Société

L’axe Washington Rabat se renforce

Force est de constater que la visite de travail de SM le Roi Mohammed VI aux Etats-Unis possède plus d’une signification. En effet, les intérêts que partagent les deux pays sont multiples. Du libre-échange à la lutte contre le terrorisme, en passant par la question du Sahara et le projet du Grand Moyen-Orient. Sans oublier le partenariat Maroc-OTAN dont les Etats-Unis sont les principaux initiateurs. Les sujets d’intérêt commun ne manquent pas.
Le Souverain effectue ce déplacement dans un esprit de pragmatisme total. En témoigne le nombre limité des membres de la délégation qui l’accompagne. En effet, celle-ci est composée de Mohamed Moatassim, conseiller du Souverain, Mohamed Rochdi Chraïbi, membre du Cabinet royal, Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires étrangères et Taeib Fassi Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères. Pas plus de quatre personnes pour un agenda très fourni.
Bien évidemment, la question du Sahara demeure la priorité numéro un de la diplomatie marocaine. Les Etats-Unis étant la superpuissance mondiale incontestable, il est tout à fait logique que Rabat aille chercher leur soutien pour l’application d’une solution juste et durable qui préserve la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud.
Pour cela, le Maroc veut absolument faire admettre aux Etats-Unis que l’affaire du Sahara n’est en rien une question de « décolonisation » mais bel et bien un conflit psychologico-politique entre le Maroc et l’Algérie. Si lors de la visite royale aux Etats-Unis, le président Bush atteste de cette réalité, le Maroc aura parcouru une distance énorme vers la solution de ce conflit on ne peut plus artificiel.
La démission de James Baker, ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, est un élément positif. Baker, un homme certes assez proche de la famille Bush, avait sacrifié sa neutralité et son impartialité sur l’autel de l’or noir algérien. Sa démission est un message clair au pouvoir algérien.
Ce dernier n’a pas intérêt à esquiver sa responsabilité dans le pourrissement de la situation au Sahara, essentiellement concernant les volets humanitaire et politique. Pourquoi politique? Car les Américains sont conscients que la zone de non-droit que les Algériens tolèrent sur leur propre territoire, est en fait un terreau pour la prolifération des trafics de tous genres, du mercenariat et du terrorisme. Un terrorisme international qui, est farouchement combattu par le Maroc.
Rappelons, tout de même, qu’après plusieurs tergiversations onusiennes, orchestrées par James Baker, les relations entre le Maroc et les Etats-Unis se dirigeaient lentement vers une impasse. Fort heureusement, et grâce à la clairvoyance du Souverain, Rabat a rapidement assimilé la logique du pouvoir aux Etats-Unis et a profité ainsi de soutiens précieux qui ont pu renverser le cours des évènements.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. José Maria Aznar a été remplacé à la tête de l’Exécutif espagnol. Et l’actuel résident du Palais de la Moncloa est fermement attaché à la consolidation de l’amitié maroco-espagnole. En clair, l’axe Alger-Madrid-Washington s’est disloqué. Ceci-dit, le danger n’est pas totalement écarté, non seulement au Sahara mais dans d’autres régions du pays. Le Maroc a toujours des ennemis. D’un autre côté, concernant le dossier de l’Irak, les Etats-Unis souhaitent rallier à « leur cause » un maximum de pays arabes. En effet, Washington veut drainer le plus de soutien possible au nouveau gouvernement de Bagdad, voire l’envoi de troupes arabes en Irak pour préserver la paix. Sur ce dernier point, la position marocaine est claire : Rabat est prête à soutenir le nouvel Exécutif irakien, dirigé par Iyad Hachem Allaoui, D’ailleurs, S.M le Roi a envoyé un message au Premier ministre irakien dans ce sens, dans lequel il exprime la disposition du Maroc à « accueillir des sessions au profit des membres de la Sûreté, de l’armée et de la Protection civile irakiennes et dans tout autre domaine pour suivre des stages et développer leurs capacités dans les instituts et centres d’entraînement marocains ».
En fait, il n’est pas question d’envoi de troupes marocaines en Irak. Ce serait politiquement très délicat pour le Maroc. Il s’agit maintenant d’en convaincre les Etats-Unis. A ce sujet, il faut noter que les décideurs américains semblent parfois ignorer les réalités sociologiques et sentimentales du monde arabe. Cette carence notoire est souvent interprétée comme de l’arrogance par les peuples arabes. Ce qui n’est pas forcément le cas, car les Etats-Unis dépensent annuellement des millions de dollars pour leur image de marque.

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