Société

L’affaire Erramach n’en est plus une

© D.R

L’homme d’affaires Mounir Erramach et le « sans profession » Mohamed El Ouazzani, alias Nini ont été condamnés chacun à trois ans de prison ferme et une amende de 5000 dirhams pour corruption.
En ce qui concerne l’ex-préfet de police de Tétouan et l’ex-chef de sûreté de la même ville, anis que le magistrat à la cour d’appel de Tétouan, ils ont écopé chacun d’une peine de deux ans de prison ferme et une amende de 1000 dirhams, pour corruption et non-dénonciation d’un criminel. Il s’agit respectivement de Mohamed Sekkouri, Mohamed Charafeddine et Abdelkrim Zehouani. A signaler que ce dernier a été également condamné à payer une pénalité de 715.500 dirhams au profit de l’Administration des douanes. D’autres accusés poursuivis pour corruption ont été condamnés chacun d’une année de prison ferme assortie d’une amende de 1000 dirhams.Il s’agit des dénommés Abdelhak Serhan (gendarme), Saïd Massou (gendarme), Mohamed Yaâkoub (commerçant), Mohamed Khadali (président de la commune d’Ouled Frej), Mohamed El Hajji Zahir (greffier à la Cour d’appel de Tétouan), Abdellah Sellal (magistrat à la même Cour), et Abdessalam Hejjioui (magistrat à la même Cour). Après une mise en délibéré, marathonienne (17 heures), la Cour a relaxé les autres mis en cause. Ainsi fut l’épilogue d’un dossier qui comptait plus d’une trentaine de personnes impliquées dont de hauts responsables de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie royale et de l’Administration des douanes, ainsi que des magistrats, un greffier et des hommes d’affaires. Cela fait maintenant près de huit mois lorsque des démêlés avaient eu lieu entre deux bandes d’individus à Tétouan. Un incident qui a permis aux enquêteurs de débusquer un réseau criminel opérant sous la houlette du dénommé Mounir Erramach qui a été déféré en compagnie de dix-sept autres personnes à la Cour d’appel de Tétouan pour « association de malfaiteurs, trafic de drogue à l’échelle internationale dans le cadre d’un réseau organisé, tentative d’homicide avec préméditation, détention d’armes sans autorisation et débauche ». Depuis, l’affaire a pris une grande envergure compte tenu du nombre et des statuts de plusieurs personnes poursuivies pour différents chefs d’accusation.
La plaque tournante de cette affaire n’est autre que Mounir Erramach que le trafic de cigarettes de contrebande a transformé en un baron de la drogue.
Depuis l’âge de dix ans, encouragé par sa mère, Erramach s’enfonça dans le monde truffé de risques et de dangers. Arrêté à un âge précoce, le futur baron changera de « commerce » après sa sortie de prison.
Des temps qui coïncidaient avec la célèbre campagne d’assainissement contre les trafiquants et la neutralisation des gros bonnets du hachisch comme Hamidou Dib, Belmokhtar et les autres. Une aubaine pour le jeune trafiquant hyper ambitieux. Quelques années plus tard les activités d’Erramach prospèrent et s’élargissent en prenant des dimensions à l’échelle internationale. Des opérations d’envergure de trafic de drogue menées avec réussite allaient propulser le jeune trafiquant vers le sommet des gros bonnets. Doté désormais d’une fortune colossale avant même d’atteindre la trentaine, Erramach se lance dans les « affaires ».
La nuit du 3 au 4 août 2003 sera un tournant décisif dans le monde des traficants , jusque-là, jamais inquiété par les services de sécurité. Une sérieuse querelle à propos d’une cargaison de haschisch a eu lieu entre trois trafiquants notoires, en l’occurrence Mounir Erramach, Hicham Harboul et Mourad Bouziane. Chacun des protagonistes était flanqué d’un groupe de gardes armés et des coups de feu ont été échangés. Résultat, deux membres de la bande de Harboul furent blessés alors que leur chef, également touché à la tête, quitte le territoire le lendemain pour aller se cacher en Espagne. Cinq jours plus tard, Mounir Erramach est arrêté ainsi que Mohamed El Ouazzani (Nini). Les investigations ont révélé que les trafiquants de drogue mis sous les verrous étaient de mèche avec des magistrats, des policiers et autres fonctionnaires. L’affaire a éclaté avec bruit et fracas après l’arrestation de tous les fonctionnaires impliqués.
Lors de l’audience du 30 mars, le procureur avait pris la parole pendant plus de quatre heures, à l’issue desquelles il a requis les peines maximales contre les trente-deux personnes poursuivies dans l’affaire Erramach. Le représentant du ministère public a rappelé au cours de son réquisitoire que les mis en cause sont accusés, chacun en ce qui le concerne, de trafic d’influence, corruption, concussion, complicité, détournement de deniers publics, non dénonciation d’un criminel, divulgation du secret professionnel et trafic de drogue.
Il est également revenu sur les altercations qui ont eu lieu, en août dernier à Tétouan, entre des bandes de malfaiteurs qui s’adonnaient au trafic de drogue à l’échelle internationale, rappelant que ces chamailleries avaient débouché sur des agressions physiques et des tentatives de meurtre. Le dénommé Erramach, poursuivit le représentant du ministère public, soudoyait des éléments de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie royale, des douaniers, des greffiers, des magistrats et des élus de Tétouan pour couvrir ses activités illicites, à coups de sommes impressionnantes et différentes d’argent. Mercredi 21 avril 2004, très tôt dans la matinée, la Cour spéciale de Justice a prononcé des peines allant de 1 à 3 ans de prison ferme à l’encontre de 12 accusés, alors que les autres ont été relaxés.

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