Le directeur général de l’Agence d’aménagement de la vallée du Bouregreg a invité, vendredi, les représentants de la société civile à une séance de vérité au cours de laquelle il s’est expliqué sur les difficultés causées à la circulation automobile entre les villes de Rabat et Salé par l’encombrement du pont Hassan II aux heures de pointe. Nouvellement ouvert à la circulation, cet ouvrage qui avait fait naître d’immenses espoirs en une solution rapide aux problèmes de mobilité entre les deux cités, s’est révélé en l’espace de six mois un remède pire que le mal.
Recevant des représentants de l’Association Bouregreg, de Ribat Al Fath et des autorités locales ainsi que des élus, Lamghari Essakl a fait acte de contrition en espérant «que les désagréments actuels seront levés avec la construction du pont Moulay Youssef dont les travaux démarreront à terme».
Le directeur général de l’Agence d’aménagement a, en outre, estimé que les avatars du pont Hassan II ne doivent pas faire perdre de vue ce qui a été entrepris par cet organisme au niveau de l’assainissement solide et de la navigation fluviale. Il a ainsi laissé entendre que les habitants des deux villes restent redevables à l’agence d’avoir contribué à l’assainissement des eaux du Bouregreg au moyen du transfert de la décharge publique d’El Oulja ainsi que d’avoir ouvert le fleuve à la navigation fluviale de standing. D’immenses tâches attendent encore l’agence, a-t-il plaidé, en annonçant la construction d’une grande place sur le site et l’aménagement de la corniche.
Cependant, ce plaidoyer n’a pas totalement convaincu et Essakl a été durement critiqué sur sa gestion chaotique de projets qui engagent l’avenir des deux villes sur plusieurs décennies. Des intervenants lui ont également reproché d’avoir suspendu les réunions de concertation avec les associations de droit civil local durant de longs mois et «de ne communiquer que quand l’information est déjà dans la rue». Ils ont estimé que l’agence a commis des erreurs irréparables en construisant un pont d’une hauteur de 12 mètres là où il en faut au moins treize pour permettre aux voiliers de passer sous l’ouvrage afin de mouiller dans la partie slaouie de la marina. Mais surtout, ils lui font grief d’avoir dénaturé le patrimoine architectural de Salé en le masquant par des habitations de deux étages de style moderne cédés à prix d’or à des particuliers. Ils se sont pourtant refusés à se prononcer sur la question de savoir si ces cessions ont été décidées pour tenter de sortir l’agence d’une impasse financière. Très affectée par les critiques qui pleuvent sur sa gestion de la mobilité entre Rabat et Salé, l’Agence de réaménagement des rives du Bouregreg a convié les associations de développement et de défense des droits des citoyens des deux villes à une séance de concertation sur la meilleure manière de rectifier le tir.