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Laver mieux et moins cher

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Face à l’indifférence des investisseurs marocains et l’absence d’une véritable stratégie de développement de l’invention au Maroc, l’inventeur marocain se trouve contraint d’accepter l’offre des entreprises étrangères pour que son invention puisse voir le jour. C’est le cas de l’inventeur marocain Mohammed Boumediane. Ce dernier vient de signer un contrat avec un investisseur étranger pour la commercialisation de son invention, en l’occurrence sa machine à laver sans eau, une véritable révolution. En effet, Mohammed Boumediane a cédé récemment une licence d’exploitation de son invention à l’entreprise « LIQUI Fire International », basée en Afrique du Sud. L’entreprise utilisera son titre de propriété en échange de royalties (redevances). Ainsi, à cause du manque de courage des investisseurs marocains, une invention marocaine verra le jour sur un autre sol que le Royaume.
Depuis le dépôt du brevet d’invention en 1999, Mohammed a fait le porte-à-porte pour trouver un preneur national. Mais en vain. Aucun investisseur marocain n’a cru à ses potentiels et à la réussite de son projet. Les investisseurs entre autres de la France, de la Jordanie, du Koweït, eux, ont été impressionnés par cette innovation. Ils ont manifesté leur souhait d’acheter le brevet d’invention. Cependant, Mohammed Boumediane visait autre chose. Il espérait que le produit sera fabriqué au Maroc puis exporté vers l’étranger. «Je désirai fabriquer mon produit dans mon pays. Malheureusement, les investisseurs marocains ne prêtent aucune intention à la création et à l’invention. Ils n’ont pas le courage nécessaire pour prendre le risque d’investir dans ce secteur prometteur. », affirme Mohammed Boumediane. En vertu du contrat conclu entre les deux parties, une grande unité industrielle sera basée en Afrique du Sud pour la fabrication de la machine à laver. Le produit « magique » utilisé dans le lavage du linge sera, par contre, produit au Maroc. « En effet, j’ai exigé de la société qu’une unité industrielle soit installée, ici au Maroc, pour la fabrication du produit, qui est à base de plantes. Cette usine créera de nouveaux emplois et permettra également d’exploiter les multiples plantes qui existent au Royaume.», souligne l’inventeur marocain. Ce natif d’Azilal, âgé de 41 ans et licencié en physique-chimie, a été récompensé aussi bien au Maroc qu’à l’étranger pour sa créativité et son esprit novateur. En 1995, il a remporté la médaille d’or au Grand Prix Hassan II pour son invention « machine à laver sans eau ». Cette dernière lui a valu également en 1996 une deuxième médaille d’or au Salon international de l’invention, qui a eu lieu à Bruxelles. « Les spécificités de cette machine sont multiples. Non seulement elle ne nécessite pas l’utilisation de l’eau pour le lavage du linge mais également elle est économique : elle ne consomme pas beaucoup d’énergie électrique. » ajoute-t-il.
Outre cette machine à laver, Mohammed Boumediane a déjà inventé en 1997 une chaise multi-usages et prépare une nouvelle invention. « Je suis en train de finaliser un nouveau système qui pourra être utiliser pour capter des chaînes étrangères sans l’utilisation de la parabole », confie l’inventeur marocain. À l’instar des autres inventeurs marocains, Mohammed Boumediane a enduré de grandes difficultés et des souffrances pour mettre sur pied son invention. Le financement d’un bon prototype est estimé de 10 000 à 20 000 dirhams.
Certains inventeurs n’ont même pas l’argent nécessaire pour financer la procédure de dépôt de brevet. Et malgré ce manque de moyens financiers, les inventeurs marocains sont très actifs et dynamiques. Ils sont organisés en association. Parmi ces associations, on peut citer l’Union des inventeurs et innovateurs marocains, le Club marocain de la recherche et de l’invention ainsi que l’association de recherche et de développement au Maroc. « Le développement humain et industriel d’un pays est tributaire de sa capacité créative et innovatrice. En d’autres termes, le capital humain est très important. Nous avons des génies. Certains travaillent actuellement à la NASA. D’autres prennent leur mal en patience. Les associations ont besoin de l’aide de l’Etat pour développer davantage l’invention au Maroc.», conclut cet inventeur.

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