Société

Le combat de Khalid Jamal contre le Sida

© D.R

Khalid Jamal est un concentré d’optimisme. Il donne l’impression d’avoir toujours été comme ça. Mais depuis qu’il il a découvert sa séropositivité, il y a 18 ans de cela, son optimisme n’a fait que se renforcer. La preuve, il se bat contre sa maladie comme s’il avait toute la vie devant lui pour en triompher. Il dit mener, au quotidien, une bataille pour mener une vie normale. Pour lui, vivre avec le sida, n’est pas un drame. Bien sûr, il y a les vieilles mentalités qui cherchent à faire vivre aux personnes séropositives une vie de paria. Mais, Khalid s’estime chanceux d’être soutenu par un entourage compréhensif, qui l’aide à voir les choses du bon côté.
Khalid mène une vie heureuse lorsqu’il apprend en 1990 qu’il est séropositif. Il travaille comme cadre dans une célèbre compagnie d’assurance à Paris. Bref, il a tout pour réussir et faire partie de ces jeunes qui ont réussi à avoir une bonne place à l’étranger. Il a fait ses études primaires et secondaires à Casablanca. Mais son père, qui travaillait comme ouvrier en France, a tenu à le faire venir auprès de lui pour terminer ses études secondaires.
Le jeune Khalid réussit à s’adapter à son nouvel univers et se lie rapidement d’amitié avec ses copains de classe. Il n’est guère déstabilisé par les traditions différentes de son pays d’accueil. Khalid se plait baucoup à adopter le mode de vie de ses nouveaux jeunes amis français : sortir en boîte avec une bande d’amis, fréquenter les filles… Il noue d’ailleurs une relation «sérieuse» avec une jeune fille française, qui deviendra sa femme par la suite.
Khalid ne pensait pas que le sida pourrait le frapper un jour : «Je me rappelle qu’à l’époque, c’était à la mode de se faire dépister. Lorsque j’ai reçu la nouvelle que j’étais séropositif, je n’ai pas perdu ma foi de musulman. Je me suis dit que c’était la volonté divine et que Dieu éprouve ceux qu’il aime.»
Khalid avoue pourtant avoir vécu un certain moment sous le choc. Surtout qu’il vivait loin de son pays et de sa famille. Mais il a pu en un petit temps reprendre goût à la vie «Je devais garder toute ma sérénité et mon dynamisme. J’ai tenu à suivre minutieusement mon traitement et m’habituer à ma nouvelle vie de séropositif», nous explique-t-il.
En 1996, il retourne au Maroc car, la compagnie d’assurance où il travaille a fait faillite. «Je n’étais pas rejeté par ma famille et mon entourage, comme c’était le cas pour d’autres personnes contaminées. Je me suis vite intégré dans la vie active, plus précisément dans la vente du poisson en gros au port de Casablanca. Je viens tout juste d’arrêter mon commerce à cause de quelques problèmes».
Khalid vient de créer l’Association du Jour pour les personnes infectées par le sida. Il souhaite batailler pour que les Marocains porteurs le VIH/Sida disposent d’une association où ils pourraient exprimer leurs souffrances et leurs espoirs. «J’entretiens de bonnes relations avec les personnes séropositives. Nous sommes tous solidaires pour affronter cette maladie et nous multiplions les visites entre nous. Nous étions de plus en plus persuadés que la création d’une association des personnes atteintes du sida était d’une grande nécessité».
Khalid est heureux d’avoir réussi à réaliser l’un de ses rêves : la création de cette association. Mais il est conscient de n’être qu’au début du chemin. «Nous avons frappé à toutes les portes pour obtenir un local mais en vain. Nous en avons absolument besoin pour nous rencontrer et mener nos activités. Surtout que la maladie touche tous les âges confondus : les vieux, les jeunes et les enfants en bas âge. Il y a des séropositifs analphabètes auxquels il faut montrer comment suivre leurs traitements. J’aurais aimé avoir le soutien des responsables et des bienfaiteurs.».
Khalid ne cache pas son optimisme de se remarier avec une femme séropositive et avoir un enfant en pleine santé, non atteint par la maladie de sida : «Médicalement, c’est possible, puisque beaucoup des cas séropositifs, aux Etats-Unis et en Europe, ont réussi à fonder un foyer et avoir des enfants non contaminés. Mais il nous faut une véritable aide financière de la part de l’Etat, ainsi que de la part du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et la malaria».

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