Société

L’alcool qui tue

Nous sommes à Dallas, non pas au Texas, mais dans un quartier populaire de la ville de Settat. Un quartier renfermant tous les ingrédients de l’indigence, de la misère, de la nécessité et de la criminalité. Une forte densité de population, la promiscuité, le trafic de boissons alcoolisées, de haschisch, des psychotropes. Que demander de plus ?
C’est dans ce quartier mythique qu’Ali est voit le jour, en 1975, au sein d’une famille de sept frères et soeurs. Lorsqu’il quitte l’école primaire, il ne trouve rien d’autre à faire que de vagabonder, de s’enivrer et de se droguer en tirant sur des joints. Un monde de la délinquance très ouvert et très accueillant à l’égard de tout nouveau jeune ayant abandonné l’école et faisant l’apprentissage du vagabondage. Ses parents se déménent dans Settat, pour trouver de quoi nourrir huit bouches.
En cette journée printanière du mois de mars, Ali est en train de se saouler depuis 16h00 au quartier Aïn Nzagh. Il a siroté la dernière goutte vers 18h00. La soirée est encore longue, mais il n’a plus le moindre sou. Il décide donc d’aller vers la rue Derb Omar au centre-ville pour y chercher l’un de ses amis. Il rencontre Mustapha.
Mustapha est l’un des gros-bras du quartier Dallas. Il ne travaille pas, ne cherche pas de job et n’a nullement l’intention de travailler un jour. Il se débrouille pour avoir de quoi payer sa dose quotidienne. Et pour se procurer quelques billets bleus, il fait le dealer.
Alors qu’ils conversent sur la quantité de vin qu’ils doivent acheter, Brahim les rejoint pour récupérer un blouson qu’il avait laissé chez Ali. Brahim, un jeune de trente-deux ans, lui aussi ne fait rien de sa vie. il n’a pas passé plus de cinq ans à l’école, pour finalement se retrouver dans la rue.
-« Reste avec nous, on va juste acheter quelques bouteilles de vin rouge pour passer la nuit », lui dit Mustapha.
Brahim accepte. Ils marchent ensemble, passent par la rue Zenata. Ils rencontrent Saïd, un jeune de vingt-cinq ans et bagarreur cruel, dépourvu de toute compassion. En compagnie d’un veilleur de nuit, il est en train de se saouler.
-« Venez dîner avec nous », leur dit Saïd. -« Non, merci, j’ai déjà dîné à la maison », répond poliment Mustapha.
-« Tu te le mets là où je pense ! », l’insulte Ali avec une agressivité provocante et sans aucun prétexte. Hors de lui Saïd se lève, assène un coup au visage d’Ali. Ce dernier tombe à terre. Son ami Mustapha l’aide à se relever. Des badauds s’attroupent, interviennent, calment Saïd, l’emmènent chez lui à la rue Imouzzer.
Ali retourne chez le veilleur de nuit, un couteau à la main qui continue de boire.
-« Je vais le liquider aujourd’hui… Ce fils de (…) », menace Ali, écumant de rage.
-« Calme-toi un peu… Vous êtes, malgré tout, amis et voisins de quartier… »
-« Je le hais…Je ne supporte plus son existence sur cette terre…En tout état de cause oublie–le et remplis-moi un verre pour oublier ce gamin de rien du tout », dit Ali.
Oui, mais Saïd n’a pas pu supporter ce comportement humiliant de la part d’Ali. Il avise son frère Hicham. Agé de trente ans, celui-ci se lève sans hésiter, comme s’il n’attendait que l’occasion d’une bonne bagarre. Les deux frères quittent la maison, cherchent Ali. Ils le retrouvent en compagnie de Mustapha près de la rue Meknès donnant sur la rue Goulmima. Et c’est le face-à-face. On n’entend plus que les bruits des tessons de bouteilles et des couteaux. Ali prend la poudre d’escampette. Mustapha est seul face aux deux frères. C’est d’abord Saïd qui lui porte un premier coup de couteau, bientôt imité par Hicham qui assène un autre coup de lame au niveau de la poitrine de Mustapha.. Mustapha tombe et passe de vie à trépas.
Saïd prend le car à destination de Casablanca. Mais il est arrêté à Berrechid. Les deux frères ont été déférés devant la Chambre Criminelle près la Cour d’Appel de Settat pour coups et blessures ayant entraîné la mort. Ils ont avoué avoir poignardé Mustapha, mais qu’ils n’avaient pas l’intention de le tuer. La Cour les a condamnés tous les deux à 25 ans de réclusion criminelle.

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