La prise d’une pilule d’antirétroviral par jour peut réduire de deux tiers le risque d’infection au VIH chez des hétérosexuels, selon deux études conduites en Afrique et publiées jeudi. Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida, a immédiatement salué cette «avancée scientifique majeure, qui reconfirme le rôle essentiel que le traitement anti-rétroviral doit jouer dans la réponse au sida». «Ces études peuvent nous aider à franchir un seuil dans la réponse à l’épidémie», a-t-il ajouté. Les études, conduites, l’une par l’université de Washington, et l’autre par le CDC (Centre de contrôle des maladies d’Atlanta), ont été menées au Botswana, au Kenya et en Ouganda. L’étude TDF2 du CDC a suivi 1.219 hommes et femmes hétérosexuels au Botswana, non infectés, qui ont reçu soit un comprimé de tenofovir/emtricitabine une fois par jour, soit un placebo. La pilule a réduit le risque de 63% par rapport au groupe placebo. Celle de l’université de Washington, Partners PrEP, s’est intéressée à 4.758 couples hétérosexuels sérodiscordants (l’un infecté, l’autre pas) au Kenya et en Ouganda. Les personnes non infectées prenaient soit du tenofovir, soit un mélange de tenofovir et d’emtricitabine, soit un placebo. Dans le premier cas, le risque d’infection a été réduit de 62% par rapport au groupe placebo, dans le deuxième, de 73%. L’étude du CDC devait être publiée à Rome la semaine prochaine, lors de la conférence sur la recherche sur le sida, mais sa publication a été avancée suite à celle, inattendue, de l’université de Washington. Une précédente étude, conduite dans des couples d’hommes sérodifférents, avait fait apparaître en novembre dernier une réduction de 44% de l’infection au VIH chez ceux qui prenaient un mélange de tenofovir/emtricitabine. Mais on ignorait si la prévention pouvait fonctionner dans des couples hétérosexuels. Une autre étude, FEM-Prep, n’avait pas fait apparaître d’effet protecteur chez les femmes hétérosexuelles. En mai, un essai clinique conduit dans neuf pays auprès de 1.763 couples pour la plupart hétérosexuels a montré que chez les couples dont le conjoint séropositif prenait des antirétroviraux à un stade précoce de la maladie, le risque d’infecter son partenaire était réduit de 96%.