Société

La boucherie de Tétouan

Tétouan, la place Al Adala, juste près du siège de la wilaya. La Cour d’appel était calme, ce matin du mardi 18 février. La salle d’audience de la Chambre criminelle est déjà archicomble. Les éléments de la police veillent sur l’organisation de la salle. Les avocats feuillettent leurs dossiers ou causent entre eux, en attendent l’ouverture de l’audience.
Neuf heures sonnent. Les détenus entrent dans la salle d’audience sous la surveillance de policiers. Le code de la procédure pénale interdit qu’un détenu soit menotté devant les juges. Le président de la Cour, suivi de ses quatre assesseurs, du représentant du procureur du Roi et du greffier, font leur apparition pour prendre leurs places. D’un dossier à l’autre, les deux brigadiers, Ahmed Chichou et Mohamed Fateh, la trentaine, se tiennent debout derrière le détenu qui avance vers le box des accusés.
Vers dix heure quinze minutes, le président de la Cour ouvre un dossier et appelle : «Dossier n° 79/2003, le mis en cause Brahim Cherki…».
Un jeune colosse de vingt-cinq ans avance vers le box des accusés. Il n’est pas un détenu ordinaire et simple comme les autres. Son dossier est très lourd et il risque la peine de mort. Pourquoi ?
C’est en début de 2002 que Brahim Cherki avait tué, à Agadir, un jeune homme. Il a été appréhendé et a été mis derrière les murs de la prison d’Inzegane. Seulement en mars 2002, il a disparu. Il est arrivé à s’évader. Sa destination ? L’enquête menée par les différents services policièrs n’ont mené à rien. Il fallait attendre cinq mois plus tard pour qu’il soit arrêté pour un autre crime à Fnideq : tentative d’homicide volontaire. Quand il s’est évadé de la prison d’Inzegane, Brahim Cherki a pris la destination du Nord du Maroc. Il avait l’intention d’émigrer clandestinement vers l’autre partie de la Méditerranée. Il a cherché à gauche et à droite quelqu’un qui puisse l’aider. Il a pu avoir une promesse contre une somme d’argent. Au fil des jours, il a remarqué que le rabatteur tentait de l’arnaquer. Il ne voulait ni lui rendre l’argent ni l’aider à passer vers l’Eldorado. Et il a décidé de se venger. Il lui a réclamé son argent. Mais en vain. Brahim Cherki n’a pas hésité une seconde à brandir son couteau et lui asséner des coups.
La victime a été évacuée vers les urgences et a été sauvée de la mort. Brahim Cherki a été maîtrisé et soumis aux interrogatoires. Et c’était la surprise totale des enquêteurs quand ils ont découvert qu’ils ont mis la main sur l’évadé d’Inzegane. Il a été mis à la prison de Tétouan avant le début de l’examen de son dossier. Son dossier a été programmé pour le mardi 18 février 2003.
Au moment où il allait s’installer dans le box des accusés, en pleine audience, devant les assistants et les juges, il a surpris les policiers par deux coutelas qu’il a sortis de ses manches. Avec un geste plus rapide que l’éclair, il a asséné un coup au niveau du cou du brigadier Ahmed Chichou, trente-deux ans, père de deux enfants. Lorsque l’autre brigadier, Mohamed Fateh, du même âge que le premier, s’est avancé pour maîtriser Brahim, ce dernier n’a cessé de brandir une fois encore son couteau et lui a lacéré le ventre avant de tenter de prendre la poudre d’escampette.
L’assistance a commencé à paniquer et à courir dans tous les sens, les éléments des forces de l’ordre et des avocats ont sauté de leurs places pour essayer d’attraper Brahim qui voulait encore faire couler du sang et tuer des victimes. Mais il a été enfin maîtrisé. Les brigadiers ont été évacués, aussitôt, vers la clinique Rif pour subir les soins nécessaires.
Seulement, vers 17h du même jour, Ahmed Chichou a succombé à ses blessures. Son collègue, Mohamed Fateh, a été, quant à lui, évacué vers un hôpital de Rabat. Après ce drame, une enquête a été ouverte par le ministère de la Justice qui a dépêché sur place une commission composée de trois présidents de Chambre relevant de son cabinet, de l’inspection générale et de la direction des affaires pénales au sein de l’administration centrale.

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