Société

Jamais le dossier marocain n’a été aussi solide

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ALM : Quel est l’état des lieux de la campagne marocaine pour l’organisation de la Coupe du monde ?
Saâd Kettani : Lorsque j’ai eu l’honneur d’assumer cette lourde responsabilité, je vous avoue que j’ai eu un tract terrible face au poids de la charge qui m’a été confiée. Mais avec le recul d’une année je constate, grâce à Dieu, que le chemin parcouru est considérable puisqu’on a accompli 95% de nos objectifs. On l’a bien fait car je pense qu’il n’y a pas eu d’erreurs commises, puisque l’équipe est satisfaite de sa prestation. Ce qui ne veut pas dire que nous garantissons le résultat parce que tout simplement cela ne dépend pas de nous puisque notre candidature est soumise à un vote.
Mais il faut absolument insister sur une chose importante, c’est que ce travail n’aurait jamais pu être mené convenablement s’il n’y avait pas une mobilisation générale de tous les décideurs marocains. Il faut signaler de prime abord le soutien de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et de tout son entourage qui nous a été d’un précieux apport. Des instructions ont été données à tous les décisionnaires et les administrations concernés pour nous prêter main forte à tous les niveaux. Au niveau du gouvernement, je voudrais mettre en valeur l’apport du Premier ministre Driss jettou, qui a été d’une efficacité remarquable.
Je tiens donc à rendre un vibrant hommage à cet homme. Il lui arrive de me contacter trois à quatre fois par jour pour faire le suivi avec moi. Tout cela pour vous dire que le travail de coordination avec les différentes composantes était total et parfait. Sans cela je n’aurais pas pu avancer avec mon équipe, et effectuer le travail qui a été fait jusqu’à maintenant, pour vendre l’image du Maroc nouveau. Cette cohésion et ce soutien ont été effectifs aussi bien de la part de la FRMF et notamment de son président le général Housni Benslimane qui nous accompagne d’une manière permanente. C’est comme ça qu’on a réussi à faire notre travail comme il se doit et à mobiliser l’opinion publique marocaine et à crédibiliser notre dossier à l’extérieur. Donc aujourd’hui nous avons élaboré un dossier technique qui s’est avéré extrêmement compétitif. Ce dossier qui est d’excellente qualité et de standard international répond à l’ensemble des attentes de la FIFA que nous avons préalablement étudiées.
La commission d’inspection de la FIFA a confirmé la qualité de notre dossier. Ce qui nous a permis de nous libérer pour aller faire du lobbying à travers la planète et notamment chez les pays votants. On a fait presque deux fois le tour du monde jusqu’à maintenant. Et l’on a créé partout un courant de contact, de sympathie, de respect et de confiance.
Qu’est-ce qui différencie votre approche des candidatures précédentes ?
Honnêtement, je ne fais pas de comparaison parce que je construis mon travail sur celui des dossiers précédents. Par principe je ne détruis jamais les archives. Je considère que c’est un mauvais départ que de commencer par renier et critiquer le travail de ses prédécesseurs pour faire valoir le travail que nous allons faire. Partout ailleurs et dans tous les secteurs, on trouve un bilan avec son actif et son passif. Il suffit d’avoir un brin d’intelligence pour penser à retenir le côté positif et à tirer les enseignements de tout ce qui est négatif. Et puis pour être franc : chaque dossier a ses conditions avec ses concurrents, sa conjoncture extérieure. Aujourd’hui la concurrence se limité à quelques pays africains et le Maroc a beaucoup évolué par rapport aux candidatures précédentes.
Mais il y a quand même le style Kettani, l’homme et le gestionnaire ?
C’est indéniable. Chacun apporte son style. Moi je travaille avec une nouvelle méthode, mais j’ai aussi bénéficié de cet environnement qui est aujourd’hui nettement plus favorable.
Disons que vous usez du marketing agressif des Américains qui constituent le gros de vos troupes ?
Avant de faire du marketing, il faut disposer d’un bon produit à vendre qui correspond à la demande. Donc il fallait d’abord qu’on étudie le marché, pour voir quel produit il fallait lui offrir et il a fallu concevoir le bon produit qui est le dossier et le circuit et ensuite il a fallu le promouvoir en utilisant les bons canaux de distribution.
Le match contre la Suisse ?
Moi je dis toujours que la vie est un bilan constitué d’un actif et d’un passif. Il faut donc garder le sens de la réalité et savoir que dans une campagne aussi complexe que nous menons il est normal que de temps en temps qu’il puisse y avoir de petits impairs. L’essentiel, c’est que ces impairs ne remettent pas en question le projet global et puis il faut ensuite en tirer immédiatement les enseignements pour corriger. Faire en sorte que cela ne se répète plus. Le petit incident survenu dans le match amical contre la Suisse illustre cette situation.
Le fait que des entreprises dénoncent des irrégularités dans l’attribution des appels d’offres des tableaux d’affichage des stades ne vous gêne pas ?
Je suis absolument convaincu que les choses de l’Administration marocaine se déroulent d’une manière assez transparente. Donc je pense que chacun essaie de faire du mieux qu’il peut et je ne suis pas bien placé pour me prononcer sur ce sujet même si j’estime que là aussi des impairs peuvent se produire. Ce qui m’intéresse le plus c’est que les infrastructures soient réalisées et que l’on rentre bien dans les délais. A ce niveau, nous assurons de très près le suivi de ces différents chantiers à travers une communication régulière des services concernés. Jusqu’à aujourd’hui tout semble aller dans le bon sens et la transparence totale.
La diplomatie parallèle suit-elle aussi votre campagne?
Bien sûr, il faut avoir un dossier compétitif encore faut-il savoir le promouvoir auprès des votants. Il y a des votants directs qui sont la cible première mais il faut aussi approcher l’environnement des votants. Il a fallu donc systématiquement peaufiner tous les canaux sans qu’il y ait de redondance tout en profitant de notre diplomatie pour tourner à notre avantage la relation entre le politique et le votant. Dans ce domaine, notre équipe et nos diplomates ont travaillé cas par cas selon l’environnement politique.
C’est bien de communiquer avec la presse nationale, mais ne faut-il pas le faire plus régulièrement avec la presse étrangère pour être plus percutant à l’étranger ?
Nous le faisons régulièrement d’une manière qualificative et quantitative. Nous avons reçu quatre médias composés des plus grands journalistes du monde qui ont fait le même parcours que la commission d’inspection de la FIFA à travers huit villes. Ce qui est encore plus important, c’est que nous gardons contact avec tous ces journalistes qui continuent à faire le suivi du dossier marocain. Je suis convaincu que notre dossier demeure cohérent et compétitif. Je suis optimiste quant à la suite qui sera donnée à la candidature du Maroc.

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