Société

L’amour ou le voisinage dramatique

Comme à l’accoutumée, cet après-midi de la mi-octobre, la Chambre criminelle près la cour d’appel de Fès est archicomble. Saïd, trente ans, tourne ses yeux, comme s’il cherchait quelqu’un. Le président de la Cour lui demande de se tenir debout au banc des accusés. «Tu es accusé de coups et blessures ayant entraîné la mort de ton voisin sans l’intention de la donner…», lui rappelle-t-il. «Je n’avais pas l’intention de le tuer M. le président…je voulais seulement le maltraiter…», balbutie Saïd. «Il faut que tu nous expliques les circonstances et le mobile de ton acte…» lui demande le juge calmement avant de l’interroger par la suite : « Tu es marié ?». «Non, je suis célibataire…», répond-t-il.
Le juge l’incite à poursuivre ses déclarations. «J’ai loué une chambre, depuis deux ans, chez Abderrahmane…je lui verse le loyer toujours à temps…je n’avais jamais de problèmes avec lui…Seulement quand j’ai entretenu une relation avec ma voisine, Malika, il a changé ses comportements avec moi…», avoue-t-il. Malika est une jeune fille de vingt-huit ans. Cette célibataire occupe seule une chambre mitoyenne à celle de Saïd. Au fil des jours, ils commencent à échanger les salamalecs, puis les conversations pour arriver à passer ensemble des moments soit chez lui soit chez elle. «Nous sommes mariés et nous ne permettons pas à ces célibataires de se comporter ainsi devant les yeux de nos enfants et nos épouses…», proteste l’un des locataires. Saïd et Malika ont bouché leurs oreilles, continué à se rencontrer dans la chambre de l’un ou de l’autre, pour y passer des nuits blanches. Et les voisins protestent d’un jour à l’autre et ne peuvent plus supporter leurs comportements. Ils décident de se plaindre devant le propriétaire. «Ils rentrent sans vergogne et devant les yeux de nos enfants et nos femmes pour faire, je ne sais pas quoi… , ils s’enivrent ensemble…et parlent à haute voix au point qu’ils ne nous laissent pas parfois dormir», lui confie l’un d’eux. En rentrant le soir, Malika trouve le propriétaire qui l’attendait. «Tu déménages de ma demeure dès demain ou après-demain…Tous les habitants protestent contre toi et Saïd…» lui demande-t-il sans lui permettre de se défendre.
Abderrahmane rebrousse chemin et Malika rentre chez elle sans dire le moindre mot. Quelques minutes plus tard, Saïd arrive, et Malika le rejoint en pleurant.
«Abderrahmane m’a demandé d’évacuer la chambre…parce que les voisins se sont plaints de notre relation…», lui dit-elle.Hors de lui, Saïd s’exclame à haute voix: «Je vais tuer tous ceux qui tentent de te mettre dehors…». Deux jours plus tard, Abderrahmane le propiétaire récidive. Elle ne lui répond pas. Tout à coup, Saïd sort de chez lui, un couteau à la main, crie : «Elle ne partira jamais de cette chambre…».
Abderrahmane le pousse violemment. «Cette chambre est la mienne et c’est moi qui décide…», lui affirme-t-il. Saïd recule de quelques centimètres, et avance par la suite sans dire un mot. Abderrahmane tente de se sauver. Trop tard . Il a déjà reçu trois coups de couteaux mortels. «La Cour te juge coupable pour coups et blessures sans l’intention de donner la mort et te condamne à 20 ans de réclusion criminelle… ».
Malika quitte la salle d’audience, après avoir été condamnée à 3 mois de prison avec sursis pour débauche.

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