Société

La fausse secrétaire du procureur du Roi

Azemmour, un jour de juin 2002. Khadija attendait un petit taxi pour rentrer chez elle. Une belle femme qui accentuait sa beauté par un minutieux maquillage et des habits hors pair. Une fois dans le taxi, Khadija engage la conversation avec une autre cliente qui s’y trouvait déjà. Et la femme en question commence à se plaindre de la dureté de la vie, de la hausse des prix, des dépenses quotidiennes lourdes, des frais scolaires…etc.
« Je m’appelle Khadija et je suis secrétaire du procureur du Roi près le tribunal de première instance d’El Jadida… », se présente-t-elle enfin à la femme qui ne dissimule pas sa surprise d’être avec une femme qui travaille au tribunal.
«Je m’appelle Messaouda, j’habite juste à côté…Je t’invite pour un verre de thé…»
Khadija accepte l’invitation sans la moindre hésitation. «Je suis très contente de vous connaître et soyez la bienvenue à n’importe quel moment, vous devez considérer ma maison comme la vôtre… » D’un sujet à l’autre, Messaouda a déduit que Khadija peut intervenir auprès des hauts responsables pour résoudre les problèmes administratifs. Et khadija d’enfoncer le clou : «Je dispose d’une carte blanche qui me facilite beaucoup de choses…Personne ne peut me dire “non“, tout le monde doit me servir…Tu sais quoi une carte blanche?…C’est tout…», confie-t-elle à Messaouda. Cette dernière avait justement un petit problème depuis longtemps. C’est l’occasion pour le résoudre. Messaouda avait acheté un lot de terrain depuis quelques mois. « Je ne dispose pas des frais nécessaires pour sa viabilisation et j’ai besoin de quelqu’un pour m’aider afin d’avoir le plan…», dit-elle à Khadija.
«Mais c’est très simple, pourquoi tu ne m’as pas dit ça au départ, je peux téléphoner au chef de l’administration pour que le plan soit entre tes mains en quelques jours…Mais tu dois lui donner une enveloppe de 1500 dh…On se rencontrera demain pour me verser l’argent…»
Messaouda était très contente. Le lendemain, Khadija s’est rendue chez Messaouda. Cette dernière était en compagnie de sa voisine, Halima. Messaouda n’a pas attendu une seconde pour donner une enveloppe à Khadija, qui s’est tournée vers Halima pour lui demander si elle avait besoin d’une carte blanche. « Non, mais mon mari en a besoin… », lui répond-elle.
Khadija lui a demandé mille dirhams. Elle lui en a versé seulement 300 en attendant qu’elle lui confectionne cette carte magique qui lui ouvrira toutes les portes. Seulement, depuis ce jour, Khadija n’a plus donné signe de vie. Des mois sont passés.
Messaouda et Halima sont convaincues de l’escroquerie. Elles ont déposé une plainte auprès des services de la police d’Azemmour. Khadija est arrêtée. «Que dis-tu de ces accusations ?», lui demande le chef de la brigade.
« Je suis une femme divorcée, mère de deux enfants, je n’ai rien pour les nourrir…Et pour avoir de l’argent, je recours parfois à la prostitution…Seulement, elle ne me rapporte plus grand-chose…raison pour laquelle j’ai commencé à escroquer en me présentant comme une secrétaire du procureur du Roi d’El Jadida … », a-t-elle déclaré. La fausse secrétaire purge actuellement une peine d’un an et demi de prison ferme, laissant derrière elle ses deux enfants.

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