Société

La démocratie de salle d’attente

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Sur le plateau, le moderniste Abdelali Benameur était assis à côté de Saâddine Outhmani du PJD, alors que dans les premiers rangs, il y avait Abdelhadi Boutaleb, ancien Conseiller royal, et d’anciens dirigeants de l’USFP, comme Mohamed Lahbabi et Habib Cherkaoui. Lors de l’émission «Fi Al wajiha», le philosophe et ancien membre du Bureau politique de l’USFP , Mohamed Abid Al Jabri, a tenu à inscrire ses propos et analyses sur l’évolution de son parti et de l’action politique au Maroc dans un cadre global où l’objectivité et la subjectivité ( le moi et l’autre) s’imbriquent et ne se dissocient pas. Ses mémoires, dit-il, sont le produit de plusieurs décennies de vécu quotidien et d’échanges de points de vue. Tout en esquivant de tracer clairement les lignes de démarcation entre le savoir et la politique, M. Jabri a tenu à rendre hommage à son ancien rédacteur en chef dans le journal «Attahrir», Abderrahman Youssoufi. A une question concernant sa thèse sur la nécessité de la constitution d’un bloc historique, adoptée, par le défunt Mohamed Fqih Basri, mais largement contestée au sein de l’USFP, dans la mesure où elle pourrait reléguer au second plan la question de la démocratie et les conflits d’intérêts qui se trouvent au coeur même de ce bloc, notamment entre conservateurs et modernistes, l’orateur fait appel à la rhétorique. Le bloc historique, dit-il, est une acception que j’ai développée en 1982, à un moment où la révolution iranienne attirait l’attention des observateurs. Son succès était dû à la coalition entre les différentes forces politiques du pays. Mais, à aucun moment il n’a fait part de l’origine italienne de ce concept développé par Antonio Gramsci, un des dirigeants historiques du PCI (Parti communiste italien, mort en 1936). En ce qui concerne le gouvernement d’alternance, M. Jabri a tenu à rappeler les circonstances qui ont entouré sa constitution, et annoncé que depuis le décès de feu SM Hassan II, l’alternance, jusque-là consensuelle, est devenue obligatoire et imposée par la conjoncture. Mais, contrairement à M. Khatami qui mène actuellement l’expérience gouvernementale en Iran, Abderrahman Youssoufi n’a pas bénéficié d’un soutien populaire dans l’accomplissement de ses réformes. Une faiblesse qui a permis aux pouvoirs publics de ne pas tenir compte de la « méthodologie démocratique » dans le choix du Premier ministre, Driss Jettou, lequel brille, selon l’orateur, autant par son absence que par celle de son institution. L’arrêt prématuré de l’alternance, qui devrait durer plus longtemps, a-t-il déclaré, a introduit le pays dans une impasse qu’il a qualifiée de «salle d’attente», dont personne ne peut prévoir la fin. Et de polémiquer autour de la rentrée politique, en annonçant qu’il n’y a jamais eu d’entrée pour que l’on puisse parler de rentrée ; et ce, alors que la classe politique somnole et se complaît dans sa sieste. Non content de l’évolution des faits, il s’interroge sur les raisons qui ont bloqué l’adoption des grands projets présentés par le gouvernement Youssoufi et qui n’ont pu voir le jour que sous le mandat de M. Jettou, comme c’est le cas pour Diwan Al Madalim, le Code de travail, et le Code de la famille. En ce qui concerne ce dernier projet, M. Jabri s’est arrêté sur les entraves d’ordre politique et idéologique qui ont empêché son adoption et des manoeuvres fomentées dans ce sens par l’ex-ministre des Affaires islamiques, d’où l’intervention en dernière instance de SM le Roi pour mettre fin à une polémique qui n’a que trop duré. En revanche, en ce qui concerne le contenu de ce code, il a estimé que tout ce qui a été fait n’est pas nouveau et que les principaux articles sont inspirés de textes d’anciens «fouqaha» (jurisconsultes). En outre, sans l’application des autres articles d’ordre économique et social, qui dotent ce code de sa substance réelle, les réformes seront tronquées et inachevées.

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