Le CCDH (Conseil consultatif des droits de l’Homme) vient d’élucider l’énigme Abu Fadi, personnage dont il a beaucoup été question lors du travail de l’IER et qui était souvent présenté comme étant de nationalité libanaise, ou palestinienne, incarcéré pour des raisons inconnues.
Selon la commission de suivi, mise en place au niveau du CCDH, il s’agit bel et bien d’un ressortissant marocain né de mère libanaise et dont la tombe vient d’être localisée aux alentours du barrage Mansour Addahbi en présence de membres de sa famille qui ont fait le déplacement du Liban et d’Allemagne.
Abbas Ben Ahmed Al Marrakchi, le vrai nom de Abu Fadi, est né au Liban en 1950 de père marocain et de mère libanaise. Porteur d’un passeport marocain et travaillant pour une entreprise saoudienne, son titre de voyage a été retenu, vers 1975, par son employeur saoudien. Pour rentrer au Maroc, il a eu la mauvaise idée d’emprunter le passeport d’un autre Libanais. Arrivé au Royaume où il désirait élire domicile à Rabat, il a été arrêté en 1976. C’est à partir de cette date-là que commence, pour lui, la descente aux enfers.
Abbas Ben Ahmed Al Marrakchi, enlevé près d’un hôtel de la capitale où il résidait momentanément, fera le tour des sinistres centres secrets de détention : le "Complexe" à Rabat, Derb Moulay Chrif, Agdez et Kelaât M’Gouna. Son accent a induit en erreur la majorité de ses compagnons d’infortune qui le prenaient tantôt pour un Libanais, tantôt pour un Palestinien. Abbas Ben Ahmed Al Marrakchi a eu, entre autres, pour compagnons de détention quelques membres du groupe Banouhachem. L’énigme Abu Fadi a survécu à l’amnistie de 1991. A la libération des prisonniers politiques, Abbas Ben Ahmed Al Marrakchi a été maintenu en détention et transféré dans un autre centre près du barrage Mansour Addahbi où il trouvera la mort le 23 juillet 1992. C’est là également qu’il sera inhumé. Son histoire continuait de susciter beaucoup de passion parmi les ex-détenus. La découverte de sa tombe y met fin, trente ans après sa disparition. Selon des sources au CCDH, les seuls parents connus à ce jour de Abu Fadi sont une sœur exerçant comme médecin en Allemagne et un frère résidant toujours dans la capitale libanaise qui a vu naître Abbas Ben Ahmed Al Marrakchi.
Selon les conclusions du CCDH, Abbas Ben Ahmed Al Marrakchi n’était nullement connu comme militant de quelque formation politique contestatrice ou activiste de quelque groupe terroriste. Il aura été victime d’un terrible concours de circonstances comme plusieurs autres victimes qui ont eu la mauvaise idée de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment.
La commission du CCDH qui s’est déplacée sur les lieux près du barrage Mansour Addahbi était conduite par M’Barek Bouderka, membre du CCDH et ex-membre de l’IER.