La Suisse a rejeté lundi l’idée de verser des compensations à la Libye après l’arrestation en juillet à Genève du fils du leader libyen, Hannibal Kadhafi, une affaire qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis neuf mois. La chef de la diplomatie helvétique, Micheline Calmy-Rey, a expliqué lors d’une conférence de presse que la police genevoise n’avait pas commis de faute lors de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi et de sa femme dans un hôtel de Genève en juillet 2008, suite à une plainte pour mauvais traitements de deux de leurs domestiques. «En conséquence, on ne peut pas réclamer des compensations, du type de celles qui sont envisagées», a déclaré la ministre. Mise hors d’elle par cette arrestation, la Libye exige, outre des excuses, des sanctions contre les personnes responsables de l’arrestation d’Hannibal et de sa femme. Ce que la Suisse refuse. Le responsable de la police et de la justice du canton de Genève, Laurent Moutinois, a ainsi insisté, lundi: «par rapport à d’autres pays du globe, à Genève la justice est la même pour tous que l’on soit riche ou puissant».
«Si M. Kadhafi n’avait pas été M. Kadhafi, il serait resté 15 jours en prison. En tout cas, s’il y a eu une inégalité de traitement, elle a plutôt été en sa faveur», a-t-il estimé. Hannibal et sa femme étaient restés deux jours en détention et avaient été libérés après le versement d’une caution. Mme Calmy-Rey a reconnu toutefois que la police aurait pu faire preuve de plus de tact : «du côté de la Confédération, on reconnaît que la police aurait pu agir avec encore plus de doigté», a-t-elle fait valoir. La veille, elle avait reconnu avoir fait une offre à un autre fils de Kadhafi, Sayf al-Islam Kadhafi, pour tenter de mettre un terme au différend.
Pour rappel, le 15 juillet dernier, le couple avait été interpellé dans un hôtel genevois, menottes aux poignets, par une vingtaine de policiers, suite à une plainte de deux domestiques qui les accusaient de les avoir maltraités. La Libye, qui estime que les conventions de Vienne sur les relations consulaires ont été violées dans cette affaire, a intenté un procès civil devant le tribunal de première instance de Genève. Cette affaire avait provoqué la fureur de Tripoli qui avait menacé de suspendre ses exportations de pétrole vers la Suisse. La Libye a décidé de supprimer pour des raisons techniques l’ultime liaison effectuée par la compagnie aérienne Swiss vers Tripoli.