Société

La Goutte de Lait à Casablanca

«Nouveau-nés abandonnés» ; trois petits mots qui signifient souvent un enfant indésirable, issu d’une relation extra-conjugale, qualifiée d’illégitime. Dans notre société, il s’agit d’une honte qui souille la réputation de la famille. Il faut la dissimuler ou l’éviter.
Lors de la grossesse, la mère-célibataire tente de procéder à l’avortement en recourant, notamment, à la médecine traditionnelle. Elle utilise les herbes (Laâchoube) et autres épices et procédés. Si ces tentatives n’ont pas abouti au résultat désiré, elle se soumet au statu quo et accouche souvent sans la moindre assistance. Résultat. Soit un mort-né, soit un nouveau-né indésirable, malade du fait des médicaments et herbes employés par la mère et des mauvaises conditions de l’accouchement. Lorsque le nouveau-né reste en vie, la mère célibataire le garde ou le confie à une famille et dans certains cas, elle commet un crime en l’abandonnant dans la rue sans pitié. Ces nouveau-nés nécessitent d’être sauvés.
C’est pour cette mission que l’oeuvre de «la Goutte de Lait de Casablanca» a été créée en 1915, près du mausolée Sidi Bousmara. Cette oeuvre sociale à but non lucratif reconnue d’utilité publique s’engage à sauver ces enfants notamment ceux qui sont prématurés ou dont le poids est inférieur à trois kilos, ou bien s’ils nécessitent des soins médicaux, comme nous a précisé le médecin directeur, Dr Aziz Makouar.
L’association accueille au moins 2 enfants abandonnés par mois. Ce chiffre peut atteindre par fois 5. Il est variable d’une année à l’autre. En 2001, elle a accueilli 36 nouveau-nés, enregistrant ainsi une baisse de 50 % par rapport à 1988 avec un accueil de 71 nouveau-nés abandonnés, une moyenne de 6 nouveau-nés abandonnés par mois et une augmentation de plus de 58 % par rapport au 1998. En cette année, cet établissement a accueilli seulement 21 nouveau-nés abandonnés. Depuis, ce chiffre commence à augmenter avec 31 cas en 1999 et 49 cas en 2000.
Ces nouveau-nés abandonnés, accueillis par La goutte de Lait, sont baptisés, généralement, par l’oeuvre elle même et soumis à des soins médicaux, alors que les prématurés sont placés dans les couveuses jusqu’à ce qu’ils soient dans un état de santé normal. Aussitôt, ils se sont transférés à l’Institut Lalla Hasna, au quartier l’Oasis, Casablanca.
Cette ONG, qui a pour mission principale la lutte contre la mortalité infantile des enfants d’au moins de deux ans, est dotée d’un centre de prématurés équipé de couveuses, d’un service d’hospitalisation pour nourrissons et enfants d’au moins de deux ans et de deux dispensaires qui assurent des consultations pédiatriques. Elle est encadrée par 6 médecins néonataligistes, un médecin oto-rhino-laryngologiste, un médecin radiologue, tous des bénévoles et 45 infirmiers.
Le financement de La Goutte de Lait est assuré par des subventions publiques, surtout de surtaxe de l’abattage versé par la Communauté urbaine de Casablanca et qui ne dépasse pas 350 mille dirhams par an, alors qu’à titre d’exemple, cette institution a dépensé une somme de plus de 426 mille dirhams en 2001 seulement pour les médicaments et les hospitalisations. Par ailleurs, elle bénéficie des dons de bienfaiteurs et de la participation de certains parents d’enfants hospitalisés. Des dons et des participations qui ne couvrent ni les salaires des infirmiers qui dépassent 80 mille dirhams par mois ni de l’oxygène qui absorbe 150 mille dirhams des dépenses, ni les entretiens, l’acquisition de matériels médicaux…etc. Une situation matérielle qui ne répond pas aux besoins de l’oeuvre et qui appelle à la participation pour prendre soin de ces nouveau-nés abandonnés.

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