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Huit secousses en une semaine: Pourquoi la terre tremble-t-elle à Al Hoceima ?

© D.R

Au moment où tous les regards sont braqués vers le Sud du Maroc et les «secousses» diplomatiques que connaît cette région, le Nord tremble. Littéralement.

Des secousses ayant atteint 5,8 degrés sur l’échelle de Richter se sont succédé à raison de deux trépidations par jour pendant les vendredi, samedi et dimanche, suivies d’une journée de répit pour reprendre mardi et mercredi. L’Institut national de géophysique (ING) indique que l’épicentre de ces mouvements est repéré à chaque fois au large d’Al Hoceima et Nador.  ALM a cherché à savoir pourquoi cette zone serait plus exposée que d’autres et pourquoi cette montée violente en fréquence. Explications.

Toutes les caractéristiques géologiques font que la zone Al Hoceima-Nador soit sujette aux secousses. «Cette région est située dans le Rif qui est une chaîne de montagnes liée à une formation de chaine de montagnes suite à la collision de deux plaques tectoniques. Ce qu’on appelle l’orogenèse alpin», nous explique Mohammed Magoua, cadre géologue à l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM). Concrètement, le bassin de cette région n’est autre qu’une chaîne de montagnes en pleine constitution. L’activité tectonique y est donc naturellement élevée. A cela s’ajoute le fait que cette zone est située à proximité d’une cassure importante. «Il s’agit de la faille de Rhiss – Nekor.
Et ce sont les mouvements de cette faille qui provoquent les secousses en question», précise la même source.

Un phénomène imprévisible

Par ailleurs, si les sismologues ont trouvé des explications quant à la fragilité de cette zone, les technologies dont ils disposent ne leur permettent pas à ce jour de justifier cette augmentation subite des fréquences des secousses. C’est le directeur du Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST), Driss Aboutajdine, qui nous le confirme. «Personne ne pourra vous donner une explication à l’augmentation des fréquences des secousses ou alors par rapport aux risques à venir.
Ce que l’on sait, et ce qu’on a toujours donné comme explication, c’est que la zone d’Al Hoceima est une zone d’activité. Le rapprochement des plaques y provoque ce genre de secousses telluriques que l’on peut confirmer par des mesures. Il n’est pas possible de prévoir ce phénomène. Notre rôle est de pouvoir le détecter, en mesurer la magnitude et la profondeur et communiquer cela aux autorités», a-t-il fait savoir.

Le directeur du CNRS explique également que si l’on remonte dans l’histoire, on constatera que ce qui s’y déroule aujourd’hui est tout sauf nouveau. Cette zone a toujours connu des périodes actives de ce genre. Les phénomènes tectoniques étant très aléatoires, ces périodes peuvent durer un mois, deux ou trois mois avant de céder la place à une phase de stabilité pour ensuite revenir. «Malheureusement dans ce domaine, il n’est toujours pas possible de prévoir les secousses. Les Japonais qui sont très avancés dans leurs recherches ainsi que les Américains, également concernés par une forte fréquence de secousses, ne pourront ni prévoir ni expliquer cela», ajoute-t-il, balayant d’un revers de main la possibilité que les solutions se trouveraient ailleurs.

Les risques à venir ne sont pas prévisibles mais bien d’éléments permettraient de les clarifier. Comme expliqué par Amina Chikar, professeur des sciences de la vie et de la terre, «la plaque africaine se déplace vers le nord. La région d’Al Hoceima et Nador se situe à la limite avec la plaque eurasienne (Europe-Asie, ndlr) qui, elle, fait barrage au déplacement de la plaque africaine faisant ainsi de cette région un point de collision». Autrement dit, plus on avance dans le temps plus la plaque africaine fonce dans la plaque eurasienne et plus il y aura d’autres foyers sismiques. Elle ajoute à ce titre : «Malheureusement, nous n’avons pas assez d’éléments pour pouvoir développer un programme pour prédire ce phénomène. Les scientifiques s’accordent à dire que la plaque se déplace avec une vitesse de 2,15 cm/an sans pour autant savoir quand l’impact le plus grave peut avoir lieu».

Tout compte fait, les avancées technologiques permettent de prévoir de quelques minutes à quelques heures les secousses telluriques sans pour autant pouvoir s’y fier avec exactitude. «Dans la plupart des cas il ne se passe rien. Et le gouvernement évite ce genre de publication pour éviter la panique», confie la même source à ALM.
Une chose est sûre, dans de telles circonstances, esquiver l’affolement relèverait du mythe. Pas loin  que jeudi, les autorités ont fait état de vingt-six cas d’évanouissement dus à la panique dans des établissements scolaires dans les provinces d’Al Hoceima et Driouech, suite à la secousse tellurique survenue mercredi après-midi au large d’Al Hoceima et Nador.

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