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Israël : Continue Arik Sharon !

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La fin du désengagement de Gaza et du Nord de la Cisjordanie, a permis à plusieurs analystes de déclarer : «Une légende s’est effondrée la semaine dernière, à savoir, la menace d’une guerre civile, en Israël, en cas de tentative de démantèlement des colonies», comme Yoel Marcus, dans le quotidien Haaretz. Dans le même journal, Uri Shavit parle d’un film fantastique, dans lequel «les évacués, comme les évacuateurs, avaient bien l’impression de vivre un film». Les extrémistes politiques et les dirigeants «messianiques» terrifiaient le public israélien. Ils se sont révélés de simples tigres en papier, en moins de sept jours, après l’évacuation de 25 colonies et de 10.000 colons, sans aucune victime. Avec un slogan, philosophique, du chef de l’état- major, Général de l’Armée israélienne, Dan Hahaloutz «Sensibilité et détermination», une force publique, d’une dimension considérable, a été mise en place sans armes. Elle a fait ses preuves et s’est imposée, aussi, comme la force de dirigeants potentiels du pays.
Pourtant, il y avait quelque chose «d’irréel et d’inimaginable», dans les sept jours du mois d’août 2005. Les maisons ont disparu, des communautés (religieuses et économiques) semblant pleines de vie, ont éclaté dans toutes les directions. Et voilà la puissance d’une armée qui apparaît, à présent, comme la vraie «puissance de l’Etat». Certes une colonie, un village était né du sable. Qu’il y retourne. Car la colonisation de Gouch Katif (la zone des colonies au Sud de Gaza) était, probablement dès le départ, une erreur. Donc il n’était que naturel, a affirmé Uri Shavit, «qu’il n’en subsiste aucune trace. C’est un épisode passager…».
Le vrai héros est Sharon qui a pris l’initiative du désengagement, – bien qu’unilatéral-, et l’a réalisé. Il a brisé le mythe créé par les colons, en très grande majorité des religieux, prétendant qu’un Etat laïc n’était pas en mesure d’imposer son autorité démocratique sur le «camp messianique» (celui de ceux qui font de leur vie la seule attente du Messie). Plus important, peut-être, Sharon a réussi à établir un précédent pour l’application, à l’avenir, de décisions les plus difficiles sur le tracé des frontières. Le choix politique s’est affirmé comme celui des autorités compétentes et non pas de ceux qui se prétendent des «envoyés de Dieu».
Ceux qui parlent d’un film de cinéma, disent ne pas avoir aimé la sensiblerie. Ceux qui, depuis une trentaine d’années, parlent des souffrances des Palestiniens n’ont pas admis le thème d’une «souffrance juive». Mais d’autres, ne tarissant pas la description des horreurs de l’occupation territoriale et militaire, ont estimé qu’il n’y avait plus de place pour la seule douleur de l’évacuation, note Uri Shavit.
C’était un drame sentimental dans lequel même des soldats ont pleuré. Certes, cela ne touchait pas que les 10 ou 8000 personnes qui n’auraient jamais dû être là. Qu’ils ont un Etat où revenir et qu’il ne s’agit, donc pas d’une «catastrophe». En réalité, cette évacuation militaire d’une population utile, peut-elle écarter le danger d’une militarisation du pays, de l’Etat ? Le danger de déchirure de la structure d’un peuple, ne doit pas empêcher d’entamer, avant tout, la négociation. Les rebelles et les extrémistes du parti politique de Sharon, le Likoud, ont juré d’avoir la peau de leur président et de l’écarter, au plus vite, de la tête du gouvernement. Insulté par les fanatiques, Ouzi Landau ou Efi Eitam, aucun député du Likoud à la Knesset (le Parlement), n’a pris sa défense. Sharon a pu faire l’admiration du président Bush et des dirigeants européens alors que son honneur était bafoué et son statut ébranlé au sein de son propre parti. Et le fait, selon les sondages que Benyamin Netanyahou, voire même Ouzi Landau, pourrait battre Sharon, indique la régression d’un parti considéré, jusque-là, comme modéré et majoritaire…
Avec la réussite du désengagement, une grande chose est arrivée: «la majorité du peuple israélien s’est réalisée», par l’intermédiaire de la police et de l’armée. Les Israéliens se sont libérés des contraintes d’une minorité religieuse ou d’extrême droite fanatique.
Celle qui, pendant plus de 30 ans, a voulu s’imposer à une majorité laïque. Celle qui n’a pas réussi à imposer un « Eretz Israël» (Le Grand Israël) à un simple Etat d’Israël légitime et démocratique. En un mot, le nationalisme et la souveraineté étatique, ont su tempérer, «le nationalisme fondé sur la seule terre des ancêtres». C’est pourquoi la majorité des colons est partie la tête baissée, en confirmant que la réalisation du désengagement de Gaza et du Nord de la Cisjordanie répondait à une véritable volonté populaire. Une véritable volonté de souveraineté d’un Etat démocratique de se libérer d’une occupation territoriale et militaire.
Dans nombreux de ses aspects, affirme Uri Shavit, le désengagement a renforcé l’Etat israélien. «C’est justement l’énorme difficulté de l’application de cette mission surréaliste qui a prouvé la vitalité d’un Etat et de ses institutions ». Et, surtout probablement, la capacité de sa population de vivre en commun malgré des divergences profondes… Le désengagement a été, certainement, un combat d’identités et non de guerre civile. Il faut croire, ainsi, que l’Etat, en 2005, est encore une culture en formation. Il ne s’agit pas seulement, pour un Etat laïc, d’imposer son autorité démocratique sur le «camp messianique». Il est déjà établi, dans l’avenir, des décisions considérées, jusque-là, difficiles sur le tracé des frontières définitives. Sharon, au-delà de tous les avis, ne divisera pas officiellement et structurellement son parti. Il a toute la possibilité de prolonger son pouvoir au Likoud, comme à la tête du gouvernement. Jusqu’à la date légale de nouvelles élections, en novembre 2006, personne ne pourra réunir 61 voix sur 120 au Parlement actuel, pour le faire tomber. Il devra prévoir, après la démission inconsidérée de Netanyahou du ministère des Finances, des amendements sociaux au profit des pauvres, dans le projet du budget de l’Etat mais aussi, de revenir à des négociations avec l’Autorité palestinienne, – en laissant de côté les prétentions unilatérales-, pour fixer des frontières définitives, selon les prescriptions de l’étape finale de «la feuille de route».
La majorité du peuple israélien qui soutient Sharon, croit, selon Yoel Marcus, s’exclamer «Continue Arik !». Sans pour autant oublier les affaires de corruption de ses fils, ni, pour beaucoup, les horreurs de son passé…

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