Société

Il le tue au nom de l’honneur

Nous sommes le jeudi 6 mai 2004. Quelques éléments de la police judiciaire de Sidi Bernoussi-Zenata interrogeaient des mis en cause impliqués dans quelques affaires et entendaient des plaignants et des témoins dans leurs bureaux, tandis que les autres enquêtaient sur le terrain pour tirer d’autres affaires au clair.
Un appel téléphonique qui semble important est arrivé à la salle de trafic.
En un clin d’oeil, le standardiste a raccroché pour composer le numéro de poste de son chef. Quoi de neuf ? Le corps d’une personne de sexe masculin est découvert dans son appartement au quartier Al Baïda II, Hay Al Qods, à Sidi Bernoussi.
Les limiers de la brigade criminelle se sont rapidement dirigés vers le lieu indiqué. Ils ne pensaient qu’à une chose : mettre la main le plus tôt possible sur l’auteur du crime. Il faut d’abord identifier la victime. Il semble que cette tâche sera très facile puisqu’il a été tué dans son appartement. En conséquence, ses voisins le connaissent et savent au moins son nom. Sur les lieux, les badauds sont déjà là, attroupés devant la porte de l’immeuble et d’autres ont déjà gravi les marches pour se tenir debout devant la porte de l’appartement.
Quelques éléments de la police judiciaire ont commencé à les disperser et à les pousser loin de l’immeuble et de l’appartement, alors que les autres y sont déjà entrés pour entamer d’abord le premier constat d’usage : l’appartement est bien meublé et équipé, mais du sang entache plusieurs coins.
À l’intérieur de la chambre à coucher, un corps d’une personne de sexe masculin, gisant dans une mare de sang, criblé de blessures d’arme blanche et égorgé comme un mouton. Un calepin et un stylo à la main, le policier qui rapporte tous les détails du constat et des témoignages consignait tout ce qu’il remarquait. De qui s’agit-il? demande le chef de la brigade criminelle aux voisins. Il s’appelle Redouane. C, âgé de trente-trois ans, cadre dans une société, célibataire.
Il entretenait des relations avec plusieurs jeunes hommes. Ces derniers passaient des jours et des nuits chez lui. Pourquoi ? Il est homosexuel. Qui était chez lui la dernière nuit de sa vie, à savoir le jeudi 6 mai ? Personne ne sait au juste, parce que ses voisins ne l’avaient pas remarqué quand il est entré, ce jour chez lui, ni celui (ou ceux) qui était en sa compagnie.
Sous les instructions du parquet général, le cadavre est évacué vers l’hôpital médico-légal d’Aïn Chock pour l’autopsie.
Depuis, les investigations ont été menées méticuleusement. Mais il semble qu’il n’est pas facile de tirer cette affaire au clair, parce que l’auteur n’a laissé aucune trace ni indice.
Entre-temps, quelques documents ont été découverts à Hay Al Farah, préfecture Derb Soltan-El Fida. Qui les a emmenés de Sidi Bernoussi à Hay Al Farah. L’examen des documents a permis aux enquêteurs de découvrir le numéro de téléphone d’un coiffeur à Hay Al Farah.
Pourrait-il avoir une relation avec ce meurtre ? Ciblé par les investigations policières, il s’est avéré qu’il entretenait une relation avec un jeune qui vient de faire la connaissance du défunt. Ce dernier l’avait emmené chez lui à deux reprises. Pourquoi ? Le coiffeur leur a confirmé qu’il est homo. Et le jeune ? « Je ne sais pas », répond le coiffeur qui a donné le nom, le prénom et les signalements du jeune.
Les recherches se sont accentuées et ont mené à l’arrestation du jeune, samedi 22 mai. Il s’agit de A.M, âgé de 17 ans (mineur selon la loi), célibataire et sans profession. Est-il vraiment l’auteur du crime ? A.M a reconnu l’avoir commis, sans regret.
Les enquêteurs ne se sont pas étonnés, parce qu’ils se sont habitués à ce genre de personne, qui perpètre son crime, non pas avec plaisir, mais sans regret. La raison? A.M défendait son honneur. Il avait accompagné la victime, cette nuit du 6 mai, pour passer quelques bons moments ensemble en s’enivrant.
A.M n’avait l’intention que de picoler et rien d’autre, bien qu’il savait que Redouane était un homo. Seulement, il a perdu conscience un moment plus tard. Il semble que Redouane lui aurait mis un somnifère dans la bière pour abuser de lui.
Le matin, A.M a découvert qu’il était sodomisé. Enragé, il a saisi un couteau et a criblé le corps de son ami par des blessures avant de l’égorger puis de s’enfuir.
Lundi 24 mai, les enquêteurs ont procédé à la reconstitution du crime avant de traduire le mis en cause devant le juge d’instruction près la Cour d’appel de Casablanca poursuivi pour homicide volontaire.

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