Société

Ifrane garde son cachet exceptionnel

«Dans quelques années, les grandes stations touristiques seront celles qui auront su affirmer leur différence. Des villes plus ensoleillées, avec des plages plus vastes, il en existe beaucoup. Mais des villes qui ont le cachet d’Ifrane, il en reste très peu», prophétise presque à chaque sortie Lahcen Laalam, gouverneur de la province d’Ifrane. En effet, la ville garde son cachet exceptionnel. Le grand intérêt que manifestent les investisseurs étrangers, ces dernières années, pour la région donne raison aux gestionnaires de la ville de défendre le « label Ifrane ». Ils sont désormais nombreux les étrangers qui sont tombés sous le charme de « la belle Ifrane » et de ses énormes potentialités naturelles : des Finlandais étudient depuis une année la possibilité de créer un village alpin ; des Espagnols s’intéressent aussi au développement des stations de ski et des Français projettent l’édification de complexes touristiques, notamment pour accueillir les athlètes de haut niveau et un parc animalier. Les Marocains ne sont pas en reste : plusieurs projets touristiques sont en cours de réalisation, notamment des résidences et autres maisons d’hôtes.
L’enveloppe budgétaire pour ces nombreux projets est estimée à environ 60 milliards de centimes. Pour accompagner et entretenir cet intérêt international, les gestionnaires d’Ifrane favorisent l’ouverture et nouent des relations d’échange avec des villes étrangères aux potentialités identiques, le but étant de profiter de leurs expériences. Pour Abdessalam Boulehbib, président du conseil municipal d’Ifrane, «on ne peut continuer à s’enfermer sur soi et espérer réussir des projets de développement au standard des pays avancés. Il faut voir grand, libérer la ville de ces carcans et chercher d’autres débouchés tout en défendant son identité ; c’est notre objectif pour Ifrane». Dans cette perspective, un pont a été jeté entre Ifrane et la ville d’Alès, au sud de la France. Entre les deux villes, les choses avancent sérieusement : la délégation cévenole et son homologue marocaine ont déjà établi un plan d’action pour concrétiser ce rapprochement culturel et économique. L’axe propriétaire de cet échange concerne deux dossiers : l’assainissement et la gestion du parc d’Ifrane.
D’autres voies sont aussi empruntées : la création d’un lien numérique entre la médiathèque et l’école des Mines et l’Université Al Akhawayn, la création d’un guichet unique à l’image du Myriapôle et l’examen de la possibilité d’édifier des projets de compactage et de mise en briquettes pour le chauffage dans le cadre de la mise en valeur des produits forestiers du parc national d’Ifrane. Dans cet échange, « l’effet Al Akhawayn » est manifestement ressenti. Bien entendu, ces projections de l’avenir ne pourraient cacher les grands déficits en infrastructures de base et en animation. La province d’Ifrane ne compte pas plus de 11 unités hôtelières dont la capacité d’hébergement ne dépasse pas 1052 lits. Les colonies de vacances et résidences appartenant aux oeuvres sociales de différentes administrations ont, quant à elles, une capacité de 1014 lits mais ne profitent pas à tous les touristes.
Cette situation favorise la prolifération du phénomène « des résidences clandestines » et le séjour chez l’habitant avec des conditions d’accueil et d’hygiène qui laissent à désirer. D’ailleurs, de nombreux athlètes de renommée internationale ont dû renoncer à s’entraîner à Ifrane à cause notamment de l’absence de centres d’accueil adéquats, alors que d’autres ont préféré construire leurs propres maisons ou acheter des appartements sur place. C’est dire le potentiel touristique que constitue Ifrane pour les investisseurs : des richesses inexploitées et un secteur éco-touristique encore en friche. Les étrangers l’ont compris …

• Mohamed Ezzine
Correspondance régionale

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