Société

Le clandestin devenu escroc malgré lui

© D.R

Au départ, S.A rêvait d’émigrer en Europe. Il espérait aller au-delà de la Méditerranée, mais sans éprouver le moindre calvaire. Il a cherché à droite et gauche les faussaires qui sillonnent la capitale économique et facilitent aux rêveurs de l’Eldorado l’obtention de faux visas et cartes de séjour. Mais en vain. Parce qu’il n’a pas osé s’aventurer avec l’un d’eux, surtout qu’il avait appris que la majorité d’entre eux sont des escrocs qui mettent les candidats à l’émigration dans leurs paniers. Et la solution ? Quelques jeunes de son quartier lui ont expliqué que l’émigration clandestine en Italie via la Tunisie est plus facile. Ils lui ont précisé qu’il y trouverait des professionnels dans la falsification des visas et des cartes de séjour. Après avoir amassé quelques milliers de dirhams, S.A a emballé ses valises à destination de la Tunisie. C’était en 1997.
Bien qu’il n’ait jamais quitté son pays, il est arrivé à entretenir facilement des relations amicales avec des Tunisiens. Seulement, personne n’a pu arriver à l’aider à réaliser son rêve, à savoir aller en Italie pour y vivre définitivement. Certes, il a entendu parler des faussaires et des rabatteurs, mais sans arriver à rencontrer l’un d’eux. Pourquoi ? Il n’en sait rien. Mais il a décidé de mener sa vie normale à Tunis en attendant le jour de réaliser son rêve. Toutefois, son séjour a duré plus d’une année. Son espoir de quitter la Tunisie commence à céder la place au désespoir. En conséquence, il a commencé à penser y vivre le reste de sa vie. Certes, S.A a été embauché dans une usine de fabrication de chaussures. Cet emploi lui a permis de commencer à s’y intégrer sans penser à retourner définitivement au Maroc. Il y est retourné la première fois seulement pour se marier. Après le mariage, il a regagné la Tunisie de nouveau pour gagner sa vie. Entre-temps, il a rencontré un certain Lahbib, un Tunisien spécialiste en émigration clandestine vers l’Europe, notamment l’Italie. Ce dernier lui a proposé son aide contre 15 mille dirhams. À défaut de cette somme, S.A s’est contenté de travailler à l’usine de fabrication de chaussures pour gagner sa vie et envoyer quelques sous à sa femme et ses parents. Ne rêve-t-il plus d’aller en Italie ? Non, le rêve continue toujours de lui hanter l’esprit. La preuve ? Lorsqu’il a été sollicité par un certain Mustapha, un Marocain établi en Tunisie, pour chercher quatre jeunes Marocains, candidats à l’émigration clandestine, il n’a pas hésité à regagner Casablanca. Il n’a pas perdu de temps pour embarquer, dans l’avion, quatre jeunes qui ont accepté de payer des sommes allant de 10 à 25 mille dirhams.
Quelle sera la contrepartie pour S.A ? Mustapha lui a promis de l’envoyer gratuitement vers l’Italie. Une promesse qui n’a pas été tenue par ce dernier qui s’est contenté de verser à S.A une somme de 8 mille dirhams. Ce dernier n’a pas protesté contre Mustapha qui est arrivé à aider les quatre rêveurs de l’Eldorado à mettre les pieds sur le sol italien. Ces derniers ont été mis, en compagnie d’autres candidats à l’émigration clandestine, à bord d’une barque et conduits à destination de la Sicile. Et S.A ? Mustapha lui a promis une fois encore de l’aider à condition qu’il aille chercher d’autres harragas potentiels au Maroc. Il lui a expliqué que cette fois les candidats devront payer la somme de 35 mille dirhams. S.A a regagné sa ville natale, Casablanca, pour chercher cinq jeunes. Son ami, Mustapha, les a accueillis en Tunisie, alors que S.A ne les a rejoints qu’une semaine plus tard.
Seulement, il a découvert que Mustapha ne les a pas aidés à émigrer clandestinement vers l’Italie.
Pourquoi ? Il lui a expliqué que les côtes tunisiennes sont bien surveillées dernièrement et il ne peut en aucun cas s’aventurer. Et l’argent ? Mustapha n’a pas voulu le leur remettre. Les victimes se sont rendu compte qu’elles ont été filoutées. Ils sont rentrés au Maroc sans espoir et sans argent. Et des plaintes ont été déposées contre S.A. Après son retour à Casablanca, au quartier Hay Hassani, S.A, a trouvé les éléments de la 9ème section de la PJ de Hay Hassan-Aïn Chok à son attente. Ils l’ont arrêté et conduit au commissariat. Là, il a avoué avoir participé à l’escroquerie des jeunes Marocains, candidats à l’émigration clandestine. Seulement, il a précisé qu’il n’était qu’un rabatteur. Alors que les auteurs principaux sont encore en Tunisie, à savoir trois Tunisiens et deux Marocains, issus de la ville de Fès. Une note de recherche a été lancée contre ces derniers et S.A a été traduit devant la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Hay Hassani-Aïn Chok.

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