13. Il faut souligner aussi que tous les candidats sont issus des rangs du PND. Si nous l’avions voulu, comme d’autres l’ont fait, nous aurions pu présenter 90 candidats en recourant à la transhumance à la mode ces derniers temps.

La presse a longuement évoqué des cas de fraude électorale et l’on reproche au gouvernement de ne presque rien faire pour prendre les mesures nécessaires dans ce sens. Quelle est la position de votre parti ?
Plusieurs fraudes sont signalées un peu partout, mais il s’agit, à mon avis, de tentations vaines et sans encouragement de la part des partis politiques. Car, sacrifier des principes éthiques qui fondent la liberté électorale et individuelle au nom de quelque intérêt matériel est une menace pour la démocratie et pour l’édification d’une société moderniste.
Quant aux mesures à prendre pour juguler ces manœuvres malveillantes, elles sont du ressort des autorités publiques compétentes. On a évoqué la question de l’absence de preuves formelles pour engager des poursuites. Je pense qu’il faudrait néanmoins activer tous les dispositifs d’enquêtes administrative, policière et judiciaire puisque le Parquet a la possibilité de convoquer et d’interroger quiconque sur qui pèsent des présomptions de fraude. Cela est de notoriété publique. Il faut juste passer à l’acte.
 
En tant que parlementaire, que pensez-vous des neuf députés qui ont démissionné pour tenter leur chance à la deuxième Chambre ?
Il paraît que le Conseil constitutionnel ait émis un avis favorable quant à la légalité de ces démissions à la veille du scrutin indirect du 8 septembre. Je pense que les honorables membres de ce conseil, en rendant leur avis consultatif sur cette question, se sont basés sur l’esprit de la loi qui autorise l’exercice de la liberté individuelle à mettre fin à un mandat électoral. Toutefois, il s’agit à mon sens d’une interprétation moins restrictive que celle de l’article 36 de la Constitution qui stipule que le mandat du député est d’ordre national et qu’il ne peut, par conséquent, s’y soustraire qu’au terme de la législature. Au-delà de l’aspect juridique, les partis qui octroient facilement les accréditations à ces candidats, endossent une partie de responsabilité morale et politique vis-à-vis de leurs électeurs.

On remarque que la présence des femmes parmi les candidats est presque insignifiante. À quoi est-ce dû à votre avis ?
Il s’agit là d’un phénomène récurrent. À l’origine, l’élément féminin est le grand absent dans tous les corps élus à l’échelon local puisque, d’après les résultats officiels des dernières communales, le taux de représentation féminine ne dépasse pas 0,66 % contre plus de 10 % à la Chambre des représentants grâce aux listes nationales.
Nous continuons, nous femmes parlementaires et ONGs, à lutter pour un changement du système électoral "hostile" aux femmes. J’espère que l’occasion sera propice pour ce changement lors de l’examen du projet d’amendement du code électoral.
En effet, cet aspect des choses qui se traduit par l’exclusion des femmes, presque systématique, des têtes de listes locales participe à la régression des valeurs universelles de citoyenneté et de démocratie.

La Chambre des conseillers suscite encore beaucoup de polémique autour de son utilité. Sa suppression est-elle solution ?
Ce genre d’appels multiples autour d’un faux consensus, sur instigation de certains milieux, doit susciter des craintes. La véritable transition démocratique réside non pas dans le genre d’institutions en place, mais dans la redéfinition de leurs fonctions politiques et le plein exercice de leurs attributions. Ceci est valable pour les deux Chambres du Parlement.

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