Société

La France, l’Espagne, le Maroc, un trio gagnant

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Vissé à mon poste de télévision, j’ai suivi avec beaucoup d’émotion la cérémonie officielle commémorant le 50ème anniversaire du retour du Roi Mohammed V à sa Patrie le 16 novembre 1955, après plus de deux ans d’exil  en Corse et à Madagascar. Deux jours plus tard, il devait déclarer dans un fameux discours «Le Traité du Protectorat est terminé: une nouvelle ère est née de liberté et d’indépendance». C’est  à justice titre que cet anniversaire du retour de Mohammed V, commémore également le 50ème anniversaire de l’Indépendance de notre pays. La cérémonie officielle s’est déroulée sur l’esplanade du Mausolée Mohammed V, sur le magnifique site de la mosquée Hassan, édifiée par l’Almohade Yacoub El Mansour  à la fin du XIIème siècle, et qui fut détruite par un tremblement de terre en 1755. Etaient présents le Roi Mohammed VI, entouré de quatre invités d’honneur : José Luis Zapatero, président du gouvernement éspagnol ; Dominique de Villepin, Premier ministre français; Macky Sall, Premier ministre du Sénégal ; Rajmison Rakotomahano, Président du Sénat malgache.
Ce que j’ai retenu de cette émouvante cérémonie, c’est tout d’abord le rappel du grand  Roi MohammedV, qui a bénéficié d’une véritable vénération de son peuple. L’Histoire retiendra de lui trois grands faits : son combat incessant pour l’indépendance du Maroc et de tous les pays opprimés, sa fidélité au monde libre contre les régimes totalitaires, et son respect des droits de l’Homme, notamment quant il a refusé d’appliquer les règles ignominieuses du régime de Vichy aux juifs marocains.
Ce qui m’a paru remarquable également, c’est la présence à un haut niveau des représentants des deux anciennes puissances occupantes du Maroc : la France et l’Espagne. Ceci traduit le fait que les haines et les griefs du passé sont effacés, et que l’avenir est appréhendé avec espoir, sans complexe, et dans le cadre du respect mutuel. La présence d’un haut responsable du Sénégal n’est pas étonnante, étant donné les liens séculaires qui lient le Maroc à ce pays, qui n’a jamais failli à son amitié et sa fidélité à notre égard. Enfin des relations sentimentales nous lient à Madagascar, du fait que ce pays a été la résidence d’exil du regretté Mohammed V. L’autre point important qui a retenu mon attention est la forte affirmation du partenariat entre les trois pays: la France, l’Espagne et le Maroc. Le Roi Mohammed VI a tout d’abord déclaré : Aussi réaffirmons-nous notre détermination à consolider les bases du partenariat privilégié franco-hispano-marocain». Monsieur Zapatero devait déclarer par la suite : «La nation marocaine est et sera accompagnée par le peuple frère et le gouvernement ami de l’Espagne». Monsieur de Villepin  devait déclarer à son tour : «la France se tient résolument aux côtés du Royaume, et veut accompagner les grands chantiers de sa modernisation et de son développement».
On ne peut que se féliciter de ces déclarations, car le partenariat Paris-Madrid-Rabat est utile pour chacune des parties, et constitue un grand facteur de stabilité pour toute la région euro- méditerranéenne. Les intérêts bilatéraux sont évidents : le Maroc a besoin de ses deux grands partenaires pour parfaire son développement politique, économique et social. La France et l’Espagne peuvent trouver au Maroc un marché en croissance, des opportunités d’investissements, et un complément de la force de travail, dont ils vont avoir de plus en plus besoin. Sur le plan régional, un Maroc démocratique et prospère ne peut que renforcer la stabilité de l’Afrique du Nord.
Certes, la France et l’Espagne se placent déjà en première ligne des partenaires du Maroc en matière d’échanges commerciaux, d’investissements et de culture. Il faut cependant intensifier la coopération bilatérale dans tous les secteurs, et imaginer de nouvelles formes d’action. La France et l’Espagne doivent également jouer un grand rôle dans la défense des intérêts du Maroc au sein de l’Union européenne. Cette dernière, élargie à vingt cinq membres, a tendance à se désintéresser des pays du Sud, et à concentrer ses efforts vers les pays de l’Est. La prochaine Conférence de Barcelone qui va se tenir à la fin de ce mois, peut être l’occasion de rééquilibrer l’action de l’Union européenne entre l’Est et le Sud. A la fin de la cérémonie, j’ai éprouvé cependant un double regret. L’absence de responsables politiques de haut niveau des dirigeants maghrébins, notamment l’Algérie et la Tunisie. Le Maroc, et le Roi Mohammed V en particulier, ont beaucoup fait pour soutenir l’indépendance de l’Algérie, et on ne peut ressentir que tristesse et colère devant tant d’ingratitude. On peut regretter également l’absence d’un haut responsable des Etats-Unis d’Amérique, vu les liens historiques et politiques, qui nous lient à cette grande puissance. Malgré cela, la cérémonie a été magnifique et fructueuse.

• Par Jawad Kerdoudi
[email protected]
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

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