La banane est en voie de disparition. Le fruit le plus populaire dans tous les supermarchés du monde pourrait disparaître d’ici une dizaine d’années, selon les chercheurs, car elle manque de diversité génétique pour résister aux assauts d’une maladie qui a ressurgi avec virulence sur plusieurs continents. «Depuis 4 ou 5 ans, une nouvelle souche de la maladie dite de Panama est réapparue en Asie.
Si cette maladie, qui a déjà gagné l’Australie et l’Afrique du Sud, venait à ravager les plantations d’Amérique latine et des Caraïbes, on arriverait à une extinction de la Cavendish, unique variété d’exportation, d’ici une dizaine d’années», a expliqué Emile Frison, phytopathologiste à l’INIBAP, Réseau international pour l’amélioration de la banane et de la banane plantain, à Montpellier.
Cette maladie avait, il y a cinquante ans, eu raison de « Gros Michel, la seule variété d’exportation existant à l’époque, qui avait été découverte par des botanistes français, en Asie dans les années 20 ». L’autre maladie de la banane, la Sigatoka, qui attaque les feuilles du bananier, est, pour cette raison, plus facile à traiter. Un demi-milliard d’hommes, en Asie et en Afrique, dépendent de la banane comme source essentielle de calories.
On compte 6 groupes de variétés, chacune génétiquement homogène. La banane existe depuis au moins 9.000 ans, comme en attestent des fragments fossilisés de feuilles de bananiers trouvés en Papouasie-Nouvelle Guinée dans des sédiments.
Parmi les aliments de base, la banane est la quatrième culture dans les pays tropicaux, derrière le riz, le blé et le maïs. «Il faut rechercher des variétés résistantes, ce qui est particulièrement difficile car les bananes sont entièrement ou partiellement stériles; elles se reproduisent grâce aux rejets qui prennent la relève à la base du plant lorsque le régime est récolté. Or il n’existe que 5 personnes au monde qui travaillent sur l’amélioration génétique de la banane par croisement classique, qui n’est possible que dans le cas des variétés non entièrement stériles », par une méthode très aléatoire de pollinisation manuelle, regrette le chercheur.