Société

Jamaâ El Fna ne s’en laisse pas conter

© D.R

La place populaire et artistique Jamaâ El Fna, située au cœur de la médina de Marrakech, a été samedi 24 décembre le théâtre d’un sit-in, observé par certains animateurs à savoir des acrobates, des montreurs d’animaux, des charmeurs de serpents et tatoueurs au henné. Ces derniers ont manifesté leur mécontentement pour attirer l’attention des responsables locaux sur les conditions de l’exercice de leur activité. Et surtout pour demander de bénéficier du fonds du Conseil communal de Marrakech, récemment mis en place en faveur des conteurs. "Lors de la session d’octobre 2005, le Conseil communal a décidé de mettre en place un fonds de 40.000 dirhams en faveur des conteurs de la place Jamaâ El Fna. L’objectif est de sauvegarder le patrimoine oral de cette  place séculaire. Une association a été récemment créée dans ce sens. Elle regroupe les conteurs de la “Halka”. Ces derniers apprennent à des jeunes le métier de conteur et leur lèguent cet héritage. C’est une façon pour garantir sa perpétuité et ainsi de veiller à ce que ce patrimoine oral ne disparaisse pas. En contrepartie, ils reçoivent des allocations mensuelles", affirme Mohammed Hor, 2ème vice-président du Conseil communal de Marrakech. Et d’ajouter : " Les charmeurs de serpents et les tatoueurs au henné ne font pas partie de ce patrimoine oral. Par conséquent, ils ne peuvent pas bénéficier de ces subventions. Toutefois, nous sommes prêts à les aider et à les assister s’ils respectent les mesures prises pour les encadrer.".
Par ailleurs, la place Jamaâ El Fna, proclamée en 2001, par l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) à la fois "patrimoine oral et immatériel de l’Humanité" et "patrimoine mondial" devait profiter d’un programme d’action élaboré par l’UNESCO. Cependant, quelques années après son lancement, l’association qui avait la charge d’exécuter ce plan, en l’occurrence l’Association de Jamâ-El-Fna, s’est désengagée de la poursuite de ce projet. "Après la reconnaissance officielle internationale de la place Jamaâ El Fna comme patrimoine oral et immatériel de l’Humanité, l’UNESCO a élaboré un programme d’action en faveur de cette place qui a charmé le monde et qui continue de séduire des milliers de touristes nationaux et étrangers. L’organisation internationale a accordé à notre association une somme de 225 000 dirhams pour la mise en œuvre de ce plan dont l’objectif principal est la préservation du patrimoine. Il était question d’établir une étude sur le terrain, de collecter et d’archiver tous les documents concernant cette place ancestrale. Le programme prévoit également la création d’un site Web pour mieux faire connaître la place, son histoire et ses composantes à travers des documents photographiques et des récits de voyages. Il était également question de mener des actions de sensibilisation auprès de jeunes étudiants dans les collèges et les universités pour rapprocher la place Jamaâ El Fna du jeune public.", explique Mustapha Zine, président de l’Association de Jamaâ El Fna. Les premières étapes du programme ont été traduites en action sur le terrain, toutefois, face au manque de ressources humaines, l’association a été obligée de se désengager du projet. "Nous avons pu organiser un colloque sur le patrimoine oral de la place Jamaâ El Fna et des concours annuels destinés aux conteurs. Les meilleurs conteurs recevaient des prix allant de 1000 à 30 000 dirhams. Cependant, la tâche s’est avérée difficile. 
La poursuite des actions nécessite d’importantes ressources humaines. Nous n’avons pas pu continuer. C’est pourquoi nous avons clôturé nos comptes, il y a deux mois de cela. Les dépenses sont de l’ordre de 100.000 dirhams. Le reliquat de la somme initiale, 125 000 dirhams, a été remis à l’UNESCO.", ajoute-t-il.
La place Jamaâ El Fna est le symbole vivant de la ville ocre. Les voyageurs vantent depuis longtemps son cosmopolitisme et sa vitalité. Elle constitue un véritable carrefour culturel et un lieu privilégié de rencontres. Cette place a de tout temps représenté le point d’attraction des visiteurs de la ville de Marrakech. C’est un espace de spectacles et de loisirs, qui attire sans cesse des visiteurs venus de tous les coins du monde pour assister aux spectacles animés par les charmeurs de serpents, les dresseurs de singes, les conteurs, les musiciens et d’autres artistes populaires. En l’absence d’une stratégie globale pour la préservation de ce patrimoine, cette place risque de perdre son prestige.

Articles similaires

SociétéUne

Alerte météorologique: l’ADM appelle à la vigilance sur l’axe autoroutier Meknès-Oujda

La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a appelé les usagers...

SociétéSpécialUne

Plus de 28.000 nouveaux inscrits en 2022-2023 : De plus en plus d’étudiants dans le privé

L’enseignement supérieur privé au Maroc attire des milliers de jeunes chaque année.

SociétéSpécial

Enseignement supérieur privé : CDG Invest entre dans le capital du Groupe Atlantique

CDG Invest a réalisé une prise de participation de 20% via son...

SociétéUne

Enseignement supérieur: La réforme en marche

Le digital occupe une place de taille dans la nouvelle réforme du...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux