Société

Infanticide et suicide à Rabat

© D.R

Incontestablement, Hicham était dans un état second, cet après-midi du lundi 4 octobre. Sinon, est-il concevable qu’un père de famille puisse égorger ses deux enfants et se donner la mort ensuite en se suicidant également ? Sans doute, un pareil fait divers dépasse l’imagination. Toutefois, il s’est produit effectivement et successivement dans deux quartiers résidentiels de Rabat, à savoir la rue Tansift, au quartier Agdal et rue Abdelmoumen, au quartier Hassan. Comment et dans quelles circonstances s’est déroulée la scène de ce crime macabre ? Certes, si la personne suicidaire n’a laissé aucun écrit expliquant et justifiant son acte, bien qu’un pareil acte n’est jamais justifié, il disparaît avec la réalité de ses comportements. De son côté, Hicham, âgé de trente-deux ans, n’a laissé aucune trace pour expliquer son acte criminel contre ses deux enfants et contre soi même. Seulement, ce qui est certain est qu’il a été soumis depuis pas moins de quelques mois à des traitements psychotriques chez deux psychiatres. Pourquoi ? Une enquête policière est menée par les éléments de la police judiciaire de Rabat pour répondre entre autres à cette question.
En effet, il était 13h de ce jour de lundi, quand le téléphone portable de l’épouse de Hicham a sonné. Elle rentrait de son emploi pour préparer le déjeuner à son époux et ses deux enfants, une fille de huit ans et un garçon de sept ans. Qui est à l’appareil ? C’est son mari. Sur un ton anormal, il lui a lancé une mauvaise nouvelle. “ Tu vas trouver tes enfants égorgés à la maison“, lui a-t-il dit. En entendant la phrase, son cerveau s’est glacé de terreur et une décharge électrique a parcouru sa colonne vertébrale. Croit-elle ses oreilles ? Il pourrait le faire, pense-t-elle. D’abord parce qu’il suit des traitements psychotriques et d’autre part, comme elle l’a remarqué, son état est devenu dépressif au point qu’il est devenu incapable de prendre du plaisir. Il est devenu esclave d’un sentiment de désespoir et de tristesse intense,constamment angoissé. Avait-il un problème avec elle ? La réponse est affirmative, explique une source policière. Mais, pas au point de le pousser à égorger ses deux enfants, ajoute la même source. De quel problème s’agit-il ? Hicham s’oppose au travail de son épouse. Il ne veut plus qu’elle continue à travailler. Soupçonne-t-il ses comportements ? Non, il savait qu’elle ne le trompait pas et qu’elle est bien éduquée. Elle croit à son indépendance et son autonomie matérielle et personnelle. Avait-il la certitude ou l’impression d’avoir épuisé avec elle tous les moyens pour résoudre ce problème avant de se venger en tuant ses enfants et en se donnant la mort ? Cette question d’emploi n’aura aucune relation avec son acte criminel, répond une source policière qui se charge de l’affaire. Mais elle a confirmé que Hicham avait des “problèmes familiaux et psychologiques“.
En rentrant chez elle, à la rue Tansift, quartier Agdal, alors qu’elle était hors d’elle, l’épouse a découvert ses deux enfants corps sans âme, baignant dans une mare de sang. Et Hicham ? Il n’est plus chez lui. Où est-il passé ?
Après avoir perpétré son acte contre ses deux enfants, Hicham a emprunté le chemin de son travail, situé à la rue Abdelmoumen, quartier Hassan, armé du couteau avec lequel, il avait égorgé ses deux enfants. D’abord, en ce temps, l’orfèvrerie, où il travaille est fermée. Ses collègues sont partis depuis plus d’une heure chez eux pour déjeuner. Il y est arrivé à pied ou à bord d’un véhicule ? Aucune réponse. Seulement, ce qui est certain est que Hicham a décidé d’aller jusqu’au bout.
Disposant des clés du petit atelier relatif à la fabrication des bijoux en or, Hicham a ouvert la porte et est entré calmement, sans bruit et sans attirer l’intention de personne. Pourquoi faire? Lui seul savait.
En retournant à leur travail, ses collègues l’ont découvert corps sans âme. Il s’est suicidé en s’égorgeant par le même couteau avec lequel il a mis fin à la vie de ses deux enfants. Son propre corps et ceux de ses deux enfants qui étaient, hier, encore à la morgue, devaient être enterrés le même jour, laissant derrière eux un tas d’interrogations sans réponses.

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