Société

«La CMR Prépare l’avenir»

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Aujourd’hui Le Maroc : Comment se porte la Caisse marocaine de retraites ?
Mohamed Bendriss Benahmed : La CMR se porte relativement bien. Actuellement, sa situation financière est excédentaire. Elle est même devenue un investisseur institutionnel et un acteur de taille sur le marché financier national. Mais compte tenu des tendances constatées, notamment sur le plan démographique, l’avenir de la caisse nous inspire des craintes. 

Quelle appréciation faites-vous des systèmes de retraite au Maroc ?
D’après les études actuarielles que les régimes ont menées séparément, et compte tenu des débats initiés au sein d’une commission technique instaurée par le Premier ministre, Driss Jettou, pour mener une réflexion sur l’avenir des régimes de retraites, il en découle un constat fondamental. Deux Caisses se portent bien relativement, la CIMR et la RCAR notamment, leur équilibre ne pourrait être menacé qu’au-delà de 40 ans ou plus, alors que les deux autres, la CNSS et la CMR, présentent des risques de déstabilisation à long terme. Ces deux régimes sont de base et couvrent la majorité de la population affiliée marocaine.

Quelle est la nature de ces menaces qui planent autour de ces deux institutions, CMR essentiellement ?
Elles sont d’origine démographique. Pour la Caisse marocaine de retraites, la menace vient du fait que les recrutements qui permettaient d’élargir la population des actifs, lesquels financent les régimes, sont en régression depuis 1983 date de lancement du programme d’ajustement structurel. Par contre, les départs à la retraite dans l’Administration marocaine augmentent plus rapidement. Ce déphasage ne manquera pas de peser sur l’équilibre financier de la Caisse.

Comment pensez-vous, actuellement, faire face à cette situation ?
La réflexion a été amorcée en 1996, année qui a connu le lancement d’une réforme institutionnelle qui a visé la consolidation de la CMR en tant qu’établissement public autonome. Cette réforme comprenait aussi un aspect technique qui avait pour objectif l’abandon de la répartition pure, principe selon lequel les recettes de l’année finançaient les dépenses de la même année. Dans ce système, les prélèvements du côté de la population des actifs servaient à couvrir les pensions des retraités. Il s’agit donc d’une sorte de solidarité entre deux générations. La constitution de réserves n’est pas prévue dans ce système, d’où sa faiblesse. A partir de 1996, deux mesures importantes ont ainsi été prises : d’abord l’abandon de ce système de répartition pure et l’option pour la constitution de réserves qui est devenue une obligation juridique. La deuxième mesure se rapporte à l’Etat qui a dès lors commencé à débloquer la part patronale en totalité. Auparavant, la CMR était liée au budget de l’Etat qui ne débloquait que ce qui était nécessaire au paiement des retraites. Actuellement, ces réserves sont de l’ordre de 35 milliards DH.

Quelle a été l’incidence de l’opération Départs volontaires, lancée par le gouvernement en 2005 sur la CMR ?
Il est clair que l’opération Départs volontaires a réduit la population des actifs de près de 39.000 personnes qui sont venues augmenter la population des retraités. Les recettes du régime ont donc diminué, alors que les charges ont connu une hausse. Ceci a mis les finances de la Caisse dans une situation délicate. Pour y faire face, le gouvernement a consenti à débourser la somme de 7,5 milliards DH. Cet impact a été calculé de manière actuarielle, c’est-à-dire en tenant compte de l’espérance de vie de cette nouvelle population de retraités.

La CMR a lancé, en janvier 2006, un nouveau produit, Attakmili en l’occurrence. Quelles en sont les raisons et quelle en est la cible ?
Attakmili s’intègre dans une logique stratégique de diversification des produits offerts dans le domaine de l’épargne-retraite. Les quelques offres faites par quelques institutions bancaires ne s’adressent qu’à une cible restreinte de clients. Attakmili s’intègre dans une vision d’épargne.  Le régime de base garantit un niveau de prestation donné, mais si le bénéficiaire, et là, il serait beaucoup plus judicieux de parler de client, veut s’assurer un revenu supplémentaire d’argent une fois à la retraite, il peut s’inscrire à ce nouveau régime. Attakmili est donc un produit qui s’adresse aussi aux fonctionnaires qui occupent des postes de responsabilité dont la  rémunération est liée au poste.
Le régime de base ne prend pas en compte, dans le calcul de la pension, toutes les indemnisations liées à la fonction puisqu’il est calculé sur le grade statutaire. Des fois, ces indemnités sont tellement importantes qu’une fois à la retraite, l’écart entre la pension et le salaire est important. Le train de vie de la personne concernée s’en ressentirait considérablement.

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